Puisque la quasi-totalité de l’humanité marche, il existe autant de types de marcheur qu’il y a d’être humain. Je présente donc ici mon profil de marcheur. Je suis un homme de 28 ans originaire de Rimouski, résidant dans la région de Québec depuis quelques années. J’ai toujours été un bon marcheur, en fait la marche fait partie de mon quotidien depuis l’âge de mes onze mois, lorsque j’ai fait mes premiers pas. La marche est dans ma famille une activité valorisée. Depuis ma plus tendre enfance et jusqu’à sa retraite il y a quelques années, j’ai vu mon père chaque matin, partir pour le travail à pied, et ce, été comme hiver. Tout petit, j’accompagnais ma grand-mère, qui n’a jamais possédé de voiture de sa vie, à l’épicerie, à la banque ou à l’Église. Lorsque fut le temps d’aller à l’école, l’emplacement de notre maison a fait en sorte que, jusqu’à ce que je quitte le foyer familial, je pus marcher pour me rendre en classe. De plus, j’ai grandi dans la ville de Rimouski, municipalité qui, à l’époque, ne possédait aucun moyen de transport en commun. Étant trop jeune pour posséder une voiture je devais donc utiliser des moyens de transport à propulsion humaine afin de me rendre aux endroits où je voulais aller. Cela voulait donc dire le vélo durant la première moitié de l’année, mais l’hiver québécois étant ce qu’il est, je me retrouvais à pied durant l’autre moitié.
À l’automne 2007, j’ai entrepris des études en tourisme que j’ai terminées au printemps 2010. Durant mes études, je me suis familiarisé avec l’offre touristique du Québec. Celle-ci est très riche et variée, mais malheureusement très souvent dévalorisé par le peuple québécois. C’est à l’été 2008 lorsque je travaillais aux Gorges de la Rivière Sainte-Anne que j’ai eu l’idée d’entreprendre un voyage à pied. Je faisais une recherche sur le Chemin du Roy, une des plus vieilles routes d’Amérique du Nord, qui relie Montréal et Québec en longeant la Rive-Nord du Saint-Laurent. Je m’interroge alors au sujet du moyen de transport des premiers utilisateurs de cette route et j’en viens à la conclusion que se devait être à cheval ou à pied. Soudain, l’idée me vient. Pourquoi pas moi. Si mes ancêtres le faisaient, je devrais bien, avec de la préparation, en être capable. De plus, chaque année de nombreuses personnes empruntent les chemins de Compostelle, donc s’il est possible de marcher sur les chemins espagnols il doit en être ainsi pour les chemins du Québec.
Depuis que j’ai eu cette révélation, je me suis équipé et entrepris quelques voyages à pied. De courtes distances pour commencer afin de tester mes capacités et mon équipement. Jusqu’à maintenant, les deux voyages les plus longs furent de Québec au Sanctuaire Notre-Dame-du-Cap, environ 150 km et de Rimouski à Beaumont environ 300 km. Selon moi il n’y a pas meilleur moyen de découvrir une région qu’en la parcourant à pied. Mais ne vous trompez pas, je ne suis pas un pèlerin. Un pèlerinage se fait lorsque l’on se déplace vers un lieu sacré par dévotion. Pour ma part, je ne fais que partir en vacances comme la majorité des gens, à la différence que j’utilise la marche comme mode de transport. C’est en voyageant à pied que l’on comprend que ce n’est pas la destination, mais le chemin pour s’y rendre qui compte vraiment.
En tant que technicien en tourisme, j’ai l’intention de développer et de promouvoir le voyage à pied au Québec. J’aimerais faire découvrir les joies de parcourir son pays à pied à d’autres. Je sais que plusieurs Québécois traversent l’Atlantique pour marcher sur les chemins de Compostelle, alors que de l’autre côté de leur porte, se trouve un immense terrain tout aussi riche. Peut-être ne savent-ils pas qu’il est possible de voyager à pied au Québec. Alors, je dis oui il est possible de parcourir le Québec à pied, car je le fais.