Le cadran sonne, il est 5h. Dehors il pleut toujours. Immédiatement après mon réveil, je réalise que la nuit de sommeil fut très récupératrice. Je n’ai aucune douleur aux jambes et la fatigue éprouvée la veille s’est envolée. Désormais, je ne remets plus en doute ma capacité à réaliser le voyage jusqu’au bout.
Peu de temps après notre réveil, nous commençons à démonter le campement. Mon compagnon repère une ancienne cantine maintenant abandonnée où il serait possible de rempaqueter nos sacs au sec. Dans un premier temps, nous transportons notre équipement sous le toit de la cantine. Ensuite, sans la démonter, nous déplaçons la tente au sec. Nous rempaquetons le tout avant de manger. Mon déjeuner se constitue d’une canne de thon et d’une boîte de lait de soja.
Juste avant de partir, il fallut s’équiper pour se protéger de la pluie qui tombe abondamment. J’ai mis mes vêtements imperméables et recouvert mon sac à dos grâce à mon poncho. Afin que celui-ci ne s’envole pas, j’ai l’ai attaché avec de la corde et des épingles à couches. Après avoir terminé notre repas et enfilé notre dispositif anti-pluie, nous nous engageons sur la route. Nous sommes maintenant aux portes de la région de Portneuf.
Bien à l’abri sous mes imperméables, j’admire avec stupéfaction le décor qui s’offre à moi. Nous sommes maintenant à la campagne. Le temps gris et la pluie qui tombe donnent au décor matinal un cachet qui est difficile à décrire. Il n’y a que très peu de vent et tout semble calme. La route est bordée de champs, de fermes et de forêts. Parfois, le fleuve se découvre au loin, ce qui me réchauffe le cœur. Sur notre route, nous croisons des troupeaux de vaches qui nous saluent au passage de beuglements sonores. Des chiens jappent à notre passage réveillant sûrement leurs maîtres. Le rythme humain de la marche me fait découvrir en détail chaque parcelle du territoire. Je suis heureux et épanoui.
J’essaie quelques fois d’entamer la conversation avec mon compagnon afin de partager mon bonheur. Ses mollets le faisant toujours souffrir, il n’est pas d’humeur à la conversation. Il n’est pas du tout dans le même état d’âme que le mien. J’ai soudain l’idée de lui prêter mon bâton. Il accepte et réalise qu’il est plus aisé de marcher avec. Je me dis à moi-même que les voyageurs ne devaient pas utiliser un bâton seulement pour le style.
Après lui avoir prêté le bâton, mon humeur devient un peu plus ombrageuse. Je refuse de passer trois jours de marche à se partager un seul bâton. Je me souviens alors qu’il y a un Canadian Tire à Donnacona. Nous pourrions sans doute en acheter un là-bas.
Après deux heures de marche, la pluie rendant peu invitante toute halte, nous sommes en vue de Donnacona. J’encourage mon compagnon en lui disant qu’il sera possible de manger au MacDonald. Juste avant d’entrer dans la ville, une pancarte nous indique que le Chemin du Roy bifurque vers la gauche, tandis que la 138 continue tout droit. Nous rappelant l’expérience de Saint-Augustin, nous prenons la décision de rester sur la 138. De plus, je sais que le MacDonald se trouve sur cette route. Une fois arrivé à sous l’arche dorée, nous rentrons à l’intérieur du restaurant.
Lorsqu’on pratique une activité physique sous la pluie, particulièrement au Québec où celle-ci y est froide, il est important de porter des vêtements imperméables. Bien que ceux-ci empêchent la pluie de nous geler les os, ils empêchent du même coup à la sueur de s’échapper. C’est donc tremper de la tête au pied que nous prenons place à l’intérieur du MacDonald de Donnacona. Il est 8h.
Après avoir installé toutes nos affaires à une table, nous allons commander un déjeuner au comptoir. La nourriture et le café semblent nous redonner vie. Par contre, mon compagnon émet l’hypothèse d’abandonner le projet. Je lui dis que je devrais appeler des amis pour savoir quand ceux-ci seraient disponibles pour venir nous chercher. Mais au fond de moi, j’ai pris la décision de continuer seul dans l’éventualité où il abandonnerait le voyage.
Ayant marché une dizaine de kilomètre depuis le matin, nous prenons la décision de prolonger notre halte. Surtout que dehors, la pluie a redoublé d’intensité. Je tente sans trop de succès de sécher mes souliers avec le séchoir à main des toilettes. Cela a pour seule résultat des réchauffer. Ensuite, j’appelle un couple d’amis français pour leur faire part de notre situation. Mon ami répond et je lui dis que nous allons bien mais que mon compagnon ressent d’intenses douleurs au Mollets. Je lui demande ensuite à quels moments ils sont disponibles pour venir nous chercher. Une fois les disponibilités données, je lui dis que de mon côté tout va bien. Il me souhaite bon courage et nous mettons fin à la conversation. Entendre une voix familière et des encouragements me firent un très grand bien. Ce qui effaça même ma crainte d’abandon.
Peu après avoir décroché, je prends la décision d’aller jusqu’au bout, à pied. De retour à la table, je lui dis que je préparais ce voyage depuis un an et qu’il était très important pour moi. Je lui dis enfin qu’au cas où il abandonnerait le voyage, je ne retournerais pas à Québec avec lui. Mon compagnon comprend et me dit qu’il n’y a aucun problème et qu’il pourrait aussi appeler sa mère si jamais il déciderait de revenir.
Lorsque nous quittons le MacDonald un peu passé 10h, la pluie a cessé. Nous nous dirigeons immédiatement vers le Canadian Tire situé juste à côté. Une fois à l’intérieur, la dame à la caisse nous demande de laisser nos sacs à l’entrée du magasin. Nous les déposons donc derrière la caisse et demandons du même coup où se trouvent les bâtons de marche. On nous indique le numéro d’allée, nous tournons en rond sans trouver les bâtons. Finalement, un commis nous aide dans notre recherche et nous les trouvons. Mon compagnon s’en choisi un. Nous reprenons nos sacs à l’entrée et nous partons en direction de Cap Santé.
Dehors, la pluie a cessé, mais un fort vent souffle de l’est. Nous sortons de Donnacona en peu de temps et pénétrons presque immédiatement à l’intérieur du village de Cap Santé. Les deux villages sont presque collés l’un sur l’autre. À Cap Santé, nous passons devant une pharmacie. Mon compagnon a soudain l’idée d’acheter des suppléments de repas. Ces breuvages pourront nous aider dans l’éventualité où nous devrions parcourir une grande distance sans pouvoir acheter de la nourriture. Une fois à l’intérieur de la pharmacie, nous trouvons les suppléments de repas Ensur. Me fiant à ma bonne étoile j’en prends un seul, mon compagnon, plus prévoyant, en prend deux. Nous buvons nos breuvages dans le hall d’entrée de la pharmacie avant de continuer notre route.