Peut-être la marche est-elle la meilleure façon d’appréhender le monde, à vitesse humaine.
Nouveauté :
Carnet d'un marcheur prend un nouvelle direction.
lundi 31 janvier 2011
Redécouvrir son pays grâce à la marche
vendredi 28 janvier 2011
Êtes-vous raquettes ou ski de fond?
Je me suis posé cette question l’année où j’ai arrêté le karaté. Jusqu’à ce jour je faisais beaucoup d’activité physique durant l’été, mais l’hiver je faisais que pratiquer le karaté. J’ai donc décidé de commencer à pratiquer une activité extérieure d’hiver. Les deux activités qui me vinrent en tête furent le ski de fond et la raquette. Pas étonnant étant donné mon profil. Mon choix s’est arrêté sur la raquette et j’en reçus une paire le Noël suivant. Cependant, l’hiver 2009 et 2010 ne nous ont pas gâtés en neige. Je fus donc très déçu de ne pas pouvoir utiliser mes raquettes plus souvent. Durant les vacances des fêtes de cette année, un ami, qui avait choisi le ski de fond auparavant, m’a dit qu’il s’était acheté des raquettes. Il me dit ensuite que maintenant c’est beaucoup moins compliqué, il peut apprécier les avantages de chacune des deux activités.
Il y deux semaines j’ai décidé de suivre son exemple. Je me suis rendu dans un magasin d’articles de sport usagés et j’ai acheté une paire de skis de fond à 30$. Ils sont parfaits pour le néophyte que je suis. Puisqu’il y a peu de neige dehors en ce moment, je suis allé faire du ski de fond deux fois depuis que je m’en suis procuré.
Ce matin en marchant pour aller travailler j’ai eu l’idée d’écrire un billet sur mes expériences de ski de fond. La raquette et le ski de fond ont été créés pour la même raison. Leur fonction principale est de répartir notre poids sur une plus grande surface afin qu’il soit possible de nous déplacer sur la neige sans caler. Par contre, ils ont des origines totalement différentes. Le ski de fond est originaire de Scandinavie et la raquette d’Amérique du Nord. Donc le premier est issu de la civilisation occidentale et l’autre de la culture amérindienne. Une seconde différence est dans la forme de ces deux items. L’un est en ligne droite et l’autre en cercle.
Il y a quelque temps, j’ai eu une discussion avec une amie qui a des origines amérindiennes. Elle m’a expliqué cette journée-là la façon qu’elle percevait le temps. Pour elle, le temps n’a pas de début ni de fin, mais tourne en rond. Pour elle, nous nous trouvons toujours dans le même cycle. Prenons les saisons, l’hiver est toujours le même hiver qui revient et ainsi de suite. Les journées sont toujours constituées du même matin et du même soir qui s’alternent. Au début, je ne comprenais pas tout à fait ce qu’elle me disait. D’ailleurs, je ne comprends toujours pas vraiment et j’espère que mon explication n’est pas trop erronée. Pour essayer de comprendre ce concept, je me suis demandé quelle était ma propre perception du temps. J’ai alors réalisé que je perçois le temps de façon linéaire. Pour moi, chaque année est bien sûr constituée des quatre saisons, mais ce sont quatre nouvelles saisons. Il y a l’hiver 2011 et il y aura l’hiver 2012 ensuite. Il y a chaque jour un matin, mais chaque fois il s’agit d’un nouveau matin. Puisque je suis le type parfait de l’Occidental moyen, cela doit être la façon de voir le temps de notre civilisation. D’ailleurs, le schéma le plus connu pour représenter le temps n’est-il pas la ligne du temps? Pour moi j’avance dans le temps, pour elle, le temps n’a pas de début ni de fin, mais est composé de cycles qui se répètent sans cesse.
Ce matin, en marchant j’ai tenté de percevoir le temps en cercle, mais je suis forcé d’avouer que je n’y suis pas parvenu. Cette perception du temps, qui me vient de ma culture est si ancré en moi que je n’avais jamais imaginé qu’il était possible de le concevoir autrement. J’ai alors réalisé que les fondements de notre perception du monde sont si enfouis en nous que nous sommes souvent inconscients de leur présence. Pourtant, ils nous influencent dans nos actions de tous les jours. De plus, est-ce que cette vision linéaire des choses se transpose pour d’autres concepts? Je crois que oui, si les Amérindiens ont construit leur instrument pour marcher sur la neige en cercle et les Occidentaux en ligne droite la question se pose. Dans notre culture nous voyons souvent les choses de façon linéaire. Dans notre société, il faut dépasser ses limites, croître, aller de l’avant et ne jamais reculer. De plus, notre rythme de vie s’accélère d’année en année de façon exponentielle et notre système économique est fondé sur un concept de croissance infinie. Par contre, la terre n’est-elle pas ronde et ne tourne-t-elle pas autour du soleil?
