Le
Parc National du Bic est un excellent endroit pour les cyclistes. Il n’y a pas beaucoup
de côtes et surtout il n’est pas très vaste. Il est possible de la parcourir de
long en large facilement et en peu de temps à vélo, ce qui n’est pas aussi aisé
à faire à pied. Je vais tout d’abord à la Pointe-aux-Épinettes, seulement je
n’y reste que quelques minutes. Ensuite, je me dirige vers la Ferme Rioux.
Peu
après l’entrée du camp de vacances, le Cap à l’Orignal, la piste cyclable se
rétrécit de beaucoup et est sinueuse rendant ainsi les dépassements plutôt risqués.
De plus, sur cette portion de piste le trafic y est beaucoup plus intense. Je
me retrouve très vite derrière un couple de cyclistes en vélo de montagne. Je
ne pensais pas qu’il était possible d’aller aussi lentement à vélo. J’ai le
même sentiment d’irritation que lorsque l’on se retrouve derrière un véhicule
motorisé roulant à 70 km/h sur une route où la limite est 90 km/h. Seulement,
dans la situation actuelle, c’est moi qui me rapproche plus du motorisé. Les
deux cyclistes on le casque, le maillot, les cuissards et les souliers qui clip
aux pédales dont je ne connais pas le nom. Pour ma part, je n’ai pas de casque,
un t-shirt et mes pantalons sont entrés dans mes bas pour ne pas se faire
déchirés par l’engrenage et je suis chargé comme une mule. Encore une preuve
que dans tout sport de fond c’est le cœur qui bat dans notre poitrine qui fait
toute la différence et non pas les 400$ d’équipement qu’on a sur le dos.
Après
une éternité à suivre le couple de cyclistes qui avance à une vitesse qui, dans
les pentes, me donne de la difficulté à rester en équilibre sur mon vélo,
j’arrive enfin à la Ferme Rioux. C’est à cet endroit que se déroulent la
plupart des activités organisées par le parc. Il y a vraiment beaucoup de monde
et je remarque le la majorité d’entre eux sont d’origine Européenne. Tous les
coins à l’ombre sont bien sûr tous occupés alors je m’assoie sur une table en
plein soleil. Des mamans qui changent des couches, tout en s’inquiétant de leurs
enfants qui jouent près de la mer et les papas qui leur disent de ne pas
s’inquiéter tout en réaménageant la glacière. L’ambiance familiale qui règne en
ces lieux de coïncide pas vraiment avec mon humeur plutôt de type voyageur
solitaire. C’est pourquoi, après 10 minutes, je décide de partir pour mon site
de camping.
Pour
me rendre au camping de la coulée je dois revenir sur mes pas, retourner vers
le camp de vacances le Cap à l’Orignal et de là prendre la piste qui porte elle
aussi le nom de la coulée. Ce sentier est beaucoup plus large et bien aménagé
que celui qui mène à la ferme Rioux et traverse la forêt ce qui rend
l’expérience très agréable. Par contre, le sentier est en fait deux longues
côtes. Tout d’abord je monte et monte encore avec les bagages en arrière qui commencent
à se faire de plus en plus lourds et les pneus qui s’enfoncent dans le sol
humide. Ensuite, un petit bout plat et une longue descente où j’ai de la
difficulté à contrôler ma vitesse afin de ne pas faire une sortie de route et aller m'éclater la gueule sur un arbre. Peu après un autre bout plat et une affiche avec une petite
tente dessinée dessus. Le sentier qui mène au site de camping est très à pique,
encombré de roches et une rigoles creusé par l’eau de pluie rend la descente
assez ardue. C’est pourquoi je descends de mon vélo afin de ne pas m’écraser
sur Dieu sait quoi une fois en bas.
Arrivé
sur le site de camping je mets peu de temps à trouver mon emplacement. Je fais
tout d’abord une petite inspection des lieux et constate qu’il s’agit d’un
endroit magnifique. Tout d’abord, je suis entouré d’arbres et il y a un petit
sentier qui part de mon emplacement pour se rendre au bord de la mer d’où j’ai
une vue splendide sur les îles du Bic. Je prends connaissance du calme qui
règne à cet endroit accessible seulement au transport non motorisé. La route la
plus proche n’étant, à 1,5 km j'entends, tout simplement aucun bruit de moteur.
