Nouveauté :

NOUVEAUTÉ:

Carnet d'un marcheur prend un nouvelle direction.

samedi 24 septembre 2011

29 mai 2010 : De par les pays des Rioux

PARTIE 2

Plus loin, je retourne sur le pavé et je parcours une route qui longe le fleuve et m’amène à traverser une zone habitée qui ressemble à Saint-Fabien-sur-Mer. Mon estomac me lance soudain un avertissement, le déjeuner de ce matin est maintenant consommé et si je veux continuer à ce rythme je dois faire le plein de nutriments. La grève étant à 100 mètres à peine, je décide de m’y rendre et de manger ma canne de thon et boîte de lait Ensure quotidienne. Il me reste encore de ces petits pains de seigle que mon père m’a fait et qui accompagnent joliment ce repas. Étant donné que je suis dans une zone habité, je trouve immédiatement une poubelle pour me débarrasser de mes déchets. J’approche maintenant dangereusement de Trois-Pistoles et les choses vont bien jusqu’à maintenant.

Une fois à l’entrée de la ville je repère une cabine téléphonique où j’en profite pour téléphoner à mon père. Il répond et nous avons une brève discussion. Je lui informe de mon état et de l’endroit où je suis. Après quelques minutes de conversation, il me souhaite bonne chance et je raccroche. Ensuite, j’appelle au camping Les flots bleus sur mer afin de m’assurer que je puisse avoir une place pour la nuit. L’homme qui me répond me dit qu’à ce temps-ci les campeurs ne se poussent pas aux portes pour un emplacement de camping. Lorsqu’il me demande à quelle heure je compte arriver je lui apprends que je suis à pied. Il me dit qu’il y a environ 10 kilomètres entre son camping et l’église de Trois-Pistoles et cela me prendra environ une demi-heure. Je sais pertinemment qu’il raconte n’importe quoi et qu’il n’a aucune idée du temps qu’il faut pour parcourir une distance pareille à pied. Je fais aucun commentaire et acquiesce sachant très bien que je n’arriverai jamais là-bas avant quelques heures. De plus, j’ai l’intention d’arrêter manger à Trois-Pistoles.

Je raccroche le combiné et reprends ma route jusqu'à ce que j’arrive devant l’église de Trois-Pistoles. Celle-là même qui a inspiré la légende. Les passionnés de folklore et les amateurs de bière sauront de quoi je parle. Je m’assis sur un banc pour un moment, il est 11h30. Je reste assis là une bonne vingtaine de minutes à reprendre mon souffle et à réfléchir. Mon corps semble s’accoutumer à ce train de vie puisque je suis en bien meilleure forme qu’hier. Quoique de dormir dans un lit et le déjeuner de ce matin y est surement pour quelque chose. Je repars donc, après ce bref répit et emprunte la rue Notre-Dame qui traverse la ville.

Je ne sais qui fut le premier Rioux à s’installer dans les environs, ni l’endroit exact où il fonda sa famille, mais il a dû avoir plusieurs garçons. Car depuis Saint-Fabien je ne peux compter le nombre d’endroits qui porte leur nom. Chemins, anses, pointes, rues, etc.., décidément je suis sur leur terre et le Sauvé que je suis à intérêt à bien ce tenir. De toute façon, je suis habituer car, des Sauvé dans le Bas-du-Fleuve, il n’en a pas des masses. En fait, mon Grand-père paternel fut le premier.

jeudi 22 septembre 2011

La Marche VS L'Étalement urbain


Ces derniers temps, j’ai sérieusement négligé mon blogue. Ce n’est pas faute d’avoir marcher, car pour marcher je marche. Ma carrière en tant que technicien en tourisme a débuté en avril dernier. Puisqu’au Québec, la haute saison touristique s’étend de la Saint-Jean-Baptiste à la fête du Travail, je fus grandement occupé durant cette période. D’ailleurs, ma dernière publication remonte justement au 24 juin 2011. Je fus tellement occupé que j’en ai même oublié le premier anniversaire de mon blogue. Mon travail consiste à coordonner des voyages de groupes, et je reste assis devant un ordinateur durant sept heures par jour. Donc, le soir, lorsque la journée est terminée la dernière chose que j’ai envie de faire est de m’asseoir devant mon portable pour écrire. Seulement 5 mois après avoir débuté ma carrière, je réalise qu’il n’est pas facile de combiner ma vie professionnelle à celle de marcheur.

