Le lendemain matin à 6h40, je remets mon sac sur mes épaules, empoigne mon bâton et ouvre la porte de la maison de mes beaux-parents. Je m’engage sur la route en direction ouest, entamant en sens inverse, le parcours effectué la veille.
Il y a une atmosphère unique aux premières heures du matin. Le monde semble plus calme, l’éclairage est apaisant et il règne dans l’air une odeur de fraîcheur propre au matin. Comme si la nature était toujours au stade de préparation de la journée. Malheureusement, cette période est la plus éphémère de la journée.
C’est la première fois que j’entame une longue marche à une heure aussi matinale. Cela devient évident qu’il est plus agréable de marcher durant les premières heures de la journée. Le vent ne s’est pas encore levé, les gens sont encore à déjeuner et la température est idéale à la marche. Je prends immédiatement note que je devrais partir très tôt le matin lorsqu’il viendra le temps de me rendre à Trois-Rivières.
Une fois sorti du village, je longe la route 132 et commence l’ascension de la colline. Je prends le temps d’admirer les vagues que le vent fait sur les hautes herbes. Une fois en haut, je me retourne afin de porter un bref regard au village sur le bord de la baie. Ensuite, je croise un couple de cycliste chargé comme des mules. On se salue, complicité des voyageurs dont la progression se fait aux battements de leur cœur.
Je reconnais l’intersection où je dois tourner afin de reprendre la piste. Une fois à l’entrée de la piste cyclable, je profite de la halte pour me reposer un peu. La journée s’annonce très belle. Le ciel est d’un bleu azur et il n’y a aucun nuage à l’horizon.
C’est le cœur léger que je reprends ma route. Les cinq premiers kilomètres sur la piste cyclable se déroulent bien. Je croise quelques cyclistes qui me sourient et me saluent. C’est à croire que les gens qui se lèvent tôt sont plus sympathiques que les oiseaux de fin de journée et de nuit. Peut-être parce que l’avenir leur appartient. En marchant en direction Ouest, j’ai maintenant une belle vue sur la ville de Québec.
C’est à deux kilomètres de la traverse qu’une douleur s’installe dans mon épaule gauche. Étant si près du but je refuse de m’arrêter, me disant que je me reposerais sur le traversier. Mais plus j’avance, plus la douleur devient intense. Je m’entête tout de même à continuer. À un kilomètre de ma destination, mon bras gauche est complètement engourdi. Je me concentre alors sur mes mouvements. Les 500 derniers mètres semblent durer une éternité mais je réussi néanmoins à arriver à la traverse.
Une fois sur le bateau, les jeunes prennent d’assaut la passerelle extérieure et je décide de m’asseoir à l’intérieur. J’en profite pour manger et boire un peu. Peu après, je me lève et une vive douleur au pied droit se manifeste. J’ai dû faire le trajet trop vite et une pause de plus n’aurait pas été de trop. J’espère que la douleur disparaîtra une fois mes muscles réchauffés. J’ai aussi mon bâton que je pourrais changer de main si mon épaule s’améliore durant la traversé.
Je n’ai pas le choix de continuer une fois la traversée complétée. Les premiers pas sont douloureux et le décor urbain n’a rien pour améliorer la situation. Je me retrouve à nouveau hors de mon élément. Je ralentis un peu la cadence en espérant que cela améliora mon sort. Rendu sur les sentiers du parc linéaire, la douleur à mon épaule gauche recommence et je dois transférer mon bâton à ma main droite, ce qui n’aide pas mon pied gauche. Bref je suis mal barré.
À la hauteur de la première Avenue, je m’assoie sur un banc afin de reprendre mon souffle avant le dernier droit. Un homme dans un fauteuil motorisé s’immobilise devant moi et me demande si j’aime les chansons d’amour. Je lui réponds que oui, j’aime la musique. Il me donne une cassette de chanson d’amour et me souhaite une bonne journée. Je suis un peu amusé par cet événement et cela me redonne courage.
Je chemine sur le parc linéaire jusqu’au Parc Cartier Brébeuf et de là je me dirige vers le Colisée. Je remonte l’Avenue du Colisée et je suis fébrile à l’idée que j’arrive bientôt à la maison. J’arrive enfin à la hauteur de la 41e Rue et je me dirige vers chez moi.
L’horloge du four micro-ondes affiche 11h40, le trajet m’aura pris 5 heures exactement. Je m’assoie sur le divan et je reste assis là un bon moment à réfléchir au voyage que je viens de terminer.
Je suis content que ce deuxième test se soit mieux déroulé que le premier. Décidément, les ajustements apportés à mon sac en sont sans doute pour beaucoup. J’ai appris bien des choses durant cette expérience. D’abord, que les premières heures de la journée sont les plus précieuses. Ensuite, qu’il me sert à rien d’aller trop vite car je risque de me blesser. Je sais qu’il me reste bien des choses à apprendre en ce qui concerne les voyages à pied. Mais c’est une fois sur la route que j’apprendrais. Encore quelques semaines d’entraînement physique et je serais fin prêt pour marcher jusqu’à Trois-Rivières.
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