Je
prends une pause dans le petit espace vert à l’entrée du village et je
contemple le panneau sur lequel est imprimé un plan détaillé du village et de
ses attraits touristiques. Je repère quelques endroits ou je pourrai casser la
croûte, car malgré l’heure matinale la faim se fait sentir. Je pars donc,
content d’avoir toute la journée pour profiter des environs. Sur le plan du
village j’ai vu qu’il y avait une pharmacie et c’est à cet endroit que je
compte faire mon premier arrêt, car je suis à court de lait Ensure. Ensuite j’irais
à l’épicerie m’acheter quelques cannes de thon, car il ne m’en reste qu’une.
Lorsque j’arrive à la pharmacie je
me cogne à une porte barrée et je me souviens au même moment que nous sommes
dimanche. Toutefois, je me dis qu’il est possible qu’elle ouvre en après-midi.
Ne voyant pas les heures d’ouverture nulle part je décide d’interroger un homme
qui nettoie sa voiture quelques maisons plus loin. Je m’avance vers lui et dès
qu’il voit que je viens vers lui il s’en va dans son garage. Je trouve cela
étrange, mais il y a un autre homme plus loin devant sa maison. Je me dirige
vers lui et l’interpelle. Il se lève et entre dans sa maison. Tant pis je
reviendrai en après-midi alors. Ensuite je réalise que l’épicerie est aussi
fermée. La prochaine fois je serai plus prévoyant et éviterai de ne rien
manquer le dimanche.
Je décide donc de me rendre devant
l’Église pour m’assoir un moment sur un banc. À mi-chemin je vois un homme
d’une soixantaine d’années marchant sur le trottoir à sens inverse du mien. Je
prends la décision de lui demander si l’épicerie est ouverte aujourd’hui. Une
fois face à face il lui sera difficile de se faufiler. « Bonjour
Monsieur! » Pas de réponse. « Excusez-moi monsieur » devant mon
insistance et étant à deux pas de lui il décide de me répondre.
« Qu’est-ce qu’il y a. » À ce moment je commence à trouver les gens
de ce village très inhospitalier.
- J’aimerai savoir s’il y a un endroit où je peux acheter de la nourriture aujourd’hui.
- Ben il a l’épicerie elle ouvre à onze heures.
- La pharmacie ouvre-t-elle aussi aujourd’hui?
- Ben non c’est dimanche.
- Au revoir Monsieur.
Je ne lui laisse pas le temps de
répondre lui tourne le dos et continue mon chemin. Une fois devant l’Église je
m’assois sur un banc et commence à réfléchir. À ce moment, les gens de ce
village ne me disent rien qui vaille. Les trois personnes que j’ai rencontrées
sont soit snob ou impolies, bref ils ne savent pas vivre. J'ai l'impression d'être dans un western où je suis le cowboy qui entre dans un village où les étrangers ne sont pas les bienvenus. Bon, au diable l’Isle Verte
je continue ma route. Je me lève bien déterminé à quitter cet endroit. Une fois
sur la route je réalise que le prochain village, Cacouna, est à 17 kilomètres
d’ici et qu’il n’y a pas de camping avant Rivière-du-Loup. Peu après la sortie
du village, je rebrousse chemin et décide d’aller planter ma tente au Camping du Faubourg à l’Isle Verte. La
dame semblait bien sympathique au téléphone. Qui sait, j’ai peut-être tombé sur
les trois brochets du village. Juste
avant de traverser le pont je tourne sur la rue Villeray, passe dans le
stationnement du parc de la Rivière et arrive devant la maison de briques rouges
que m’a décrite la dame.
Un peu plus loin, un homme travaille sur
sa voiture et je décide de lui demander où se trouve le camping. Il me répond
avec un fort accent gaspésien qu’il n’y a pas de camping ici. La famille de ma
mère étant gaspésienne, je suis étonné de sa froideur. Je connais les
gaspésiens, comme étant des gens enjoués et accueillants. Je décide donc de lui
donner une seconde chance et de faire honneur à son peuple. Je lui explique que
j’ai contacté la propriétaire du camping plus tôt cette semaine et qu’elle m’a
dit qu’elle pouvait m’accommoder pour une nuit. Peut-être qu’à cet instant
précis, quelques vapeurs de goémon s’élevèrent de la mer et vinrent chatouiller
ses narines lui rappelant ses origines, car il devint tout à coup sympathique.
Il me sourit et m’indiqua précisément l’emplacement du camping.
Les propriétaires du Camping du Faubourg possèdent un grand
terrain avec sur une butte une maison ancestrale construite en brique rouge.
Plus bas, ils ont transformé une partie de leur propriété en camping afin de
permettre aux voyageurs de camper sur un endroit sécuritaire tout en profitant
de service de base. Il y a même des jeux pour les enfants sur le site. Comme
convenu lors de notre conversation téléphonique, les maîtres des lieux ne sont
pas à la maison. Je descends sur le camping monter mon campement. J’essaie tant
bien que mal de trouver un endroit à l’abri du Nordet. Une fois ma tente montée
je m’allonge un instant sur mon matelas de sol.
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