            Premièrement, le principal défi consiste à s’adapter à l’étalement urbain. Les emplois sont situés de plus en plus dans les centres-villes des grands centres urbains, où les prix des maisons et logements deviennent de moins en moins accessibles pour le budget des travailleurs. Sinon ils sont à l’extérieur des villes loin des zones résidentielles. En résumé, plus le temps passe, plus il est difficile de vivre à une distance raisonnable de son lieu de travail. À cela, ajoutons la fermeture de nombreux commerces de quartier au profit de méga centre loin de tout où la voiture y est reine. La solution serait d’emménager dans une petite ville, cependant les régions du Québec sont malheureusement en dévitalisation, donc on y offre de moins en moins de service et les emplois y sont rares. L’autre solution serait de me déplacer principalement en voiture. Le problème est que je n’apprécie pas vraiment ce moyen de transport. Donc, je n’ai plus qu’à m’obstiner et à marcher quand même.

            La deuxième difficulté à allier vie professionnelle et vie de marcheur découle de la première. À m’obstiner à marcher quand même dans un environnement de moins en moins adapté à la marche, je marche tellement pour effectuer mes déplacements de tous les jours que j’éprouve beaucoup moins de plaisir à me déplacer à pied. Depuis avril, je marche plus que jamais. Seulement pour aller travailler je marche 2,5 km pour me rendre jusqu’au traversier, une fois à Québec un parcours spécial du RTC m’emmène tout près de mon travail. Le soir, n’ayant pas ce parcours spécial je marche 3 km pour me rendre au traversier et une fois de l’autre côté encore 2,5 km pour me rendre chez moi. En tout je marche 8 km quotidiennement, et cela, sans compter mes autres déplacements, comme aller acheter le journal ou visiter des amis. J’estime que mes déplacements quotidiens font augmenter mon compteur de 40 kilomètres par semaine. Au début je croyais que 40 km ne serait pas un problème, jusqu’à ce que, vers la fin mai, de solides crampes aux mollets se mettent à me visiter durant la nuit.  De plus, depuis le mois de juin j’éprouve une vive douleur derrière la cuisse gauche lorsque je reste assis trop longtemps. Je me dis pourtant que ces malaises sont plutôt inusités pour un jeune homme de 28 ans. Cependant, dans mon cas je crois que ce n’est pas l’âge le problème, mais le kilométrage. Finalement, la distance que je dois parcourir pour effectuer mes déplacements de bases est si importante que je n’ai plus envie d’en faire davantage.

            Un autre conflit oppose ma vie professionnelle et celle de marcheur. J’ai choisi de faire carrière dans le tourisme et au Québec, c’est durant la saison estivale où il y a le plus de travail dans ce domaine. Seulement, ma passion est de voyager à pied et pour combler cette passion il est nécessaire de bénéficier de beaucoup de temps durant l’été. Parfois, j’ai bien peur que la marche que je fis à l’été 2010 juste avant de débuter ma carrière soit le dernier voyage à pied avant longtemps. Deux alternatives s’offrent à moi. La première est de m’impliquer au maximum dans ma carrière en tourisme, ce qui me permettra d’avoir une stabilité financière et de recommencer à voyager à pied une fois à l’âge de la retraite. Cependant, il y a toujours le risque qu’à cet âge je n’ai plus la santé de marcher durant des journées entières ou tout simplement que je meurs avant. Le deuxième est de suivre mes rêves et de parcourir le monde à pied. Cela implique des emplois précaires durant l’hiver et un avenir incertain. La solution serait de combiner les deux, de travailler au développement du tourisme pédestre au Québec. Cela est une option que j’envisage depuis la fin de mes études. Seulement, cela semble une tâche colossale, surtout pour un jeune tout juste débarquer dans l’industrie du tourisme ou la compétition ne fait pas de quartier.

            Le travail de bureau entre 9 H et 17 H a ces avantages. Comme m’a dit un ami, je suis assis au sec et au chaud. De plus, mon travail m’offre un horaire fixe avec toutes mes fins de semaine de congé et un emploi presque garanti à l’année. Ce qui n’est pas toujours le cas dans une industrie saisonnière comme le tourisme. Je voulais faire de petit voyage à pied cet été mais malheureusement, cela n’a pas eu lieu, car durant la fin de semaine je tente de me reposer des 40 kilomètres que j’ai faits durant la semaine. Cependant, il n’est pas question que j’aille au travail autrement. C’est 8 kilomètres quotidiens représentent mon petit moment de liberté. De plus, je suis toujours persuadé que la dépendance à l’automobile encouragée par l’étalement urbain toujours grandissant est une menace pour notre civilisation. Je veux bien faire du 9 à 5 dans un bureau, mais il y a des limites à se conformer.

