Nouveauté :

NOUVEAUTÉ:

Carnet d'un marcheur prend un nouvelle direction.

jeudi 30 septembre 2010

Opération Soulier : Semaine du au 23 Septembre au29

Il est maintenant temps de dresser le bilan de la deuxième semaine de l’opération soulier. La semaine fut plus difficile que la précédente, mon moral semble avoir été miné par divers facteurs. Le temps gris, la pluie et la baisse de la température due à l’installation de l’automne est en partie responsable de cette baisse d’enthousiasme. De plus, samedi dernier je fus la cause d’un scandale épouvantable. J’ai manqué à un de mes engagements.

La semaine fut beaucoup plus grise que la précédente. J’ai parcouru à quelques reprises le chemin entre la maison et le travail sous la pluie. Se déplacer à pied nécessite plus de préparation puisque nous sommes beaucoup plus vulnérables aux imprévues. Je ne quitte plus la maison sans mon sac à dos avec dedans mes pantalons imperméables et un sac pour faire l’épicerie. Les deux premiers jours se sont pourtant bien passés, mais c’est samedi que je me suis écarté du chemin que j’avais choisi.

J’ai reçu un coup de fil de mon père jeudi soir dernier. Il m’annonçait que ma mère était à Québec pour un congrès et qu’il devait aller la chercher le samedi suivant. Ensuite, il me proposa de souper tous ensemble avant qu’ils retournent à Rimouski. Sachant que ma mère voulait manger dans un restaurant ce soir-là j’aurais dû faire preuve de plus de jugement. La meilleure solution aurait de demander à mon père de venir me rejoindre en ville après mon travail et non pas chez moi comme il me l’avait proposé. Samedi, vers 17h30, mes parents se présentent chez moi. Bien qu’ils soient bien contents de me voir, ils ont néanmoins trois heures de route à faire pour retourner à Rimouski. Malheureusement, les restaurants les plus proches, convenables pour un souper en famille, sont à 30 minutes de marches minimum. Je ne pouvais pas leur proposer de marcher sachant le peu de temps qu’ils avaient. De plus, cela m’aurait pris trop de temps de les laisser aller en ville et de les rejoindre à pied. Je me suis donc incliné et j’ai embarqué dans la voiture avec mes parents. Cela vient rejoindre ce que j’écrivais dans mon papier précédent. Une meilleure gestion du temps et des déplacements sont nécessaires pour mener à bien le projet. Malgré cet écart j’ai décidé de continuer le projet. J’ai failli, mais ce n’est pas une raison pour me dégonfler. Je n’ai plus manqué à mes engagements depuis.

J’ai remarqué cette semaine que le fait de se déplacer à pied encourage l’économie locale. Puisque j’habite à plus ou moins 4 km du secteur commercial principal de Lévis, c'est-à-dire la route du Président Kennedy, j’essaie de faire mes achats autant que possible dans les commerces de mon quartier. Le bon côté est que cela me force à découvrir des endroits différents des grandes chaînes populaires. Ces commerces de quartier, qui malheureusement disparaissent tranquillement, ont un service plus chaleureux et humain. Cependant, le prix est souvent plus élevé et le choix plus restreint que dans les magasins à grande surface. Par contre, j’ai vite compris qu’en achetant dans plusieurs de ces commerces de quartier je peux me procurer un vaste éventail de produits de qualités. Sur le chemin entre la maison et le travail il y a deux boulangeries, une épicerie fine, une charcuterie, une chocolaterie, deux fleuristes, une confiserie, une pharmacie, deux guichets automatiques, quelques restaurants et boutiques spécialisés.

Lundi je fus contraint de me rendre dans la zone commerciale afin de renouveler mon permis de conduire et ma carte soleil. Une fois revenu chez moi, je me suis rendu compte que j’aurais dû profiter du fait que j’étais en plein cœur du temple de la consommation pour acheter certains items que je tarde à me procurer. C’est pourquoi j’ai commencé à faire une liste sur le réfrigérateur d’items, dont nous avons besoin, uniquement disponible à cet endroit. Une fois que cette liste sera assez grande, je marcherai là-bas et achèterai tout en même temps.

