Ces derniers temps, j’ai sérieusement
négligé mon blogue. Ce n’est pas faute d’avoir marcher, car pour marcher je
marche. Ma carrière en tant que technicien en tourisme a débuté en avril
dernier. Puisqu’au Québec, la haute saison touristique s’étend de la Saint-Jean-Baptiste
à la fête du Travail, je fus grandement occupé durant cette période. D’ailleurs,
ma dernière publication remonte justement au 24 juin 2011. Je fus tellement
occupé que j’en ai même oublié le premier anniversaire de mon blogue. Mon
travail consiste à coordonner des voyages de groupes, et je reste assis devant
un ordinateur durant sept heures par jour. Donc, le soir, lorsque la journée
est terminée la dernière chose que j’ai envie de faire est de m’asseoir devant
mon portable pour écrire. Seulement 5 mois après avoir débuté ma carrière, je
réalise qu’il n’est pas facile de combiner ma vie professionnelle à celle de
marcheur.
Premièrement, le principal défi
consiste à s’adapter à l’étalement urbain. Les emplois sont situés de plus en
plus dans les centres-villes des grands centres urbains, où les prix des
maisons et logements deviennent de moins en moins accessibles pour le budget des
travailleurs. Sinon ils sont à l’extérieur des villes loin des zones
résidentielles. En résumé, plus le temps passe, plus il est difficile de vivre
à une distance raisonnable de son lieu de travail. À cela, ajoutons la
fermeture de nombreux commerces de quartier au profit de méga centre loin de
tout où la voiture y est reine. La solution serait d’emménager dans une petite
ville, cependant les régions du Québec sont malheureusement en dévitalisation,
donc on y offre de moins en moins de service et les emplois y sont rares.
L’autre solution serait de me déplacer principalement en voiture. Le problème
est que je n’apprécie pas vraiment ce moyen de transport. Donc, je n’ai plus
qu’à m’obstiner et à marcher quand même.
La deuxième difficulté à allier vie
professionnelle et vie de marcheur découle de la première. À m’obstiner à
marcher quand même dans un environnement de moins en moins adapté à la marche,
je marche tellement pour effectuer mes déplacements de tous les jours que
j’éprouve beaucoup moins de plaisir à me déplacer à pied. Depuis avril, je
marche plus que jamais. Seulement pour aller travailler je marche 2,5 km pour
me rendre jusqu’au traversier, une fois à Québec un parcours spécial du RTC
m’emmène tout près de mon travail. Le soir, n’ayant pas ce parcours spécial je
marche 3 km pour me rendre au traversier et une fois de l’autre côté encore 2,5
km pour me rendre chez moi. En tout je marche 8 km quotidiennement, et cela,
sans compter mes autres déplacements, comme aller acheter le journal ou visiter
des amis. J’estime que mes déplacements quotidiens font augmenter mon compteur
de 40 kilomètres par semaine. Au début je croyais que 40 km ne serait pas un
problème, jusqu’à ce que, vers la fin mai, de solides crampes aux mollets se mettent
à me visiter durant la nuit. De plus,
depuis le mois de juin j’éprouve une vive douleur derrière la cuisse gauche
lorsque je reste assis trop longtemps. Je me dis pourtant que ces malaises sont
plutôt inusités pour un jeune homme de 28 ans. Cependant, dans mon cas je crois
que ce n’est pas l’âge le problème, mais le kilométrage. Finalement, la
distance que je dois parcourir pour effectuer mes déplacements de bases est si
importante que je n’ai plus envie d’en faire davantage.
Un autre conflit oppose ma vie
professionnelle et celle de marcheur. J’ai choisi de faire carrière dans le
tourisme et au Québec, c’est durant la saison estivale où il y a le plus de
travail dans ce domaine. Seulement, ma passion est de voyager à pied et pour
combler cette passion il est nécessaire de bénéficier de beaucoup de temps
durant l’été. Parfois, j’ai bien peur que la marche que je fis à l’été 2010
juste avant de débuter ma carrière soit le dernier voyage à pied avant longtemps.
Deux alternatives s’offrent à moi. La première est de m’impliquer au maximum
dans ma carrière en tourisme, ce qui me permettra d’avoir une stabilité
financière et de recommencer à voyager à pied une fois à l’âge de la retraite.
Cependant, il y a toujours le risque qu’à cet âge je n’ai plus la santé de
marcher durant des journées entières ou tout simplement que je meurs avant. Le
deuxième est de suivre mes rêves et de parcourir le monde à pied. Cela implique
des emplois précaires durant l’hiver et un avenir incertain. La solution serait
de combiner les deux, de travailler au développement du tourisme pédestre au
Québec. Cela est une option que j’envisage depuis la fin de mes études.
Seulement, cela semble une tâche colossale, surtout pour un jeune tout juste
débarquer dans l’industrie du tourisme ou la compétition ne fait pas de
quartier.
Le travail de bureau entre 9 H et 17
H a ces avantages. Comme m’a dit un ami, je suis assis au sec et au chaud. De
plus, mon travail m’offre un horaire fixe avec toutes mes fins de semaine de
congé et un emploi presque garanti à l’année. Ce qui n’est pas toujours le cas
dans une industrie saisonnière comme le tourisme. Je voulais faire de petit
voyage à pied cet été mais malheureusement, cela n’a pas eu lieu, car durant la
fin de semaine je tente de me reposer des 40 kilomètres que j’ai faits durant
la semaine. Cependant, il n’est pas question que j’aille au travail autrement.
C’est 8 kilomètres quotidiens représentent mon petit moment de liberté. De
plus, je suis toujours persuadé que la dépendance à l’automobile encouragée par
l’étalement urbain toujours grandissant est une menace pour notre civilisation.
Je veux bien faire du 9 à 5 dans un bureau, mais il y a des limites à se
conformer.
Peu importe les choix que je ferai
et ce que l’avenir me réserve, une chose est sûre, je vivrai toujours selon mes
principes et jamais je n’arrêterai de marcher.
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