PARTIE 1
J’ouvre les
yeux, la chambre est baignée de cette lumière bleutée caractéristique à l’aube.
Ce matin, il n’y pas de presse puisque je n’ai pas de campement à démonter et
que mon sac est déjà prêt. De plus, un déjeuner tout prêt, préparer par M.
Chouanière m’attend, je l’entends qui
s’active en bas. Je me lève et m’habille. Mes hanches et mes pieds me font
particulièrement mal. Toutefois, je suis persuadé qu’une fois mes muscles
réchauffés, cet inconfort disparaîtra. J’empoigne mon sac, mon chapeau et mon
bâton et descends à l’étage.
M. Chouanière
est là et la table est mise. L’odeur de pain frais, de café et d’oeuf rôtis me
donne l’eau à la bouche. Mon hôte m’invite à m’asseoir, invitation que
j’accepte immédiatement. Une fois assis, il m’offre du café, mais me met en
garde : « Si tu veux du café c’est bon, mais je t’avertis c’est du
café de cowboy ». M. Chouanière et sa blonde boivent du café bouilli dans
l’eau. De toute façon, connaissant l’effet que le café a sur mes intestins
lorsqu’il est consommé tôt le matin, je refuse la tasse sans regret. Par contre,
j’accepte le jus d’orange fraîchement pressé, les rôtis de pain frais et les
œufs fraichement sortis du poulailler. Une fois mon assiette devant moi,
j’inonde mes rôtis de confiture de pruneau maison et j’engouffre le tout.
Durant tout ce temps, M. Chouanière reste assis dans sa berçante à boire son
café et à me regarder me délecter de son repas.
Une fois ce
repas engloutit, le moral est à son meilleur et je suis prêt à affronter cette
troisième journée de marche. Il est temps de dire au revoir à mon hôte. M.
Chouanière m’escorte jusqu’à la porte de la maison et c’est là que nous faisons
nos adieux. Juste avant de partir il me souhaite bonne chance et dit :
« Hit the road man ».
Me revoilà sur
la route. Ce matin il ne vente pas, le ciel est nuageux et la température est
agréable. Je suis tout de suite envahi par les odeurs du matin à la campagne. L’odeur
de l’herbe baignée de rosée, d’air marin et de différentes essences d’arbres
qui composent la forêt qui entoure la région. De plus, ce que j’apprécie le
plus c’est, qu’à cette heure, il n’y pas de voiture sur la route. C’est sans
rencontrer de voitures que je parcours la petite section de la Route #132 qui
me reste afin de me rendre à l’intersection de la route qui me mènera dans les
collines qui longent le St-Laurent. C’est dans ces collines que sillonne le Sentier du littoral basque. Ce chemin me
mènera à Trois-Pistoles et de là je reprendrai la Route #132 pour me rendre au
Camping des flots bleus sur mer, où je passerai la nuit. Le moral est bon
aujourd’hui et j’ai espoir que cette journée sera moins éreintante que la
précédente.
Je mets quelque
temps à atteindre le Sentier, surtout que je dois monter le flanc de la
colline. Une fois en haut et bien enfoncé dans la forêt, j’aperçois la pancarte
de la route verte. Je me place un moment devant l’entrée de ce sentier et
regarde le petit chemin de pierre concassé qui s’engouffre dans la forêt. Une
pancarte indiquant l’interdiction aux véhicules motorisés m’annonce que je
m’apprête à pénétrer dans une zone où les voyageurs à pied sont les bienvenus.
La traversée du Sentier du littoral basque est très
agréable. L’odeur de la forêt, la tranquillité des lieux et les nutriments du
déjeuner contenu dans le sang qui irrigue mes veines me font passer un agréable
moment. Je ne ressens ni douleur ni fatigue, ce qui permet à mon esprit de
réfléchir à toutes sortes de choses, au lieu
d’essayer d’estimer le nombre de kilomètres qui me restent à parcourir
avant d’arriver au prochain point de repos. Bien évidemment, les moustiques se
jettent sur le buffet à volonté que je suis pour eux. Je prends le temps qu’il
faut pour me badigeonner d’huile à mouche.
Le sentier me
mène d’abord au Camping la Plage.
C’est à ce camping que mon oncle, originaire de Trois-Pistoles, possédait jadis
une roulotte où lui et sa famille aimaient passer l’été. J’ai maintenant quitté
les collines et le fleuve est maintenant proche. Je fais une pause sur un banc
dédié au promeneur et je regarde un agriculteur à bord de son tracteur labourer
son champ.
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