Pour finir, je constate qu’utiliser la marche comme moyen de transport nécessite beaucoup de temps. J’ai mis trois heures, seulement pour renouveler mon permis de conduire. Une fois à la maison, j’étais fatigué donc j’avais besoin d’un temps de repos qui est venu s’ajouter à tout cela. Je réalise que si la majorité des gens marchait, ce serait plus facile pour moi. Il y aurait plus de service à proximité des zones résidentielles et ils ne seraient pas tous concentrés au même endroit. Le plus difficile en ce moment est que je me rends bien compte que je vais à contre-courant. Chaque jour je marche presque seul sur les trottoirs et je croise des dizaines de voitures. Chaque année des commerces ouvrent en périphérie des villes au détriment des centres-villes. La raison évoquée est le manque de stationnement. De mon vivant, et je n’ai que 27 ans, j’ai vue le trafique automobile augmenter de façon fulgurante. Dans une entrevue présentée à la radio de Radio-Canada le 13 septembre, Jacques Duval affirmait un fait troublant. Entre 1998 et 2008, la population du Québec a augmenté de 6% et le nombre de véhicules immatriculé de 30%. Les nouveaux développements sont de toute évidence construits de façon à faciliter l’utilisation de la voiture. Faîtes-en en le test, rendez-vous dans un Walmart à pied. Une petite voix me dit alors : « conforme toi Marc-André, se serait si facile ». À cette voix je réponds : « Jamais ».

jeudi 23 septembre 2010

Opération Soulier : Semaine du 16 au 22 Septembre

La première semaine de l’opération soulier est maintenant terminée et c’est le temps d’en faire le bilan. En général, tout s’est très bien déroulé et je redécouvre les joies du transport pédestre. Cependant, bien que j’aie passé la majeure partie de ma vie sans posséder de voiture, le fait d’en posséder une depuis maintenant trois ans m’a fait oublier certaines réalités d’être à pied. Réalités qui n’ont pas tardé à se manifester durant la première semaine de l’opération.

En août dernier, lorsque ma blonde et moi avons choisi notre appartement, il était hors de question que celui-ci soit à une distance trop grande de notre travail. Aller au travail constitue la principale raison que nous avons de se déplacer. C’est pourquoi nous avons choisi un appartement situé à 2,2 km de mon travail. J’ai donc effectué l’aller-retour chaque matin à pied. À mes yeux, ce moment constitue un point fort de ma journée ou je peux me détendre, profiter de l’air frais, et avoir un moment à moi durant lequel je me sens libre. Sur ce point tout s’est bien déroulé, il a plu seulement deux jours et j’avais mon imperméable.

La raison de se déplacer qui se retrouve juste derrière aller au travail est faire l’épicerie et autres commission. Un fait intéressant est que lorsque j’ai reçu le publie-sac la semaine dernière, je me suis rendu compte de la futilité de regarder les circulaires des épiceries situées trop loin de chez moi. J’ai seulement gardé celle du Provigo, puisqu’il y en a un à environ 800 mètres de chez moi. De plus, je me suis rendu compte qu’un peu plus de logistique était nécessaire afin de maximiser mon temps. Je dois maintenant faire en sorte de combiner mes actions. Jeudi dernier, j’ai eu l’idée d’arrêter à l’épicerie en revenant du travail. Le problème est que je n’avais pas apporté de sac. J’ai dû marcher jusqu’à chez moi, passer devant l’épicerie, et revenir ensuite avec mes sacs. J’ai fait la même erreur une seconde fois lundi dernier. C’est pourquoi j’ai pris la décision de toujours apporter mon sac à dos avec moi lorsque je sors. Un truc pour le transport de l’épicerie est de mettre les articles les plus lourds dans mon sac à dos et les plus légers dans des sacs réutilisables.

Cette semaine j’ai réalisé que je devais compter sur la compréhension de mon entourage. Premièrement j’ai dû demander congé jeudi prochain à mon employeur. Je dois me rendre au Cégep Champlain St Lawrence pour y faire une présentation. Le Cégep est situé à 10 km de ma demeure en prenant le traversier entre Québec et Lévis. Je suis donc dans l’impossibilité de rentrer travailler le matin. De plus, j’ai décliné l’invitation à deux fêtes la fin de semaine dernière. La première était une fête chez une amie de ma blonde. J’ai été avisé de l’événement à l’avance et j’avais donc le temps de m’y préparer. Cependant, j’aurai dû parcourir une distance de 25 km en vélo pour m’y rendre et ensuite marcher dans la forêt sur une distance inconnue pour me rendre au chalet où se trouvait la fête. Vendredi j’ai avisé ma blonde que je n’irais pas. Samedi soir vers 8h45, pendant que ma blonde était au party, je reçois un appel d’une amie m’invitant à un party à Beauport. Cette fois-ci, même si j’avais voulu m’y rendre, je recevais l’invitation trop tard puisque j’aurais mis trop de temps à marcher jusqu’à chez elle.