De plus, la nature semble m’avoir fait un cadeau, car il n’y a aucune trace de
vent et nous sommes pourtant en pleine après-midi sur le bord de la mer.
Après
quelques minutes de contemplation, je me décide enfin à monter ma tente. Ce sera
un défi, car je dois la monter sur une plateforme de bois chose que je n’ai
jamais fait. Ce qui m’inquiète le plus, c’est que ma tente doit être piquée au
sol afin de prendre sa forme. Alors sans plus tarder je commence l’installation
il est environ 14h30. Deux heures plus tard, ma tente est enfin montée et bien fixée.
Ce ne fut pas chose facile, j’ai abusé des cordes et de la combinaison nœuds de
chaise et nœuds tendeurs avec quelques roches pour assurer la stabilité.
Heureusement pour moi, ce n’est pas les roches qui manquent sur le bord de la
mer. C’est la première fois que je mets autant de temps à monter une tente et
je suis très intrigué par la manière dont les autres campeurs y sont parvenus.
Ce n’est que quelques jours plus tard que j’apprendrai que pour fixer une tente
sur une plateforme de bois, il est nécessaire de posséder des ancrages. Chose
que je ne savais pas à ce moment.
Maintenant
que ma tente est montée, je peux profiter de la soirée. Un employé de la SEPAQ
est venu me porter du bois un peu plus tôt. Je sais que la faim ne tardera pas
à arriver alors je pars mon feu afin d’avoir de la braise pour me faire à souper.
Entre temps, je vais un peu sur le bord de la mer. Je constate avec plaisir que
la marée est haute et que l’absence de vent durant la journée a engendré une
mer d’huile devant moi. C’est les conditions idéales pour m’adonner à un de mes
passe-temps favoris c'est-à-dire faire des bonds sur l’eau en lançant des
galets. Lorsque le feu est prêt, j’installe bien confortablement une canne de
beans au sirop d’érable directement sur la braise et en très peu de temps je
vois la fumé s’échapper de ladite canne. Lorsque les beans sont bien chaudes,
je retire la canne du feu, débouche une cannette de bière et m’assois sur le
bord de la mer pour manger. Je suis au paradis.
Une
fois le souper engloutit, je passe la soirée à lancer des roches dans l’eau, à
écouter de la musique et à réfléchir. Le seul petit incident est lorsque je
lance une roche, celle-ci rebondit allègrement sur le miroir ondulé qu’est la
mer, quand soudain un phoque sort la tête de l’eau et manque littéralement se la prendre en pleine gueule. S’il y avait eu un naturaliste de la SEPAQ à
ce moment là il aurait probablement fait la danse du bacon sur le sol et criant
comme une fillette. Cependant, lorsque j’y réfléchis bien je suis aussi un être
biologique et je fais partie aussi de la nature. Alors si la nature a donné à
mon espèce la faculté de se divertir en lançant des cailloux dans l’eau alors
les animaux y vivant devront vivre avec. C’est à croire que les phoques ne
dérangent jamais personne.
Lorsque
le soleil disparaît à l’horizon, je range mon équipement dans ma tente et je me
prépare pour la nuit. Le calme ambiant et la fatigue de la journée font en
sorte que je m’endors rapidement.
Le
lendemain je constate qu’il a plu durant la nuit, on ne m’aurait tout de même
pas laissé démonter ma tente au sec tout de même. Alors comme lorsque je
voyageais à pied j’enclenche la même routine. Tout d’abord démonter la tente et
ranger le campement pour ensuite prendre un déjeuner. Celui-ci consiste à mon traditionnel
duo canne de thon et boîte de lait Ensure. Par contre, ce matin, j’ai en plus la
brioche au chocolat que j’avais acheté la veille. Une fois le déjeuner mangé,
j’accroche mes bagages à mon vélo et je retourne chez moi en un seul trait en
parcourant le chemin de la veille en sens inverse. Bien évidemment mes jambes
protestent un peu au début, mais je ne suis plus un débutant en la matière, je
sais que l’endorphine les fera taire peu après mon départ. Ce qui arriva.
Je
suis rentré chez moi fatigué mais très heureux de mon petit voyage. D’ailleurs
sur le chemin j’ai eu la chance voir quatre chevreuils et deux perdrix. Encore
une fois, je me suis prouvé qu’il n’est pas nécessaire d’aller très loin pour
vivre de belle expérience et que l’aventure se trouve souvent juste derrière notre
porte.
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