Il est maintenant temps de dresser le bilan de la deuxième semaine de l’opération soulier. La semaine fut plus difficile que la précédente, mon moral semble avoir été miné par divers facteurs. Le temps gris, la pluie et la baisse de la température due à l’installation de l’automne est en partie responsable de cette baisse d’enthousiasme. De plus, samedi dernier je fus la cause d’un scandale épouvantable. J’ai manqué à un de mes engagements.
La semaine fut beaucoup plus grise que la précédente. J’ai parcouru à quelques reprises le chemin entre la maison et le travail sous la pluie. Se déplacer à pied nécessite plus de préparation puisque nous sommes beaucoup plus vulnérables aux imprévues. Je ne quitte plus la maison sans mon sac à dos avec dedans mes pantalons imperméables et un sac pour faire l’épicerie. Les deux premiers jours se sont pourtant bien passés, mais c’est samedi que je me suis écarté du chemin que j’avais choisi.
J’ai reçu un coup de fil de mon père jeudi soir dernier. Il m’annonçait que ma mère était à Québec pour un congrès et qu’il devait aller la chercher le samedi suivant. Ensuite, il me proposa de souper tous ensemble avant qu’ils retournent à Rimouski. Sachant que ma mère voulait manger dans un restaurant ce soir-là j’aurais dû faire preuve de plus de jugement. La meilleure solution aurait de demander à mon père de venir me rejoindre en ville après mon travail et non pas chez moi comme il me l’avait proposé. Samedi, vers 17h30, mes parents se présentent chez moi. Bien qu’ils soient bien contents de me voir, ils ont néanmoins trois heures de route à faire pour retourner à Rimouski. Malheureusement, les restaurants les plus proches, convenables pour un souper en famille, sont à 30 minutes de marches minimum. Je ne pouvais pas leur proposer de marcher sachant le peu de temps qu’ils avaient. De plus, cela m’aurait pris trop de temps de les laisser aller en ville et de les rejoindre à pied. Je me suis donc incliné et j’ai embarqué dans la voiture avec mes parents. Cela vient rejoindre ce que j’écrivais dans mon papier précédent. Une meilleure gestion du temps et des déplacements sont nécessaires pour mener à bien le projet. Malgré cet écart j’ai décidé de continuer le projet. J’ai failli, mais ce n’est pas une raison pour me dégonfler. Je n’ai plus manqué à mes engagements depuis.
J’ai remarqué cette semaine que le fait de se déplacer à pied encourage l’économie locale. Puisque j’habite à plus ou moins 4 km du secteur commercial principal de Lévis, c'est-à-dire la route du Président Kennedy, j’essaie de faire mes achats autant que possible dans les commerces de mon quartier. Le bon côté est que cela me force à découvrir des endroits différents des grandes chaînes populaires. Ces commerces de quartier, qui malheureusement disparaissent tranquillement, ont un service plus chaleureux et humain. Cependant, le prix est souvent plus élevé et le choix plus restreint que dans les magasins à grande surface. Par contre, j’ai vite compris qu’en achetant dans plusieurs de ces commerces de quartier je peux me procurer un vaste éventail de produits de qualités. Sur le chemin entre la maison et le travail il y a deux boulangeries, une épicerie fine, une charcuterie, une chocolaterie, deux fleuristes, une confiserie, une pharmacie, deux guichets automatiques, quelques restaurants et boutiques spécialisés.
Lundi je fus contraint de me rendre dans la zone commerciale afin de renouveler mon permis de conduire et ma carte soleil. Une fois revenu chez moi, je me suis rendu compte que j’aurais dû profiter du fait que j’étais en plein cœur du temple de la consommation pour acheter certains items que je tarde à me procurer. C’est pourquoi j’ai commencé à faire une liste sur le réfrigérateur d’items, dont nous avons besoin, uniquement disponible à cet endroit. Une fois que cette liste sera assez grande, je marcherai là-bas et achèterai tout en même temps.
Pour finir, je constate qu’utiliser la marche comme moyen de transport nécessite beaucoup de temps. J’ai mis trois heures, seulement pour renouveler mon permis de conduire. Une fois à la maison, j’étais fatigué donc j’avais besoin d’un temps de repos qui est venu s’ajouter à tout cela. Je réalise que si la majorité des gens marchait, ce serait plus facile pour moi. Il y aurait plus de service à proximité des zones résidentielles et ils ne seraient pas tous concentrés au même endroit. Le plus difficile en ce moment est que je me rends bien compte que je vais à contre-courant. Chaque jour je marche presque seul sur les trottoirs et je croise des dizaines de voitures. Chaque année des commerces ouvrent en périphérie des villes au détriment des centres-villes. La raison évoquée est le manque de stationnement. De mon vivant, et je n’ai que 27 ans, j’ai vue le trafique automobile augmenter de façon fulgurante. Dans une entrevue présentée à la radio de Radio-Canada le 13 septembre, Jacques Duval affirmait un fait troublant. Entre 1998 et 2008, la population du Québec a augmenté de 6% et le nombre de véhicules immatriculé de 30%. Les nouveaux développements sont de toute évidence construits de façon à faciliter l’utilisation de la voiture. Faîtes-en en le test, rendez-vous dans un Walmart à pied. Une petite voix me dit alors : « conforme toi Marc-André, se serait si facile ». À cette voix je réponds : « Jamais ».