Hier, le 22 septembre était l'anniversaire de mon beau-père. Nous étions donc invités à venir souper chez mes beaux-parents à Beaumont. Étant donné que le souper se trouvait à 13 km de chez moi, j’ai utilisé mon vélo. Bien que j’aie enfourché mon vélo un peu à reculons, l’air frais, le soleil et mon cœur qui battait dans ma poitrine m’ont rappelé à quel point il est agréable de faire du vélo. En fin de soirée, lorsque j’ai annoncé que je revenais en vélo, les gens présents furent surpris et ne comprirent pas ma décision. Je déclinai toutes les offres de raccompagnent en voiture et je rentrai en vélo. Durant mon parcours, la lune qui était quasi pleine éclaira mon chemin d’une lumière blanche et c’est satisfait de ma décision d’entreprendre ce projet que je m’endormis.

mardi 21 septembre 2010

Le monde n'est pas petit

À la fin de l’été 2009, lorsque je suis allé chercher ma blonde, qui revenait de son été en Provence, à l’aéroport Pierre-Eliot Trudeau, je fus profondément troublé par les propos d’une femme. J’attendais patiemment que mon amoureuse sorte de la porte des arrivées internationales quand soudain j’entendis ceci : « Heille! 8 heures pour faire Paris-Montréal ça dont ben été long ». Ces propos m’éclairèrent sur le fait que nous tenons pour acquise la vitesse des transports modernes. Ces vitesses fulgurantes ne sont plus pour nous un luxe, mais une nécessité. Cette mentalité entraîne malheureusement certains aspects négatifs.

Le premier aspect négatif est notre banalisation des voyages outremer. Ceci a pour résultat que nous n’apprécions plus nos vacances à l’étranger à leur juste valeur. L’accessibilité de plus en plus grande des destinations lointaines fait en sorte que nous ne réalisons plus à quel point nous nous trouvons loin de chez nous lorsque nous visitons ces régions. Aujourd’hui ,pour bien des Québécois, un séjour sur une île des Caraïbes ou en Europe de l’Ouest ne relève plus de l’extraordinaire. Dans un article du Réseau de Veille en Tourisme publié le 13 novembre 2009, et intitulé : Activités, attraits et événements favoris des Québécois, il est mentionné que le nombre de Québécois ayant fait au moins un voyage outremer durant l’année a augmenté de 96% entre 2003 et 2009. Il y a quelques décennies, ces destinations étaient plus difficiles d’accès et requéraient plus d’effort pour quiconque désirant s’y rendre. Aujourd’hui, quelques clics sur Internet et quelques heures dans un avion à écouter de la musique, à se faire servir des petits plats et à regarder des films sont nécessaires pour atteindre des endroits dont nos grands-parents n’ont connus qu’en rêve. L’humain étant ce qu’il est, au lieu d’être reconnaissant envers la technologie de nous permettre d’accéder sans effort à des contrées lointaines, nous devenons de plus en plus exigeants face à nos standards de vacances. Il est consternant d’entendre des gens revenir de Cuba et dire qu’ils n’ont pas eu de belles vacances, car il a fait soleil seulement durant une journée. Je crois que c’est un phénomène nouveau d’entendre un Québécois se plaindre qu’il fasse 20 degrés en plein mois de février.

De plus, il existe un lien étroit entre l’effort que l’on fournit à se rendre à un lieu et le niveau d’appréciation que l’on ressent une fois arrivé à destination. Lorsque j’ai marché entre Rimouski et Beaumont j’ai dû traverser la plaine du Kamouraska. J’avais déjà traversé ce lieu en voiture et j’avais été frappé par la beauté des lieux. Cependant, lorsque tôt le matin, je quittai le Camping de la Batture à Saint-André et que je descendis la colline pour m’enfoncer dans la plaine c’est à se moment que je fus foudroyé par la majesté des lieux. Quelques semaines plus tard, je visitai Paris et, à mes yeux, la Ville lumière était beaucoup moins intéressante et belle que la plaine du Kamouraska. J’attribue ce phénomène à 3 facteurs. Premièrement, j’ai mis 6 jours à atteindre la région de Kamouraska et moins de 24h pour atteindre Paris. Deuxièmement, j’ai dû fournir énormément plus d’efforts physiques et mentaux pour arriver à Kamouraska qu’à Paris. En dernier lieu, le rythme lent de la marche m’a permis de savourer pleinement le moment que je vivais et d’apprécier chaque parcelle du territoire que je parcourais.

Un autre élément négatif est la piètre estime que nous portons à notre propre territoire. Lorsque ma blonde et moi avons fait part à notre entourage de notre projet de visiter les Maritimes, plusieurs ont été surpris et ne comprenaient pas notre décision. Selon eux, il n’y avait rien à faire dans l’est du pays. Pourtant, ils avaient tort. Nous avons visité une région riche en paysages époustouflants, avec une grande richesse culturelle et rencontrée une population très accueillante. Nous avons tendance à croire qu'il est nécessaire de se rendre très loin de chez soi pour vivre et voir des choses extraordinaires. Mais nous oublions qu’il existe des lieux sublimes présents sous notre nez.

