PARTIE 1
J'ouvre les yeux, je suis entouré de ténèbres, nous sommes en plein cœur de la nuit et le soleil n'est pas prêt de se lever. Qu'est-ce qui m'a réveillé aussi tôt avant le lever du soleil? Très vite les vapeurs du sommeil s'estompent et je comprends que la température extérieure est très basse. C'est l'air que je respire qui m'a réveillé. Mes voies respiratoires, en en juger par mon nez qui est aussi froid qu'un pied enfermé dans une botte lors d'un long voyage en auto durant le mois de janvier, seront bientôt incapable de réchauffer l'air qui se rend à mes poumons. C'est pourquoi mon cerveau m'a gentiment réveillé pour que je règle la situation. Heureusement, j'avais anticipé qu'il serait possible que la température descende très bas, même si nous sommes qu'à la fin mai. En bon canadiens français, je prends d'abord le temps de pester contre ces foutus changements climatiques. Ensuite, je me résigne et fouille à l'intérieure du sac de linge qui me sert aussi d'oreiller, duquel je sors ma tuque. Avant de rabattre complètement mon sac de couchage sur ma tête, je prends une gorgée d'eau. Point positif, elle est aussi fraîche que si elle sortait du réfrigérateur. Ensuite, je disparais sous mon cocon.
La sonnerie de mon réveil retentit soudain et m'extirpe d'un sommeil de plomb. Étant totalement sous mon sac de couchage, la lumière du soleil ne m'a pas réveillé. Je sors la tête et constate que la température extérieure n'a pas vraiment changé. Je dois maintenant sortir de mon sac de couchage qui contient ma chaleur corporelle, source principale de mon confort en ce moment. Le truc c'est d'y aller d'un seul coup, comme ça on ne peut plus reculer. Vlan! Je sors de mon lit douillet, l'air froid caresse immédiatement ma peau sans défense et mon système nerveux s'affole. « Oui je sais on gèle, pas besoin de me le rappeler. » J'enfile mes vêtements et ma veste imperméable qui sont aussi gelés que l'air et attends quelques minutes. Une fois que ma fournaise interne finit de réchauffer le tas de chair que je suis, je sors de ma tente.
Je me mets immédiatement à démonter mon campement, m'activer m'aidera à me réchauffer davantage. Je déjeune au thon, pain de seigle et lait Ensure. Je remets mon sac sur mon dos, empoigne mon chapeau et commence à monter la côte qui me mènera à la Route #132. Dès que j'arrive sur la route, mon corps est bien réchauffé et j'enlève mes vêtements imperméables. Les nuages se dissipent et font place au soleil et heureusement pour moi le Nordet ne s'est pas encore levé.
Aujourd'hui j'ai planifié de m'arrêter au village de l'Isle Verte. Il y a un camping près de la rivière. Bien qu'il soit fermé cette année en raison de travaux sur le réseau d'aqueduc, la propriétaire m'a affirmé qu'elle me permettra de passer la nuit sur leur terrain. Ce sera donc qu'une demi-journée de marche pour aujourd'hui et demain je serai à Rivière-du-Loup.
La marche est agréable aujourd'hui, je me sens en forme et le moral est bon. Mon corps s'adapte de plus en plus à ce mode de vie nomade. Environ un kilomètre après avoir quitté l'entrée du camping j'arrive en haut de la côte qui, une fois descendue me mènera sur la plaine littorale où est situé le village de l'Isle Verte. De là-haut, je peux voir l'Île Verte au loin ainsi que toute la plaine qui longe le fleuve. Après avoir descendu dans la plaine, j'éprouve un sentiment de bien-être et je suis très heureux de voyager à pied et de progresser au rythme de la caravane. Il est encore tôt le matin, les voitures se font rares et le paysage est magnifique.
Une fois ma première heure de marche complétée, je décide de m'accorder un cinq minutes de pause. Je repère au loin un endroit propice où déposer mon sac et prendre du repos. Lorsque j'arrive à l'endroit en question, je remarque qu'une automobile est stationnée dans un chemin de ferme perpendiculaire à la route. Une fois arrivée près de la voiture je constate qu'une fenêtre est brisée et que le coffre arrière est ouvert. Cependant, le reste de la voiture est propre. Il semble que les occupants ont quitté les lieux en vitesse. Je décide donc de ne pas trainer dans les environ car, j'ai des craintes concernant les anciens propriétaires de la voiture. Il est toujours possible qu'ils rôdent toujours dans les environs. C'est à ce moment que je réalise ma vulnérabilité. Étant à pied je me déplace très lentement en comparaison de tout le reste de la population. Je marche donc encore une vingtaine de minutes et voyant qu'il ne se passe rien de suspect je pose mon sac et prends un peu de repos.
Avant d'arriver au village de l'Isle Verte je marche encore durant deux autres blocs de 50 minutes. Durant lesquels je passe devant l'entreprise spécialisée en ligne sur le pavé et ensuite devant le mythique et défunt bar de danseuses l'Émotion. Le rythme lent de la marche me permet de contempler en profondeur le bâtiment, avec sa fenêtre éclatée et le célèbre et bien connu de tous les gens du bas du fleuve, dessin de la femme ayant peu de vêtement se penchant en avant sans plier les genoux. Vers 9h00 je suis à l'entrée du village de l'Isle Verte
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