Je ne crois pas que la perception du monde des Amérindiens soit la meilleure et que la nôtre soit mauvaise. Cependant, je crois qu’il serait important de faire l’exercice de remettre en question certaines de nos façons de voir le monde. Car, selon moi, il est toujours bénéfique d’ouvrir son esprit sur des concepts nouveaux.
Alors, êtes-vous raquette ou ski de fond?
mercredi 26 janvier 2011
Epilogue
Le sentiment de mélancolie prendra trois jours avant de disparaître complètement. Au moment où j’écris ces lignes, nous sommes le 21 août 2009 au matin. Il y a bientôt deux mois que le voyage a eu lieu. Aujourd’hui, je suis toujours très fier de ce que j’ai accompli lors de ces quatre jours. Je suis conscient qu’en comparaison avec les grands explorateurs de ce monde, mon expérience n’est rien. Mais personnellement, ce fut le défi physique le plus exigeant que j’aurais fait jusqu’à maintenant. Bien sûr ce voyage ne m’a pas complètement transformé, mais a confirmé ma vision du monde et a certes amélioré ma patience.
Durant les dernières années, j’ai fait quelques voyages. J’ai passé un an au Pays-Bas, visité la Louisiane, passé un été en Écosse. À chaque fois, je partais en ayant comme objectif de vivre l’aventure et m’améliorer en tant que personne. Bien que chacune de ces expériences furent extrêmement enrichissantes, j’en revenais toujours avec le sentiment d’avoir passer à côté de mon objectif. Avec le voyage à Trois-Rivières, j’aurai enfin trouvé ce que je recherchais depuis des années. Depuis mon retour de Trois-Rivières, je ressens une grande satisfaction. Comme si j’avais accompli quelque chose que je voulais faire depuis très longtemps. J’ai traversé des océans et l’Amérique du Nord à la recherche de l’aventure. Mais depuis tout ce temps, elle se trouvait juste là, de l’autre côté de ma porte.
J’ai enfin trouvé une façon d’explorer le monde qui me plaît et me stimule. Comme mentionné dans le premier chapitre, j’ai choisi de faire un court voyage puisqu’à ce moment, je ne savais comment je réagirais. Depuis mon retour, à chaque fois que je scrute l’horizon, j’ai le goût de reprendre mon sac et de partir à pied. Lorsque je regarde les montagnes, j’essaie d’imaginer ce que c’est que de les traverser à pied. Lorsque j’écoute les prévisions météorologiques à la télévision, je m’imagine dehors à marcher sous des ciels cléments ou hostiles.
Je sais maintenant que ce voyage sera le premier d’une longue série. Je suis maintenant à préparer de nouveaux itinéraires. J’amasse de la documentation, des cartes, des témoignages de gens plus expérimentés. J’ai enfin trouvé une activité qui me fait sentir en vie. La marche est le meilleur moyen de découvrir le monde car elle nous permet d’aller à vitesse humaine. C’est être soumis et vulnérable face à son environnement. C’est voir le monde tel qu’il est, sans filtre, avec tout ce qu’il possède de bon et de mauvais.
L’été tire maintenant à sa fin et l’école recommence la semaine prochaine. Ma blonde reviendra dans neuf jours exactement et je suis impatient de la revoir. J’ai malheureusement dû quitter la librairie pour une question de disponibilité durant l’année scolaire. Je suis de retour à l’intérieur de la carapace qui me fait voir l’univers à travers des barreaux dorés. Mais bientôt, je remarcherai dans la marge au rythme de la caravane.
lundi 24 janvier 2011
Jour 5 : De retour dans la ouate
Malgré le fait que nous ayons pris la décision de dormir ce matin là, je me réveille tout de même vers 5h. Je reste néanmoins étendu sur mon lit à réfléchir. Je suis dans un état que je n’ai jamais éprouvé auparavant. Je crois que le mélange de la satisfaction d’avoir accompli mon but mêlé avec toutes les émotions vécues ces derniers jours me plonge dans un état de sérénité que j’avais jamais égalé jusque présent. Vers 6h, je décide de me lever. Je constate que mon compagnon est aussi réveillé et est incapable de se rendormir. Nous rempaquetons donc toutes nos affaires avant d’aller déjeuner. Déjà, le grand air me manque, puisque le déjeuner commence seulement à 7h30, nous décidons d’aller faire un tour dehors. Lorsque je me mets en marche, je réalise que mes jambes sont très mal en point et que mon pied me fait très mal. Je décide donc d’apporter mon bâton avec moi.
