Nouveauté :

NOUVEAUTÉ:

Carnet d'un marcheur prend un nouvelle direction.

mercredi 29 décembre 2010

Jour 2 : Aux portes de Portneuf


Le cadran sonne, il est 5h. Dehors il pleut toujours. Immédiatement après mon réveil, je réalise que la nuit de sommeil fut très récupératrice. Je n’ai aucune douleur aux jambes et la fatigue éprouvée la veille s’est envolée. Désormais, je ne remets plus en doute ma capacité à réaliser le voyage jusqu’au bout.

Peu de temps après notre réveil, nous commençons à démonter le campement. Mon compagnon repère une ancienne cantine maintenant abandonnée où il serait possible de rempaqueter nos sacs au sec. Dans un premier temps, nous transportons notre équipement sous le toit de la cantine. Ensuite, sans la démonter, nous déplaçons la tente au sec. Nous rempaquetons le tout avant de manger. Mon déjeuner se constitue d’une canne de thon et d’une boîte de lait de soja.

Juste avant de partir, il fallut s’équiper pour se protéger de la pluie qui tombe abondamment. J’ai mis mes vêtements imperméables et recouvert mon sac à dos grâce à mon poncho. Afin que celui-ci ne s’envole pas, j’ai l’ai attaché avec de la corde et des épingles à couches. Après avoir terminé notre repas et enfilé notre dispositif anti-pluie, nous nous engageons sur la route. Nous sommes maintenant aux portes de la région de Portneuf.

Bien à l’abri sous mes imperméables, j’admire avec stupéfaction le décor qui s’offre à moi. Nous sommes maintenant à la campagne. Le temps gris et la pluie qui tombe donnent au décor matinal un cachet qui est difficile à décrire. Il n’y a que très peu de vent et tout semble calme. La route est bordée de champs, de fermes et de forêts. Parfois, le fleuve se découvre au loin, ce qui me réchauffe le cœur. Sur notre route, nous croisons des troupeaux de vaches qui nous saluent au passage de beuglements sonores. Des chiens jappent à notre passage réveillant sûrement leurs maîtres. Le rythme humain de la marche me fait découvrir en détail chaque parcelle du territoire. Je suis heureux et épanoui.

J’essaie quelques fois d’entamer la conversation avec mon compagnon afin de partager mon bonheur. Ses mollets le faisant toujours souffrir, il n’est pas d’humeur à la conversation. Il n’est pas du tout dans le même état d’âme que le mien. J’ai soudain l’idée de lui prêter mon bâton. Il accepte et réalise qu’il est plus aisé de marcher avec. Je me dis à moi-même que les voyageurs ne devaient pas utiliser un bâton seulement pour le style.

Après lui avoir prêté le bâton, mon humeur devient un peu plus ombrageuse. Je refuse de passer trois jours de marche à se partager un seul bâton. Je me souviens alors qu’il y a un Canadian Tire à Donnacona. Nous pourrions sans doute en acheter un là-bas.

Après deux heures de marche, la pluie rendant peu invitante toute halte, nous sommes en vue de Donnacona. J’encourage mon compagnon en lui disant qu’il sera possible de manger au MacDonald. Juste avant d’entrer dans la ville, une pancarte nous indique que le Chemin du Roy bifurque vers la gauche, tandis que la 138 continue tout droit. Nous rappelant l’expérience de Saint-Augustin, nous prenons la décision de rester sur la 138. De plus, je sais que le MacDonald se trouve sur cette route. Une fois arrivé à sous l’arche dorée, nous rentrons à l’intérieur du restaurant.

Lorsqu’on pratique une activité physique sous la pluie, particulièrement au Québec où celle-ci y est froide, il est important de porter des vêtements imperméables. Bien que ceux-ci empêchent la pluie de nous geler les os, ils empêchent du même coup à la sueur de s’échapper. C’est donc tremper de la tête au pied que nous prenons place à l’intérieur du MacDonald de Donnacona. Il est 8h.

Après avoir installé toutes nos affaires à une table, nous allons commander un déjeuner au comptoir. La nourriture et le café semblent nous redonner vie. Par contre, mon compagnon émet l’hypothèse d’abandonner le projet. Je lui dis que je devrais appeler des amis pour savoir quand ceux-ci seraient disponibles pour venir nous chercher. Mais au fond de moi, j’ai pris la décision de continuer seul dans l’éventualité où il abandonnerait le voyage.

