Je me lève un peu tard ce mercredi 13 mai 2009. La fête étant vers 18h je ne veux pas partir trop tôt. En fait je crois que 6 heures seront suffisantes pour franchir les 20 km qui me séparent de ma destination. Je commence à préparer mon sac, j’emporte tout l’équipement que je crois avoir besoin pour réaliser le trajet jusqu’à Trois-Rivières mis à part le sac de couchage. Vers 11h30, je mets mon sac sur mon dos, empoigne mon bâton et met mon chapeau sur ma tête. Ma blonde prend une première photo de mon départ. Je lui dis à ce soir et je pars pour Sainte-Pétronille.
Dès le premier pas je me pose la question qui me chicotte depuis que j’ai pris la décision de me rendre sur l’île. Peut-on traverser à pied sur le pont? J’ai bien sûr posé la question à différentes personnes, mais aucune d’elles ne m’a donné de réponses claires. Une fois quitté le stationnement de l’immeuble à logement où j’habite, je me rappelle que le pont fut construit dans les années 30. À cette époque, la marche était encore au cœur du quotidien des gens. Cette pensée efface donc tout doute dans mon esprit.
Pour ce qui est de me rendre jusqu’au pont reliant l’Île d’Orléans à la rive nord du fleuve, je connais parfaitement la route à suivre. Il s’agit d’emprunter le corridor des cheminots jusqu’à l’embranchement du corridor du littoral et ensuite suivre cette route jusqu’au chute Montmorency.
Une fois sur la piste cyclable longeant le boulevard Henri-Bourassa, je me faufile à travers les travaux routiers, les lumières et les voitures. J’arrive après quelque temps à l’embranchement des deux pistes cyclables et je tourne vers l’est. Je passe devant le Domaine Maizeret, le bar laitier Véloasis, et je rentre tranquillement dans l’arrondissement de Beauport. À ce moment, je commence à m’adapter à mon équipement, la température est clémente et le soleil est agréable. Ensuite, je m’engage dans une portion de la piste cyclable qui n’est plus directement sur le bord d’une route. Enfin je n’entends plus le bruit incessant des voitures qui passent à toute allure près de moi.
La faim commençant à se faire sentir je décide de faire une pause à la Baie de Beauport. Sans me rendre jusqu’aux nouvelles installations, je fais une pause sur les bords rocheux du fleuve. De ce point, je vois l’Île d’Orléans et le pont la reliant au continent. Je me dis alors que c’est là ma destination finale. Il est 13h30 lorsque je regarde ma montre. Je sors un sandwich et des barres de noix et je comble mon appétit tout en observant un groupe d’oies blanches posté non loin de là. J’ai soudainement de l’admiration pour ces animaux qui parcourent des milliers de kilomètres chaque année. Lorsque deux oies passent juste au dessus de moi, je réalise à quel point leur corps est conçu pour la migration.
Je repars une fois mon repas terminé, saluant au passage les oies qui se reposent avant de continuer leur migration vers l’Arctique. Après quelque temps, j’arrive à une jonction de la piste et d’un boulevard. Un panneau indique au cycliste de tourner à droite pour continuer de longer le fleuve sur une piste, isoler de la route. On demande toutefois aux piétons de continuer sur le trottoir qui longe le boulevard. Je n’ai pas vraiment le goût de me retrouver sur un boulevard achalandé, mais je me dis que la partie pédestre de la piste doit rejoindre la partie cyclable un peu plus loin. Je me trompais.
Je marche donc sur le trottoir ayant comme paysage des franchises de grandes chaînes, des motels miteux et des condos à ma droite et se qui me semble être une carrière avec des camions et de la machinerie à ma gauche. C’est à ce moment que la fatigue me prend. Je me sens très las et le paysage ne m’aide d’aucune façon à me remonter le moral. Une sorte de découragement s’empare de moi, je vais même à me demander quelle sorte d’idée m’a passé par la tête, je songe même à m’arrêter. Immédiatement après que cette idée me soi venu, je me remets à raisonner. Même si je m’arrête, je suis en plein milieu de la partie la plus affreuse de Beauport et que de toute façon, il serait aussi long de retourner que de me rendre à destination.
Je dois absolument quitter ce maudit boulevard Sainte-Anne qui me draine ma volonté, et rejoindre la piste cyclable. Je vois alors une rue qui tourne vers le sud et qui mène à l’intérieur d’un complexe d’immeuble à condos. Je suis sûr que les promoteurs de ce complexe ont prévu un accès à la piste cyclable pour les familles. De toute façon, même si il y a une clôture, je suis tellement à bout de ce décor que je sauterais par-dessus. Finalement, quelques centaines de mètres plus loin, j’aperçois la piste. Je n’ai qu’à sauter un petit fossé afin de la rejoindre.
Juste à l’intersection du corridor du littoral et du boulevard Sainte-Anne, je vois un panneau qui indique au cycliste de tourner à droite pour aller sur l’Île d’Orléans. Pour ce qui est des piétons, aucune indication. Je regarde donc dans la direction indiqué par le panneau et il n’y a pas de trottoir et il faut passer sous un viaduc. Je décide donc de m’arrêter un peu plus loin sous un arbre afin de me reposer et de réfléchir.