Une fois à l’extérieur, nous nous asseyons sur un banc et discutons un moment. Ensuite nous nous dirigeons vers la salle à manger. Une dame nous accueille à l’entrée et nous explique comment le repas doit se dérouler. Elle nous demande de ne pas parler trop fort puisqu’il y a des religieuses en retraite. Nous lui disons qu’il n’y a aucun problème et qu’un peu de calme nous fera du bien. Juste après nous prenons connaissance de toute la nourriture qui nous ai offerte. Pour ma part, je remplis mon cabaret. Je prends yoghourt, fromage, fruits, creton, œufs, bacon, saucisses, toasts, jus de pamplemousse et une tasse de thé. Tout cela est compris dans le prix de notre chambre. Nous mangeons tranquillement assis à une table dans une atmosphère récupératrice.
Après notre déjeuner, nous entamons la visite du Sanctuaire. Nous commençons par visiter l’intérieur de la basilique. Nous prenons quelques temps pour nous recueillir à l’intérieur de l’imposant bâtiment. Assis sur un banc devant l’hôtel, nous plongeons chacun à l’intérieur de nos pensées. Je pense principalement aux membres de ma famille et à mes amis proches. Enfin je m’accorde une petite pensée pour moi et réalise à quel point je suis minuscule dans ce vaste monde. Mon compagnon me fait signe qu’il désire visiter le reste du site. Nous sortons de la basilique et nous nous dirigeons vers la boutique pour rapporter un souvenir de notre passage ici.
Une fois à l’intérieur, je choisis une carte postale pour envoyer à ma blonde. Ensuite, je me mets à la recherche d’un cadeau pour une amie. N’étant pas baptisé, cette amie devra l’être si elle veut se marier l’été prochain. J’ai dans l’idée qu’un petit cadeau à caractère religieux serait une belle façon pour commencer sa préparation pour le baptême. Je choisis un petit porte-clefs à l’effigie la Sainte-Anne. Ensuite je vais attendre mon compagnon à l’extérieur pendant qu’il choisit un cadeau pour sa sœur qui attends un enfant.
Je m’assis sur une marche d’un escalier de pierre menant à l’intérieur de la basilique. Un homme d’une cinquantaine d’années, vêtu proprement s’approche de moi et remarque mon bâton de marche. Il me demande d’où je viens et si je suis un pèlerin. Je lui raconte mon histoire de façon abrégée. Il est très content de voir que de jeunes hommes comme nous décident de vivre une expérience de la sorte. Cet homme est un prêtre de Lévis et à une formation de psychologue. Il discute avec moi des missions qu’il a fait en Haïti, en Afrique et en Amérique Latine. Ensuite il m’interroge sur ce que je retiens de mon expérience. Je lui réponds que maintenant je comprends mieux à quel point le monde est vaste. Après un moment, le prêtre nous quitte et nous continuons notre visite du site.
Nous passons quelques temps à l’intérieur de l’ancienne Église, visitons le parc et prenons connaissance du chemin de croix grandeur nature. Je m’attarde ensuite à lire les informations historiques sur les panneaux extérieurs concernant la paroisse du Cap-de-la-Madeleine. Une fois satisfait de notre visite, nous retournons à l’hôtel reprendre nos effets personnels.
À la mi-juin, un nouvel employé s’est fait engagé comme libraire. Malheureusement, il n’a travaillé qu’une seule semaine avant de démissionner. Par contre, il était originaire de la Mauricie et connaissait très bien la ville de Trois-Rivières. Lorsqu’il m’a entendu parler de mon projet, il m’a conseillé un endroit sympathique pour récupérer. Il s’agit d’une brasserie artisanale du nom de Gambrinus, situé tout près de l’Université de Trois-Rivières. Donc, une fois nos affaires en main, nous demandons à la réceptionniste de nous appeler un taxi. Notre plan est de passer le reste de la journée à cet endroit avant de quitter Trois-Rivières pour rejoindre Québec en autobus.