Ayant marché une dizaine de kilomètre depuis le matin, nous prenons la décision de prolonger notre halte. Surtout que dehors, la pluie a redoublé d’intensité. Je tente sans trop de succès de sécher mes souliers avec le séchoir à main des toilettes. Cela a pour seule résultat des réchauffer. Ensuite, j’appelle un couple d’amis français pour leur faire part de notre situation. Mon ami répond et je lui dis que nous allons bien mais que mon compagnon ressent d’intenses douleurs au Mollets. Je lui demande ensuite à quels moments ils sont disponibles pour venir nous chercher. Une fois les disponibilités données, je lui dis que de mon côté tout va bien. Il me souhaite bon courage et nous mettons fin à la conversation. Entendre une voix familière et des encouragements me firent un très grand bien. Ce qui effaça même ma crainte d’abandon.

Peu après avoir décroché, je prends la décision d’aller jusqu’au bout, à pied. De retour à la table, je lui dis que je préparais ce voyage depuis un an et qu’il était très important pour moi. Je lui dis enfin qu’au cas où il abandonnerait le voyage, je ne retournerais pas à Québec avec lui. Mon compagnon comprend et me dit qu’il n’y a aucun problème et qu’il pourrait aussi appeler sa mère si jamais il déciderait de revenir.

Lorsque nous quittons le MacDonald un peu passé 10h, la pluie a cessé. Nous nous dirigeons immédiatement vers le Canadian Tire situé juste à côté. Une fois à l’intérieur, la dame à la caisse nous demande de laisser nos sacs à l’entrée du magasin. Nous les déposons donc derrière la caisse et demandons du même coup où se trouvent les bâtons de marche. On nous indique le numéro d’allée, nous tournons en rond sans trouver les bâtons. Finalement, un commis nous aide dans notre recherche et nous les trouvons. Mon compagnon s’en choisi un. Nous reprenons nos sacs à l’entrée et nous partons en direction de Cap Santé.

Dehors, la pluie a cessé, mais un fort vent souffle de l’est. Nous sortons de Donnacona en peu de temps et pénétrons presque immédiatement à l’intérieur du village de Cap Santé. Les deux villages sont presque collés l’un sur l’autre. À Cap Santé, nous passons devant une pharmacie. Mon compagnon a soudain l’idée d’acheter des suppléments de repas. Ces breuvages pourront nous aider dans l’éventualité où nous devrions parcourir une grande distance sans pouvoir acheter de la nourriture. Une fois à l’intérieur de la pharmacie, nous trouvons les suppléments de repas Ensur. Me fiant à ma bonne étoile j’en prends un seul, mon compagnon, plus prévoyant, en prend deux. Nous buvons nos breuvages dans le hall d’entrée de la pharmacie avant de continuer notre route.

jeudi 23 décembre 2010

Jour 1 : Un endroit pour la nuit tombé du ciel

Conscient que la pluie ne tardera pas à tomber nous reprenons notre route en direction de Neuville. Mon idée est de trouver un endroit sur le bord du fleuve pour bivouaquer. Par contre, nous nous trouvons sur le haut d’une falaise et il n’y a aucun terrain vacant le long de la route par lequel nous pourrions nous faufiler vers la berge. Des maisons privées encore et encore. Nous marchons quelques kilomètres lorsqu’une voiture s’arrête. Deux dames nous demandent des indications pour se rendre à un endroit dont nous ignorons l’existence. Nous lui répondons que nous ne sommes pas du coin. Nous en profitons pour leur demander s’il y a un casse-croûte sur la route. Elles nous répondent qu’il y en a un tout près à côté d’un garage. Peu de temps plus tard, nous apercevons l’enseigne d’une cantine.

Plusieurs clients attendent patiemment leurs commandes à l’intérieur du Casse-croûte. Avant de passer la nôtre, nous déposons nos sacs près d’une table, sans toutefois encombrer la salle à manger. Ensuite, nous commandons chacun un hamburger. En attendant notre commande, je décide d’entamer mon investigation afin de nous trouver un endroit pour passer la nuit. Je repère un homme dans la vingtaine, l’air un peu bohême et lui demande où il serait possible de camper pour la nuit. Pas de chance, il ne vient pas de Neuville, mais m’encourage toutefois dans mes recherches. Nous tournons notre attention vers le personnel du Casse-croûte qui eux seront certainement originaires de Neuville. Le cuisinier étant le plus sympathique d’entre eux, mon compagnon décide d’aller l’interroger lorsque celui-ci va fumer une cigarette. Lorsqu’il revient, il me dit que le cuisinier est prêt à nous laisser camper sur son terrain. Il demeure trois kilomètres vers l’est, cela veut dire que nous devrons revenir sur nos pas. Par contre, il est prêt à nous transporter dans sa voiture lorsque nous aurons terminé notre repas. Mais si nous voulons repartir avec lui le lendemain afin de continuer notre route au point où nous étions, il nous faudra être prêt à 5h. L’idée de me lever à 4h pour démonter le campement ne me plaît guère, mais je suis soulagé que nous ayons un endroit où passer la nuit. Nos hamburger sont prêt peu de temps après et nous nous installons pour les dévorer. Dehors, une forte pluie commence à tomber, heureusement nous sommes à l’abri.

