Nouveauté :

NOUVEAUTÉ:

Carnet d'un marcheur prend un nouvelle direction.

jeudi 28 octobre 2010

L'Île d'Orléans: Partie 1


Je me lève un peu tard ce mercredi 13 mai 2009. La fête étant vers 18h je ne veux pas partir trop tôt. En fait je crois que 6 heures seront suffisantes pour franchir les 20 km qui me séparent de ma destination. Je commence à préparer mon sac, j’emporte tout l’équipement que je crois avoir besoin pour réaliser le trajet jusqu’à Trois-Rivières mis à part le sac de couchage. Vers 11h30, je mets mon sac sur mon dos, empoigne mon bâton et met mon chapeau sur ma tête. Ma blonde prend une première photo de mon départ. Je lui dis à ce soir et je pars pour Sainte-Pétronille.

Dès le premier pas je me pose la question qui me chicotte depuis que j’ai pris la décision de me rendre sur l’île. Peut-on traverser à pied sur le pont? J’ai bien sûr posé la question à différentes personnes, mais aucune d’elles ne m’a donné de réponses claires. Une fois quitté le stationnement de l’immeuble à logement où j’habite, je me rappelle que le pont fut construit dans les années 30. À cette époque, la marche était encore au cœur du quotidien des gens. Cette pensée efface donc tout doute dans mon esprit.

Pour ce qui est de me rendre jusqu’au pont reliant l’Île d’Orléans à la rive nord du fleuve, je connais parfaitement la route à suivre. Il s’agit d’emprunter le corridor des cheminots jusqu’à l’embranchement du corridor du littoral et ensuite suivre cette route jusqu’au chute Montmorency.

Une fois sur la piste cyclable longeant le boulevard Henri-Bourassa, je me faufile à travers les travaux routiers, les lumières et les voitures. J’arrive après quelque temps à l’embranchement des deux pistes cyclables et je tourne vers l’est. Je passe devant le Domaine Maizeret, le bar laitier Véloasis, et je rentre tranquillement dans l’arrondissement de Beauport. À ce moment, je commence à m’adapter à mon équipement, la température est clémente et le soleil est agréable. Ensuite, je m’engage dans une portion de la piste cyclable qui n’est plus directement sur le bord d’une route. Enfin je n’entends plus le bruit incessant des voitures qui passent à toute allure près de moi.

La faim commençant à se faire sentir je décide de faire une pause à la Baie de Beauport. Sans me rendre jusqu’aux nouvelles installations, je fais une pause sur les bords rocheux du fleuve. De ce point, je vois l’Île d’Orléans et le pont la reliant au continent. Je me dis alors que c’est là ma destination finale. Il est 13h30 lorsque je regarde ma montre. Je sors un sandwich et des barres de noix et je comble mon appétit tout en observant un groupe d’oies blanches posté non loin de là. J’ai soudainement de l’admiration pour ces animaux qui parcourent des milliers de kilomètres chaque année. Lorsque deux oies passent juste au dessus de moi, je réalise à quel point leur corps est conçu pour la migration.

Je repars une fois mon repas terminé, saluant au passage les oies qui se reposent avant de continuer leur migration vers l’Arctique. Après quelque temps, j’arrive à une jonction de la piste et d’un boulevard. Un panneau indique au cycliste de tourner à droite pour continuer de longer le fleuve sur une piste, isoler de la route. On demande toutefois aux piétons de continuer sur le trottoir qui longe le boulevard. Je n’ai pas vraiment le goût de me retrouver sur un boulevard achalandé, mais je me dis que la partie pédestre de la piste doit rejoindre la partie cyclable un peu plus loin. Je me trompais.

Je marche donc sur le trottoir ayant comme paysage des franchises de grandes chaînes, des motels miteux et des condos à ma droite et se qui me semble être une carrière avec des camions et de la machinerie à ma gauche. C’est à ce moment que la fatigue me prend. Je me sens très las et le paysage ne m’aide d’aucune façon à me remonter le moral. Une sorte de découragement s’empare de moi, je vais même à me demander quelle sorte d’idée m’a passé par la tête, je songe même à m’arrêter. Immédiatement après que cette idée me soi venu, je me remets à raisonner. Même si je m’arrête, je suis en plein milieu de la partie la plus affreuse de Beauport et que de toute façon, il serait aussi long de retourner que de me rendre à destination.