Choisir le Sanctuaire Notre-Dame-du-Cap comme destination finale s’avéra une excellente idée. Ce lieu calme, serein et apaisant fut un endroit idéal pour effectuer la transition entre le rythme lent de la marche et le rythme effréné de la vie moderne. Une fois dans le taxi, avec la radio qui joue et l’attitude du chauffeur, je réalise qu’il y a un filtre entre le monde et moi. Bien que nous fussions confortables au Sanctuaire, j’avais toujours l’impression de voir le monde tel qu’il est.
Le taxi nous emmène au Grambrinus et nous choisissons une place sur la terrasse. Il est 11h et la brasserie vient tout juste d’ouvrir ses portes. Le bruit incessant des voitures nous provient d’un boulevard situé tout près de nous. Soudain, je m’ennuie de la campagne, de la marche et de l’accueil chaleureux des gens que nous avons croisés. J’éprouve le même sentiment éprouvé peu après le voyage à l’île d’Orléans. Mais cette fois-ci, il est beaucoup plus prononcé. C’est une sorte de déception et de nostalgie. J’angoisse à l’idée de reprendre le rythme de la vie moderne qui, à mes yeux, est beaucoup trop rapide et superficiel. J’étais si bien à vivre au rythme lent de la marche. Nous avons tous été créés par la nature pour aller à ce rythme. Mais la majorité des mes semblables ne l’accepte pas et je dois moi aussi accélérer le pas.
Nous passons l’après midi sur la terrasse à discuter, à manger et à boire. Ensuite je demande au tenancier de l’établissement de nous appeler un taxi afin que nous nous rendions à la gare d’autobus. Peu de temps plus tard, nous embarquons dans le taxi qui nous emmène à la gare d’autobus. Nous achetons nos billets pour nous rendre à Québec. Bien que se rendre à Trois-Rivières soit le but avoué de ce voyage, nous n’avons presque rien vu de la ville. Personnellement, je n’en retiens rien d’exceptionnel. C’est une fois sur le quai d’embarquement, en attendant l’autobus, que j’ai réellement compris une chose. Ce n’est pas la destination qui compte, mais le voyage. Une fois dans l’autobus, la pluie se met à tomber. La chance nous sourit encore une fois. Nous mettons 1h30 pour retourner dans la vieille capitale. Une fois à Québec, un ami vient me chercher à Sainte-Foy pour me déposer chez moi. Je lui offre les cadeaux que je leur ai achetés pour les remercier du support qu’ils m’ont apporté. Nous discutons quelque temps chez moi. Ensuite, il rentre chez lui. À ce moment, le projet d’aller à Trois-Rivières est terminé.
vendredi 21 janvier 2011
Jour 4 : Nous y sommes
Nous franchissons la porte du restaurant et ici commence la dernière partie du voyage. Ce soir, nous serons à l’abri dans une chambre. Dehors, le soleil a décidé de nous faire une fleur et de se montrer pour la partie la plus ardue de notre voyage. Nous nous éloignons donc du village de Champlain. Par contre, nous sommes incapables d’identifier la fin du village. Cela nous rappelle Saint-Augustin. Nous pénétrons maintenant dans la banlieue de Trois-Rivières. Bien que plusieurs fermes se trouvent sur le chemin, de nombreuses maisons modernes bordent la route. Quelques unes d’entres elles laissent paraître une grande opulence. Évidemment, l’accès au fleuve est interdit.
Après deux heures de marches entrecoupées de courtes pauses, nous apercevons le panneau routier indiquant Trois-Rivières. Nous prenons une photo de la pancarte et nous nous arrêtons quelques minutes. Lorsque je me relève, une vive douleur se fait sentir sous mes pieds. Après quelques pas, elle disparaît. Le Fleuve étant monopolisé par la bourgeoisie locale, il m’est impossible d’avoir une vue sur la ville de Trois-Rivières afin d’évaluer notre progression. Peut-être une heure plus tard, nous passons devant une halte pour les cyclistes. La chance de pouvoir aller sur la berge du Fleuve s’offre à nous. Les voisins de la halte ont même mis de hautes haies afin que les gens qui s’y arrêtent puissent bénéficier le moins possible de la vue sur le fleuve. Mais ils n’ont pas pu tout cacher et je peux enfin regarder vers l’Ouest. J’aperçois alors le pont Lavoilette, les édifices de Trois-Rivières et un peu plus près le toit du Sanctuaire Notre-Dame-du-Cap. Nous voyons enfin notre destination après quatre jours de marche. Par contre, nous sommes dans un piètre état. Nous avons terriblement mal aux pieds et nous sommes épuisés. Mon compagnon a très mal au mollet et moi j’ai les cuisses qui brûlent affreusement. Mais la vue du Sanctuaire nous a donné un grand coup de fouet. Je dis à mon compagnon que dans l’état ou nous sommes, nous ne pouvons nous permettre une halte supplémentaire. Si on s’arrête, je crains que nous ne puissions pas repartir. Il est d’accord, la prochaine halte sera l’hôtel de la Madone.