L’été passé, lorsque je travaillais à Saint-Alban, mon employeur nous envoya, Sophie et moi, au CLD de Portneuf rencontrer quelques intervenants touristiques de la région. L’objectif était de nous familiariser à l’offre touristique de Portneuf. Parmi ceux-ci, il y avait une dame ayant récemment acheté une maison à Neuville datant du 17e siècle, qu’elle et son conjoint avait converti en gîte. Je revis cette dame à l’automne 2008, lors d’un salon à Donaconna où je représentais le secteur des gorges de la Rivière Sainte-Anne. Je suis donc là, mangeant mon hamburger dans un Casse-croûte de Neuville, durant un voyage à pied lorsque la porte de la salle à manger s’ouvre. La propriétaire du nouveau gîte rentre avec son petit garçon pour commander une poutine.

Je dis discrètement à mon compagnon que c’est la dame de ma connaissance qui tient un gîte dans la région de Portneuf. Avant ce moment, j’avais oublié que son gîte se trouvait à Neuville, mais à partir de là, la mémoire me revient. Il me dit que je ne perds rien à demander. De plus, si elle habite plus près que le cuisinier ou vers l’Ouest cela nous évitera de revenir sur nos pas. Une fois qu’elle a reçu sa commande, je la salue et lui demande si elle est propriétaire d’un gîte. Elle me dit que oui et qu’elle me reconnaît, mais qu’elle n’arrive pas à se souvenir à quel endroit nous nous sommes rencontrés. Je lui remémore donc la mémoire et lui explique la raison de notre présence dans les parages. Une fois le lien bien établi, je lui demande s’il est possible de camper sur son terrain pour la nuit. Je la rassure en lui disant que nous partirons très tôt demain matin et nous n’avons besoin de rien d’autre qu’un carré de pelouse. Elle accepte sur le champ, nous offrant même un café durant la soirée. Elle nous dit aussi qu’elle habite à environ trois kilomètres vers l’ouest et qu’elle est prête à nous transporter dans sa voiture. Bien que nous ayons pourtant fait le vœu de n’accepter aucun transport par automobile, l’état dans lequel nous nous trouvons nous fait accepter l’offre sur le champ.

Une fois le repas terminé, nous informons le cuisinier qu’il est plus avantageux pour nous de dormir chez la dame. Ensuite, nous embarquons à bord de sa voiture. Une fois à bord, j’ai l’impression d’être de retour à l’intérieur du confort ouaté que j’ai quitté le matin même. Malgré que cette sensation soit réconfortante, je sais qu’elle ne fait pas partie de l’objectif du voyage. C’est sans regret que je débarque de la voiture quelques minutes plus tard. Elle nous indique l’endroit où dresser notre campement et nous invite à rentrer à l’intérieur une fois notre bivouac installé. Le gîte de cette dame se nomme l’Auberge aux quatre délices. Il s’agit d’un gîte de 5 chambres avec une salle de réception. Il est possible de tenir différents événements comme un mariage. Le soir de notre passage, un couple désirant célébrer leurs noces à l’auberge, devait aller tester le menu suggéré par le chef de l’auberge, qui se trouve à être le conjoint de la dame et le père du petit. Le groupe en question, étant arrivé plus tôt que prévu, la dame n’a pas eu le temps de préparer à souper à son garçon. C’est pour cette raison qu’elle est allée au Casse-croûte afin de le nourrir. La menant par le fait même sur notre route.

Nous montons donc notre campement pour la première fois. La pluie, bien qu’étant plus faible maintenant, fait en sorte que nous montons la tente en un temps record. Une fois tous nos accessoires pour la nuit bien installés à l’intérieur, nous couvrons nos sacs avec la bâche. Avant d’aller dormir, nous allons remercier les tenanciers de l’auberge qui ont la gentillesse de nous laisser camper sur leur domaine. Nous refusons poliment le café qu’ils nous offrent. Par contre, nous demandons des cartes d’affaires ainsi que des dépliants afin que nous puissions leur faire un peu de publicité.