Un dernier aspect négatif est la destruction de paradis terrestres. Il existe sur terre des endroits hors du commun où tout être humain rêve de passer sa vie. Des îles où la température y est presque toujours clémente, où la mer est chaude à l’année, où les arbres regorgent de fruits exotiques et où le soleil brille. Des îles comme Tahiti, Hawaï et la Nouvelle-Zélande. L’accès à ces îles a longtemps été terriblement difficile. Autrefois, afin d’y parvenir il fallait braver la mer à bord d’embarcations de bois et s’exposer à mille dangers. Ces endroits étaient paradisiaques justement parce l’effort à fournir pour y accéder était colossal. Donc, dans un premier lieu, les capacités de charge physiques et environnementales n’étaient dépassées. En deuxième lieu, les gens étaient grandement reconnaissant d’y être parvenu puisqu’ils avaient affronté maints dangers. Maintenant, les transports modernes ont permis à un grand nombre de gens d’accéder à ses petits paradis. Dans certains cas cela eut des conséquences néfastes sur l’environnement, la faune, la flore et les populations locales. Je crois que la facilité avec laquelle les touristes s’y rendent influence le niveau de respect qu’ils portent à la destination.

Pour conclure, notre attitude face à la vitesse des transports modernes diminue notre appréciation de nos voyages à l’étranger, influence sur l’estime que nous portons à notre propre territoire, et à des conséquences néfastes pour des paradis terrestres. La banalisation de l’efficacité des moyens de transport modernes nous rend ignorants face à notre dépendance envers ceux-ci. N’oublions pas que notre corps est conçu pour se déplacer à une vitesse moyenne de 5 km/h. Tout moyen nous permettant de nous déplacer à une vitesse supérieure à celle-ci devrait être considéré comme un cadeau.

mercredi 15 septembre 2010

J'adopte le transport actif

Après avoir écrit mon dernier billet « La marche, un moyen de transport? » une idée s’est mise à germer dans mon esprit. Pourquoi ne pas l’essayer? De cette façon je pourrais connaître avec certitude les réalités et la faisabilité d’utiliser la marche comme moyen de transport principal. Cependant, après avoir évalué les conséquences possibles d’un tel projet, j’en suis venu à la conclusion qu’il était nécessaire de bien le définir. De cette façon, le projet sera plus structuré, tangible, et réaliste. De plus, cela diminuera les risques d’abandons et d’engendrer des conséquences néfastes sur mon entourage.

Voici en quoi consiste le projet nommé "Opération Soulier". Je m’engage à utiliser la marche comme moyen de transport numéro un durant une période d’un mois, soit du 16 septembre au 16 octobre 2010. La marche sera donc favorisée aux autres moyens de transport. La distance que j’aurais à parcourir entre l’endroit où j’ai passé la nuit précédente le départ, plus souvent qu’autrement de chez moi, à une destination quelconque, déterminera le type de transport utilisé.

Voici en détail les règles auxquels je me soumettrai durant le prochain mois :

  • Je me dois de marcher pour me rendre à une destination située dans un rayon de 10 kilomètres du lieu où j’ai passé la nuit précédent mon départ ou d’un lieu où je m’y suis rendu en voiture ou à vélo.
  • Lorsque la destination est située dans un rayon de 30 kilomètres du lieu où j’ai passé la nuit précédent mon départ ou d’un lieu où je m’y suis rendu en voiture, j’ai la possibilité d’utiliser mon vélo.
  • Lorsque la destination est située à une distance supérieure à 31 kilomètres du lieu où j’ai passé la nuit précédent mon départ, j’ai la possibilité de prendre ma voiture.
  • En toute occasion j’ai le droit d’utiliser un service de traversier.
  • Il n’y a pas de limite de distance que je peux parcourir à pied ou à vélo à quelle je suis soumis, mis à part les limites humaines.
  • Ces règles s’appliquent peu importe la température et le code vestimentaire exigée à la destination.

Voici les conditions qui pourront m’exempter de ces obligations :

  • Pour toutes situations d’urgences concernant la santé ou la sécurité d’un tiers ainsi que la mienne.
  • Advenant le décès d’un proche.
  • Un service fait à un tiers dont le transport ne m’avantage en aucune façon
Afin d’être en mesure d’analyser les conséquences qu’aura ce projet sur mes habitudes, mon entourage et moi-même, je publierai chaque jeudi un billet répertoriant les différents événements inhabituels provoqués par ce changement dans mes habitudes de transport. Ces conditions ne semblent peut-être pas très strictes pour bien des gens, mais je préfère commencer progressivement afin de diminuer les risques d'abandon. Si les choses se passent bien durant le prochain mois, alors je me soumettrais à des critères plus sévères.

Dès demain 7h je serais à pied.