Nous repartons complètement exténuer mais confiants que nous y arriverons. Nous avançons lentement au rythme de la marche, chaque pas nous fait mal. Autour de nous, la campagne laisse peu à peu sa place à la ville. À un moment nous passons devant un vaste domaine clôturé. Ce domaine est constitué d’une somptueuse maison, d’un stationnement dédié à un motorisé, d’une fontaine, d’un vaste terrain couvert d’un gazon impeccable et gardé par deux gros rottweilers. Les molosses courent aussitôt à notre rencontre et s’arrêtent devant la clôture. Ils nous suivent, feignant de passer sous la clôture. Il est clair qu’il serait facile pour eux de sauter par-dessus ou de passer au dessous. Exténués et à bout de nerfs, nous regardons les deux chiens. Notre langage corporel leur fait vite comprendre que s’ils sortaient de leur terrain, nous nous battrons avec la détermination de sauver notre peau. Leur comportement change soudainement, ils cessent de nous narguer et nous regardent s’éloigner de leur territoire.
Peu de temps après, nous croisons un couple faisant une petite promenade d’après souper. Après nous avoir salués et su où nous nous rendions, ils nous disent que nous sommes à vingt minutes de notre destination. Nous marchons encore quelques minutes qui nous paraissent des heures et enfin nous voyons le site du Sanctuaire Notre-Dame-du-Cap. Quelques temps après, nous pénétrons à l’intérieur de l’hôtel.
Une fois à l’intérieur nous sommes chaleureusement accueillis par la dame à la réception. Nous payons notre chambre et répondons aux interrogations du personnel de l’hôtel présent dans le hall. Lorsque nous nous dirigeons vers l’ascenseur, nous éprouvons soudainement de la difficulté à marcher. Un homme nous dit « Vous avez pris un coup vieux. » Nous sommes amusés par la remarque. Ensuite nous montons au deuxième étage et prenons possession de notre chambre. Il est 20h30. Nous avons mis quatre heures pour parcourir la distance entre le Manoir Antig et le Sanctuaire. Cela confirme qu’il ne faut jamais faire confiance aux automobilistes pour évaluer une distance.
La chambre de l’hôtel est très sobre. À l’intérieur il y a trois lits, une table, un fauteuil et des images du Christ. Il règne un calme plat à l’intérieur de l’hôtel et c’est en plein selon dont nous avions besoin. Nous installons nos affaires sur le lit supplémentaire et nous nous asseyons. Le contraste me frappe de plein fouet, il y a quelques minutes seulement nous marchions péniblement, surmontant la douleur et maintenant nous sommes assis et tout est fini. C’est comme si tout s’est terminé trop vite et j’ai de la difficulté à comprendre ce que je ressens.
J’examine mes pieds et constate que j’ai une ampoule gigantesque sous le pied gauche. Voilà la raison de l’intense douleur que j’éprouve au pied. Ensuite, Je décide de prendre une douche. Pendant ce temps, mon compagnon va fumer une cigarette. Après je téléphone à une amie pour lui dire que nous avons atteint notre destination finale. A partir de ce moment, nous pénétrons chacun à l’intérieur de nous même et commençons un tout autre voyage. Je n’ai aucune idée ce que ressent mon compagnpn, mais pour ma part un sentiment étrange s’empare de moi. Un sentiment qui n’est ni désagréable ni agréable. Encore aujourd’hui, je suis encore incapable de le définir complètement. À ce moment, j’attribue ce sentiment étrange à la fatigue. Je décide d’écrire dans mon journal un court compte rendu de la journée. Ensuite, je pige dans mes provisions de noix et de fruits séchés avant de m’installer bien confortablement dans mon lit.
Épuisé, satisfait et fier d’avoir terminé cette aventure, je plonge très rapidement dans un sommeil profond et sans rêve.