Nous retournons ensuite à l’intérieur de la tente vers 20h. A tour de rôle, nous appliquons un baume contre les douleurs musculaires sur nos jambes. Je m’allonge sur le dos et profite du moment pour réfléchir. La journée fut beaucoup plus difficile que je l’avais imaginée. Mais je me rends compte qu’elle s’est tout de même bien terminée. J’essaie de me concentrer sur le moment présent et me dis que tout ira mieux demain.

Je m’endors peu à peu, en même temps que la lumière du jour en écoutant le son de la pluie sur le revêtement de la tente

dimanche 19 décembre 2010

Jour 1 : L'interminable municipalité de Saint-Augustin


La municipalité de Saint-Augustin combat avec acharnement afin de préserver le plus d’indépendance possible face à la ville de Québec. Par contre, je peux vous assurer avec certitude que cette municipalité est sous l’influence de la ville de Québec. Malgré un décor champêtre, l’atmosphère ressentie est bel et bien celle d’une ville.

Ignorant ce qui nous arrivera durant les prochaines heures, c’est avec joie et enthousiasme que nous arrivons à Saint-Augustin. La raison est qu’une fois passé ce village, nous arriverons à Neuville. Je commence toutefois à ressentir certains symptômes de fatigue, mais rien d’anormal, j’attribue cela au blues de mi-parcours. Un indice de notre essoufflement est que les conversations on cessé et que nous sommes tous deux concentré sur la route.

Soudain le chemin devant nous est bloqué et des indications nous informent que nous devons effectuer un détour. Je n’aime pas ça, je n’ai pas la moindre indice à savoir de combien de kilomètres ce détour nous rallongera. Nous suivons néanmoins les indications et réalisons que nous sommes tout près du Collège Notre-Dame-de-Foy et que c’est le campus qui nous barre la route. Le détour en question nous oblige à traverser une zone résidentielle. Nous nous retrouvons au milieu du stéréotype de la banlieue. Les maisons qui nous entourent sont du type moderne, souvent en pierre et affichant un trop plein de luxe. Le terrain est bien sûr fait de gazon impeccable et qui semble taillé au couteau, sans aucune trace de mauvaises herbes. Ce qui me choque, c’est le nombre de voitures dans le stationnement de chacune des résidences. En moyenne trois voitures sont garées en face de chaque maison. Évidemment, ce sont tous des modèles récents.

Après avoir traversé cette excentrique zone, nous tournons dans une direction qui nous ramènera sur notre route. Nous suivons les indications dédiées aux cyclistes et passons devant l’entrée du Campus Notre-Dame-de-Foy. Peu après, deux abrutis dans une voiture roulant en sens contraire nous insultent en nous faisant signe que nous « suçons des graines ». Rien pour améliorer mon impression de l’endroit. Rendu à une intersection, je suis complètement désorienté par le détour qui nous a été imposé, je ne sais même plus la position du fleuve. Heureusement, mon compagnon, ne la pas perdu et m’indique sa position. Nous prenons cinq minutes pour se reposer sur le bord de la route.

Nous continuons droit devant nous, suivant toujours les indications du corridor du littoral. Une fois l’intersection dépassée, nous rentrons dans une zone agricole. Soudain, en haut d’une butte j’aperçois le fleuve dont la vue me redonne courage. Ensuite, nous arrivons à l’intersection du Chemin du Roy et du Chemin de la butte. À ce point, je peux maintenant nous situer sur la carte prise à Cap Rouge. Depuis notre départ, c’est la première fois que le Chemin du Roy porte vraiment son nom. Entre Québec et ce point précis, le tracé qu’empruntait l’ancienne route est maintenant divisé en plusieurs sections ayant différents noms. Le projet initial étant de se rendre à Trois-Rivières par le Chemin du Roy, nous nous engageons sur ce dernier.

