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Carnet d'un marcheur prend un nouvelle direction.

dimanche 19 décembre 2010

Jour 1 : L'interminable municipalité de Saint-Augustin


La municipalité de Saint-Augustin combat avec acharnement afin de préserver le plus d’indépendance possible face à la ville de Québec. Par contre, je peux vous assurer avec certitude que cette municipalité est sous l’influence de la ville de Québec. Malgré un décor champêtre, l’atmosphère ressentie est bel et bien celle d’une ville.

Ignorant ce qui nous arrivera durant les prochaines heures, c’est avec joie et enthousiasme que nous arrivons à Saint-Augustin. La raison est qu’une fois passé ce village, nous arriverons à Neuville. Je commence toutefois à ressentir certains symptômes de fatigue, mais rien d’anormal, j’attribue cela au blues de mi-parcours. Un indice de notre essoufflement est que les conversations on cessé et que nous sommes tous deux concentré sur la route.

Soudain le chemin devant nous est bloqué et des indications nous informent que nous devons effectuer un détour. Je n’aime pas ça, je n’ai pas la moindre indice à savoir de combien de kilomètres ce détour nous rallongera. Nous suivons néanmoins les indications et réalisons que nous sommes tout près du Collège Notre-Dame-de-Foy et que c’est le campus qui nous barre la route. Le détour en question nous oblige à traverser une zone résidentielle. Nous nous retrouvons au milieu du stéréotype de la banlieue. Les maisons qui nous entourent sont du type moderne, souvent en pierre et affichant un trop plein de luxe. Le terrain est bien sûr fait de gazon impeccable et qui semble taillé au couteau, sans aucune trace de mauvaises herbes. Ce qui me choque, c’est le nombre de voitures dans le stationnement de chacune des résidences. En moyenne trois voitures sont garées en face de chaque maison. Évidemment, ce sont tous des modèles récents.

Après avoir traversé cette excentrique zone, nous tournons dans une direction qui nous ramènera sur notre route. Nous suivons les indications dédiées aux cyclistes et passons devant l’entrée du Campus Notre-Dame-de-Foy. Peu après, deux abrutis dans une voiture roulant en sens contraire nous insultent en nous faisant signe que nous « suçons des graines ». Rien pour améliorer mon impression de l’endroit. Rendu à une intersection, je suis complètement désorienté par le détour qui nous a été imposé, je ne sais même plus la position du fleuve. Heureusement, mon compagnon, ne la pas perdu et m’indique sa position. Nous prenons cinq minutes pour se reposer sur le bord de la route.

Nous continuons droit devant nous, suivant toujours les indications du corridor du littoral. Une fois l’intersection dépassée, nous rentrons dans une zone agricole. Soudain, en haut d’une butte j’aperçois le fleuve dont la vue me redonne courage. Ensuite, nous arrivons à l’intersection du Chemin du Roy et du Chemin de la butte. À ce point, je peux maintenant nous situer sur la carte prise à Cap Rouge. Depuis notre départ, c’est la première fois que le Chemin du Roy porte vraiment son nom. Entre Québec et ce point précis, le tracé qu’empruntait l’ancienne route est maintenant divisé en plusieurs sections ayant différents noms. Le projet initial étant de se rendre à Trois-Rivières par le Chemin du Roy, nous nous engageons sur ce dernier.

Cela fut une erreur de parcours, cette portion de chemin serpente le long du fleuve tout en contournant le centre de la municipalité de Saint-Augustin. Après avoir parcouru quelques kilomètres sur cette route, je constate une importante baisse d’énergie. N’ayant mangé que quelques noix et fruits secs pour dîner, je déduis que ce manque soudain d’énergie est dû à la faim. Nous prenons la décision d’arrêter acheter de la nourriture au premier commerce qui nous le permettra. Nous marchons encore longtemps sans croiser aucun casse-croûte ou dépanneur. Sans le savoir nous avions dépassé le village de Saint-Augustin. Au bout d’un moment, Jim propose de s’arrêter sur le bord de la route. Je lui dis d’attendre une fois passé la courbe. Une fois celle-ci passée, une vaste halte pour cycliste s’offre à nous, située à l’entrée d’un parc. Il y a des toilettes, des tables mais rien à manger. Nous nous installons sous un toit, content d’avoir attendu plus loin pour s’arrêter. Afin de reprendre des forces, nous nous résignons à manger notre mélange de noix et de fruits secs. Je profite de cette pause pour regarder la carte. Nous constatons qu’il nous reste encore 8 km avant d’atteindre l’intersection du Chemin du Roy et de la route 138 qui nous mènera à Neuville.

Nous repartons quelque temps après. Cette portion du Chemin du Roy est très belle mais encore une fois le rayonnement de la ville de Québec se fait sentir. Au milieu de ce décor campagnard se dressent ici et là, de somptueuses maisons appartenant sans doute à de riches personnages de la ville de Québec. Cela fait des heures que nous marchons et sommes toujours sous l’ombre de Québec. Un taxi arrive en sens inverse au nôtre et s’immobilise devant nous. La fenêtre s’abaisse devant un homme d’une trentaine d’année habillé en complet trois pièces. Il me demande d’un ton hautain si c’est bien le chemin du Roy, je lui réponds que oui. Sans dire merci, il détourne son regard et fait signe au conducteur d’avancer. Je suis amusé par ce spectacle. J’ai l’impression d’avoir été interrogé par un seigneur de l’ancien régime demandant son chemin à des vilains.

Les derniers kilomètres avant d’atteindre la 138 semblent durer une éternité, principalement les deux derniers. Une fois arrivé à la jonction tant attendue, une halte cycliste nous accueille. Nous prenons une pause bien méritée. Je prends la peine de photographier les noms des deux chemins ainsi que les lieux. Une fois mes photographies terminées, j’aperçois la pancarte souhaitant la bienvenue à Neuville. Nous sommes enfin sortis de Saint-Augustin. Mais la joie est de courte durée, il est désormais 17h, j’ignore quelle distance nous devrons parcourir pour atteindre le village. De plus, nous devons trouver un endroit pour passer la nuit. Cela faisait partie du plan, de se trouver un endroit pour la nuit une fois sur place. Mais je fais face à cette situation pour la première fois de ma vie, et les insultes reçues à Saint-Augustin me donnent peu confiance en la population locale. Ensuite, le vent se lève et le ciel se couvre, c’est inévitable il va pleuvoir, nous allons sûrement devoir monter le campement sous la pluie. L’état des mollets de mon compagnon n’a fait qu’empirer depuis Cap Rouge. Je me sens soudain très anxieux.

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