Je dois absolument quitter ce maudit boulevard Sainte-Anne qui me draine ma volonté, et rejoindre la piste cyclable. Je vois alors une rue qui tourne vers le sud et qui mène à l’intérieur d’un complexe d’immeuble à condos. Je suis sûr que les promoteurs de ce complexe ont prévu un accès à la piste cyclable pour les familles. De toute façon, même si il y a une clôture, je suis tellement à bout de ce décor que je sauterais par-dessus. Finalement, quelques centaines de mètres plus loin, j’aperçois la piste. Je n’ai qu’à sauter un petit fossé afin de la rejoindre.

Juste à l’intersection du corridor du littoral et du boulevard Sainte-Anne, je vois un panneau qui indique au cycliste de tourner à droite pour aller sur l’Île d’Orléans. Pour ce qui est des piétons, aucune indication. Je regarde donc dans la direction indiqué par le panneau et il n’y a pas de trottoir et il faut passer sous un viaduc. Je décide donc de m’arrêter un peu plus loin sous un arbre afin de me reposer et de réfléchir.

samedi 23 octobre 2010

Québec-Trois-Rivières à pied : L'idée



J’ai eu l’idée de faire un voyage à pied il y a environ un an lorsque je travaillais aux « Gorges de la Rivière Sainte-Anne » à Saint-Alban dans Portneuf. Je faisais une recherche sur le Chemin du Roy, une des plus veilles routes d’Amérique du Nord, qui relie Montréal et Québec en longeant la rive nord du Saint-Laurent. Je m’interroge alors au sujet du moyen de transport des premiers utilisateurs de cette route et j’en viens à la conclusion que se devait être à cheval ou à pied. Soudain, l’idée me vient.

Mon idée première fut de parcourir toute la route reliant Québec à Montréal. À ce moment je n’ai aucune idée combien de kilomètres un humain peut parcourir en une journée. Je commence donc à préparer un itinéraire avec pour toute information qu’un humain marche en moyenne autour de 5 km/h. Je me dis aussi que si les gens font en moyenne des journées de travail de 8 heures, il doit en être ainsi pour une journée de marche. Je fais donc quelques calculs en prenant compte qu’un marcheur doit prendre des pauses et qu’il doit s’arrêter pour manger. À la fin de ma réflexion, j’estime que 30 km par jour serait une distance raisonnable.

Je me rends vite compte que Québec Montréal à ce rythme serait bien long. Puisque j’en suis à ma première expérience je ne veux pas non plus abuser. C’est à ce moment que je prends la décision de faire la moitié du trajet et de me rendre à Trois-Rivières. Après bien des essais je termine mon itinéraire. Un court regard au prix des gîtes sur le chemin me fait réaliser que je devrais camper au moins les trois premières nuits. Conscient que je ne pourrais pas partir cet été, je remets donc le projet à l’année suivante, soit l’été 2009.

Ensuite, vient la question de l’équipement. Je suis parfaitement conscient à ce moment que je dois voyager le plus léger possible. Les principaux items que je dois me procurer sont : une tente compacte du type des grimpeurs de montagne, un sac à dos, un matelas de sol, un bâton, un chapeau et de bons souliers.

L’été 2008 se termine donc, et je recommence l’école mettant le projet sur la glace. En septembre, en plus de mes études, je suis embauché à la librairie Raffin. Cela me permet donc de gagner un peu d’argent tout en étudiant. Là bas un des libraires, est par hasard un randonneur chevronné. Il me donne quelques mises en garde et confirme que 30 km est la distance maximale qu’un marcheur chargé doit parcourir en une journée s’il ne veut pas se brûler. Cette information m’est confirmée dans le livre de Bernard Ollivier « La longue Marche ». Parfait! Mon itinéraire tient la route.

La date maintenant. Je sais que j’aurais besoin de chaleur durant la nuit, pour ce qui est de la pluie je ne peux rien y faire. Par contre, j’ai besoin de remettre ce corps en bonne condition, l’hiver a été occupé avec l’école et le travail et j’ai malheureusement négligé ma forme physique. Nous sommes le 8 mai lorsque l’école se termine, je prends en considération les facteurs mentionnés plus haut et je décide de partir dimanche le 28 juin. Ensuite, je prends mes vacances du 28 juin au 3 juillet, ce qui me donnera deux jours de repos avant de recommencer le travail.