Cela fut une erreur de parcours, cette portion de chemin serpente le long du fleuve tout en contournant le centre de la municipalité de Saint-Augustin. Après avoir parcouru quelques kilomètres sur cette route, je constate une importante baisse d’énergie. N’ayant mangé que quelques noix et fruits secs pour dîner, je déduis que ce manque soudain d’énergie est dû à la faim. Nous prenons la décision d’arrêter acheter de la nourriture au premier commerce qui nous le permettra. Nous marchons encore longtemps sans croiser aucun casse-croûte ou dépanneur. Sans le savoir nous avions dépassé le village de Saint-Augustin. Au bout d’un moment, Jim propose de s’arrêter sur le bord de la route. Je lui dis d’attendre une fois passé la courbe. Une fois celle-ci passée, une vaste halte pour cycliste s’offre à nous, située à l’entrée d’un parc. Il y a des toilettes, des tables mais rien à manger. Nous nous installons sous un toit, content d’avoir attendu plus loin pour s’arrêter. Afin de reprendre des forces, nous nous résignons à manger notre mélange de noix et de fruits secs. Je profite de cette pause pour regarder la carte. Nous constatons qu’il nous reste encore 8 km avant d’atteindre l’intersection du Chemin du Roy et de la route 138 qui nous mènera à Neuville.

Nous repartons quelque temps après. Cette portion du Chemin du Roy est très belle mais encore une fois le rayonnement de la ville de Québec se fait sentir. Au milieu de ce décor campagnard se dressent ici et là, de somptueuses maisons appartenant sans doute à de riches personnages de la ville de Québec. Cela fait des heures que nous marchons et sommes toujours sous l’ombre de Québec. Un taxi arrive en sens inverse au nôtre et s’immobilise devant nous. La fenêtre s’abaisse devant un homme d’une trentaine d’année habillé en complet trois pièces. Il me demande d’un ton hautain si c’est bien le chemin du Roy, je lui réponds que oui. Sans dire merci, il détourne son regard et fait signe au conducteur d’avancer. Je suis amusé par ce spectacle. J’ai l’impression d’avoir été interrogé par un seigneur de l’ancien régime demandant son chemin à des vilains.

Les derniers kilomètres avant d’atteindre la 138 semblent durer une éternité, principalement les deux derniers. Une fois arrivé à la jonction tant attendue, une halte cycliste nous accueille. Nous prenons une pause bien méritée. Je prends la peine de photographier les noms des deux chemins ainsi que les lieux. Une fois mes photographies terminées, j’aperçois la pancarte souhaitant la bienvenue à Neuville. Nous sommes enfin sortis de Saint-Augustin. Mais la joie est de courte durée, il est désormais 17h, j’ignore quelle distance nous devrons parcourir pour atteindre le village. De plus, nous devons trouver un endroit pour passer la nuit. Cela faisait partie du plan, de se trouver un endroit pour la nuit une fois sur place. Mais je fais face à cette situation pour la première fois de ma vie, et les insultes reçues à Saint-Augustin me donnent peu confiance en la population locale. Ensuite, le vent se lève et le ciel se couvre, c’est inévitable il va pleuvoir, nous allons sûrement devoir monter le campement sous la pluie. L’état des mollets de mon compagnon n’a fait qu’empirer depuis Cap Rouge. Je me sens soudain très anxieux.

samedi 11 décembre 2010

Jour 1 : Sortir de Québec

5h45, le réveille-matin fait résonner la radio dans ma chambre. J’ouvre les yeux, c’est aujourd’hui que nous partons. Après un an de préparation, le jour tant attendu est enfin arrivé. Malgré un sommeil plutôt mouvementé, l’excitation que je ressens supprime toute fatigue en moi. Je sors de mon lit et enfile immédiatement mes vêtements de marche. Je sors de ma chambre et réveille mon compagnon.

Nous ne déjeunons pas chez moi car nous avons pris la décision de déjeuner au Tuti Fruti sur le boulevard Renée-Lévesque. Nous finalisons les derniers ajustements sur nos sacs et sortons de chez moi à 6h15. Dehors, le ciel est rempli d’épais nuages gris, la température est fraîche et il souffle un fort vent d’Est. Une fois au coin de la rue, je réalise que nous avons oublié l’eau, nous retournons donc la chercher. Cela nous fait bien rire et nous sommes contents de s’en être aperçus à temps.

Peu de temps après, nous atteignons l’arrêt d’autobus et nous devons attendre quelques minutes. Un autobus arrive enfin et bien sûr il est bondé de gens. Je me rappelle rapidement pourquoi je hais prendre l’autobus. Une fois assis, l’angoisse née la veille refait surface dans mon esprit. J’attribue cela à l’inconfort causé par le transport en commun, et j’essaie tant bien que mal de me rassurer.

Une fois sorti de l’autobus, face au Grand Théâtre, je remarque que mon trouble disparaît presque instantanément. Nous marchons jusqu’au Tuti Fruti et nous nous buttons à une porte close. Le dimanche le restaurant ouvre ses portes à 7h. Nous regardons l’heure, nous avons dix minutes à attendre. Le froid se faisant sentir, j’enfile ma veste imperméable. Les portes du restaurant ouvrent peu après et nous nous asseyons à une table de notre choix.

La serveuse commence par servir les habitués. Ils sont déjà à l’intérieur sans savoir comment ils ont fait pour rentrer avant nous. Nous mangeons bien et sommes fébriles à l’idée de continuer notre route. Une fois notre repas terminé, nous nous prenons en photo à l’extérieur du restaurant et partons peu avant 8h.

Afin de ne pas se faire prendre par la pluie, nous enfilons nos imperméables immédiatement et commençons à marcher. Comme vêtements imperméables, je me suis muni d’une veste, d’un pantalon ainsi qu’un poncho que j’enfile par-dessus moi et mon sac. La marche a tôt fait de faire taire le stress éprouvé peu de temps avant. Je me sens confiant et léger. Par contre, nous réalisons qu’avoir enfilé nos imperméables n’était pas une bonne idée. La marche ayant activé notre organisme et la température extérieure ayant augmenté, nous suons à grosses gouttes sous notre attirail. La pluie se faisant toujours discrète, nous prenons le temps de ranger nos vestes à l’intérieur de nos sacs avant de continuer plus loin. Nous nous portons très bien et discutons de toutes sortes de sujets.

Peu avant la rue Hollande, nous descendons sur le Chemin Sainte-Foy, où nous continuons notre progression vers l’Ouest. Nous prenons une première pause d’une dizaine de minutes à la Pyramide. Peu de temps après, nous passons devant l’immeuble où je demeurais durant ma première année à Québec. Je raconte alors quelques anecdotes amusantes qui se sont déroulées cette année là.

Une fois le Château Bonne Entente dépassé, nous ne sommes jamais allés aussi loin à l’intérieur de Sainte-Foy. Nous rentrons alors dans un quartier de banlieusards où il nous faut être vigilant afin de ne pas perdre de vue notre route. En effet, le Chemin Sainte-Foy change soudainement de nom pour avenue McCartney, pour ensuite reprendre son nom un peu plus loin. Afin d’être sûr que nous sommes sur la bonne voie, nous demandons à une dame la direction de Cap Rouge. Elle nous dit que nous sommes dans la bonne direction. Ensuite, elle nous met en garde contre le fait que Cap Rouge est trop loin pour y aller à pied. Nous rions et lui disons que notre objectif final est Trois-Rivières.

Quelques minutes après avoir su qu’il était quasi impensable de se rendre à Cap Rouge à pied, nous arrivons en haut de la côte menant à la Marina de Cap Rouge. Nous descendons cette abrupte côte et décidons de s’arrêter à la Marina pour dîner. Au menu des noix et des fruits sécher. En me dirigeant vers les toilettes, je remarque que la Marina est aussi le bureau d’information touristique de Cap Rouge. J’en profite alors pour prendre une carte du réseau cyclable qui correspond au Chemin du Roy. Nous profitons de ce moment pour admirer le fleuve et pour prendre quelques photos.

Nous repartons peu après midi et suivons la rue Saint-Félix longeant le fleuve. Compte tenu du fait de la facilité avec laquelle nous avons atteint Cap Rouge, nous sommes confiants que nous atteindrons Neuville en 3 heures. Nous remarquons quelques restaurants et cafés sympathiques non loin de la Marina. Ensuite, surgit devant nous une côte abrupte. Nous entamons la montée de cette côte. Mon compagnon accélère le pas afin de se rendre en haut le plus rapidement possible. Je prends moi aussi son rythme, mais le trouve un peu rapide compte tenu du chemin qu’il nous reste à parcourir. Toutefois, je ne dis rien ne voulant pas ralentir sa course. C’est peu de temps après avoir gravi cette côte qu’il commence à éprouver des douleurs aux mollets. Douleurs qui ne le quitteront pas du voyage.

Afin de se reposer les jambes après cette ascension, nous nous arrêtons quelques minutes à une halte cycliste sur le bord de la route. Une fois les mollets de mon compagnon quelque peu reposé, nous reprenons notre route. Peu de temps après, nous apercevons la pancarte nous souhaitant la bienvenue à Sainte-Augustin. À ce moment, nous ignorons que là commence la partie la plus pénible de notre voyage.