Mais je n’ai jamais parcouru des distances supérieures à 15 km et surtout pas avec une charge de plus de 30 livres sur les épaules. Je suis très conscient qu’avant de faire un périple de 4 jours je dois faire un test. L’occasion se présente peu après la fin des cours. Mes collègues de classe organisent une fête pour célébrer la fin de la session. Il est décidé que la fête se tiendra à Sainte-Pétronille sur l’île d’Orléans mercredi le 13 mai 2009. Le site se trouve à environ 20 km de chez moi. Je prends alors la décision de m’y rendre à pied avec tout mon barda.

mercredi 20 octobre 2010

Conclusion de l'opération soulier

Voilà déjà quelques jours que l’opération soulier a pris fins. Lorsque le projet s’est terminé, dimanche dernier, je n’ai pas immédiatement sauté dans ma voiture. Je devais aller à Québec et j’y suis allé à vélo. Ayant utilisé la marche comme moyen de transport durant un mois, le vélo est maintenant à mes yeux un moyen très rapide et efficace.

Ce projet m’a permis de réapprendre les avantages du transport actif. La chose que je déteste le plus lorsque je suis en voiture est cherchée du stationnement. Lorsque nous marchons nous n’avons que notre carcasse à traîner, donc aucun souci à ce sujet. Ensuite, marcher ne coute rien, sauf du temps. Contrairement à la voiture qui consomme de l’essence et nous devons payer pour la maintenance et le stationnement.

De plus, j’aime marcher parce que cela m’oblige à passer du temps dehors chaque jour. Je peux donc voir le temps changer petit à petit. Je m’habitue progressivement aux changements de températures. Je n’aurais dons pas l’impression que l’hiver s’abattra sur moi soudainement. Mon corps se sera tranquillement adapté au froid et je pourrais alors apprécier l’hiver à sa juste valeur.

Mais ce projet m’a surtout ouvert les yeux sur notre dépendance maladive à l’automobile. Aujourd’hui je constate qu’il y a un important abus de l’utilisation de la voiture dans notre société. La voiture est une invention merveilleuse, elle nous permet de nous déplacer très vite presque sans effort. Cependant, l’utilisation abusive de cette invention vient anéantir tous ses avantages. Après ce mois de marche, j’en suis venu à la conclusion que nous ne devrions pas considérer la voiture comme un objet indispensable. L’automobile est en fait un objet de luxe qui ne devrait pas être utilisé au quotidien. Nous devrions être reconnaissants d’avoir une voiture et l’utiliser seulement dans des situations d’exceptions.

J’ai entendu plusieurs personnes affirmer que leur voiture leur procurait la liberté. Pourtant, ces mêmes personnes doivent travailler de nombreuses heures afin de pouvoir se payer la voiture en tant que telle et ensuite pour l’entretenir et l’approvisionner en essence. Dans certains quartiers, l’environnement urbain est fait de manière à avantager l’automobile uniquement. Cela a pour résultat que plusieurs personnes craignent de s’aventurer à pied pour se rendre à des endroits tout près de chez eux. Ils utilisent donc leur voiture. Quant à moi, si mon domicile est entouré de boulevard sans trottoir, je me sens plus emprisonner que libre. Lorsque l’on m’empêche de marcher en sécurité et que l’on me conseille d’utiliser un moyen technologique dont je ne suis même pas capable d’entretenir moi-même, cela me rend esclave de cette machine.

Je suis content d’avoir fait cette expérience. Cela a permis de diminuer grandement ma dépendance aux moyens de transport motorisés. Je suis parfaitement conscient que je vais à contre-courant. Le développement urbain au Québec se fait majoritairement de façon à encourager cette dépendance. Il y juste à observer le développement fulgurant des méga centres dans plusieurs villes et les nouveaux quartiers résidentiels n’ont aucun commerce à proximité pour servir les gens qui y vivent. Par contre je refuse de me laisser abattre et de me conformer. Plusieurs d’entre vous doivent penser que mes raisons principales sont environnementales, eh bien non, cela arrive en deuxième. La principale raison pour laquelle j’ai décidé d’utiliser et de promouvoir le transport actif est pour notre santé et notre bien-être à tous. Lorsque j’entends des gens qui me disent que je suis fou de marcher, une distance de 2 km pour aller travailler cela me déçoit. Ma plus grande peur est que, lorsque j’aurais atteint les 70 ans, la grande majorité des gens de ma génération soient décédés ou malades, incluant mes amis et mes proches.

jeudi 14 octobre 2010

Opération soulier : Semaine du 7 au 13 octobre

Voilà que la quatrième semaine de l’opération soulier se termine et le projet prendra fin ce samedi. Dès dimanche je publierai un billet traitant des conclusions que j’ai tirées de cette expérience.

Pour commencer, je dois dire que je suis maintenant adapté à ce nouveau mode de vie. Lorsque je sors, marcher est devenu la norme. Je ne pense même plus à prendre ma voiture à moins d’avoir une très grande distance à parcourir. J’ai aussi remarqué que ma consommation de biens divers à chuté dramatiquement. Puisque je dois marcher 5 kilomètres pour me rendre aux centres d’achats, je ne me déplace pas pour des choses dont je n’ai pas de besoins.

Pour la longue fin de semaine de l’Action de grâce, j’ai décidé d’aller visiter ma famille et mes amis à Rimouski. Étant donné mes vieilles habitudes, je n’ai eu aucune difficulté à effectuer tous mes déplacements à pied. Je ne sais pas si c’est parce que j’y suis né et que je connais la ville comme le fond de ma poche, ou parce que le développement urbain s’y prête, mais Rimouski est une ville où il fait bon marcher. Il y a peu d’endroits difficiles d’accès à pied et les services sont beaucoup plus dispersés à travers la ville, les rendant plus accessibles pour les marcheurs de la ville.

Pour finir, je suis content d’avoir entrepris ce projet. Bien que cela m’ait apporté quelques désagréments au début, il s’agissait seulement d’effectuer des changements mineurs dans mes habitudes. Je crois qu’il serait possible et même facile pour une majorité d’entre nous d’effectuer une plus grande partie de nos déplacements à pied.

jeudi 7 octobre 2010

Opération soulier : Semaine du 29 septembre au 6 octobre

Voici maintenant le temps de dresser le bilan de la semaine trois de l’opération soulier. En général la semaine c’est très bien passer. Je m’adapte de plus en plus à ce mode de vie et certaines habitudes sont en train de s’installer.

Tout d’abord, la semaine a commencé en force. Jeudi dernier je devais me rendre au Cégep St. Lawrence pour y faire une présentation. Le Cégep se situe à 10,5 km de chez moi. J’ai donc décidé de m’y rendre à pied. Parti à 7 h 50 pour prendre le bateau de 8 h 20, je suis arrivé au Cégep à 10h07. Une fois la présentation terminée, j’ai profité du fait que j’étais à Québec pour faire quelques commissions et rendre visite à des amis. Cette journée-là nous avons reçu énormément de pluie et mes souliers furent trempés. Après la journée, je me suis rendu compte que je n’étais plus rodé pour marcher une distance aussi grande. Malgré l’eau et la fatigue, je considère avoir passé une très belle journée de marche.

Samedi, après le travail, j’embarque dans ma voiture direction Chicoutimi. Je vais visiter un ami de longue date qui vit maintenant là-bas. Une fois à Québec, il y a un embouteillage sur l’autoroute Henri IV. Afin d’atténuer le désagrément, je me répète que je ne suis pas dans le trafic, mais que je suis le trafic. Ensuite, je traverse le Parc des Laurentides et j’atteins Chicoutimi. Bien que j’y aie passé une seule journée, j’ai constaté rapidement que Chicoutimi n’était pas une ville où il fait bon marcher. Cela m’est confirmé par mon ami, qui comme moi, a passé son enfance à Rimouski et qui est habitué à marcher de façon utilitaire. Toutefois, il existe des endroits où il fait bon marcher pour le loisir comme la pulperie. Malheureusement, ces endroits sont difficiles d’accès en raison des boulevards sans trottoirs.

Le reste de la semaine, c’est passé sans histoire. Je m’accommode maintenant de faire mon épicerie à pied. J’apporte toujours mon sac à dos avec un sac réutilisable pour ne pas être pris au dépourvu. Finalement, l’adaptation à ce mode de vie est presque complète. Il reste seulement une semaine à l’expérience et je suis fière de l’avoir fait. Je commence déjà à tirer des conclusions de toute cette affaire. Je me rends tranquillement compte que d’utiliser la marche comme moyen de transport est beaucoup plus facile qu’il en a l’air. Il faut juste ce donner le temps et d’y aller tranquillement.