            Peu importe les choix que je ferai et ce que l’avenir me réserve, une chose est sûre, je vivrai toujours selon mes principes et jamais je n’arrêterai de marcher.

samedi 17 septembre 2011

29 mai 2010 : De par le pays des Rioux


PARTIE 1

J’ouvre les yeux, la chambre est baignée de cette lumière bleutée caractéristique à l’aube. Ce matin, il n’y pas de presse puisque je n’ai pas de campement à démonter et que mon sac est déjà prêt. De plus, un déjeuner tout prêt, préparer par M. Chouanière m’attend,  je l’entends qui s’active en bas. Je me lève et m’habille. Mes hanches et mes pieds me font particulièrement mal. Toutefois, je suis persuadé qu’une fois mes muscles réchauffés, cet inconfort disparaîtra. J’empoigne mon sac, mon chapeau et mon bâton et descends à l’étage. 

M. Chouanière est là et la table est mise. L’odeur de pain frais, de café et d’oeuf rôtis me donne l’eau à la bouche. Mon hôte m’invite à m’asseoir, invitation que j’accepte immédiatement. Une fois assis, il m’offre du café, mais me met en garde : « Si tu veux du café c’est bon, mais je t’avertis c’est du café de cowboy ». M. Chouanière et sa blonde boivent du café bouilli dans l’eau. De toute façon, connaissant l’effet que le café a sur mes intestins lorsqu’il est consommé tôt le matin, je refuse la tasse sans regret. Par contre, j’accepte le jus d’orange fraîchement pressé, les rôtis de pain frais et les œufs fraichement sortis du poulailler. Une fois mon assiette devant moi, j’inonde mes rôtis de confiture de pruneau maison et j’engouffre le tout. Durant tout ce temps, M. Chouanière reste assis dans sa berçante à boire son café et à me regarder me délecter de son repas. 

Une fois ce repas engloutit, le moral est à son meilleur et je suis prêt à affronter cette troisième journée de marche. Il est temps de dire au revoir à mon hôte. M. Chouanière m’escorte jusqu’à la porte de la maison et c’est là que nous faisons nos adieux. Juste avant de partir il me souhaite bonne chance et dit : « Hit the road man ». 

Me revoilà sur la route. Ce matin il ne vente pas, le ciel est nuageux et la température est agréable. Je suis tout de suite envahi par les odeurs du matin à la campagne. L’odeur de l’herbe baignée de rosée, d’air marin et de différentes essences d’arbres qui composent la forêt qui entoure la région. De plus, ce que j’apprécie le plus c’est, qu’à cette heure, il n’y pas de voiture sur la route. C’est sans rencontrer de voitures que je parcours la petite section de la Route #132 qui me reste afin de me rendre à l’intersection de la route qui me mènera dans les collines qui longent le St-Laurent. C’est dans ces collines que sillonne le Sentier du littoral basque. Ce chemin me mènera à Trois-Pistoles et de là je reprendrai la Route #132 pour me rendre au Camping des flots bleus sur mer, où je passerai la nuit. Le moral est bon aujourd’hui et j’ai espoir que cette journée sera moins éreintante que la précédente. 
 
Je mets quelque temps à atteindre le Sentier, surtout que je dois monter le flanc de la colline. Une fois en haut et bien enfoncé dans la forêt, j’aperçois la pancarte de la route verte. Je me place un moment devant l’entrée de ce sentier et regarde le petit chemin de pierre concassé qui s’engouffre dans la forêt. Une pancarte indiquant l’interdiction aux véhicules motorisés m’annonce que je m’apprête à pénétrer dans une zone où les voyageurs à pied sont les bienvenus. 

La traversée du Sentier du littoral basque est très agréable. L’odeur de la forêt, la tranquillité des lieux et les nutriments du déjeuner contenu dans le sang qui irrigue mes veines me font passer un agréable moment. Je ne ressens ni douleur ni fatigue, ce qui permet à mon esprit de réfléchir à toutes sortes de choses, au lieu  d’essayer d’estimer le nombre de kilomètres qui me restent à parcourir avant d’arriver au prochain point de repos. Bien évidemment, les moustiques se jettent sur le buffet à volonté que je suis pour eux. Je prends le temps qu’il faut pour me badigeonner d’huile à mouche. 

Le sentier me mène d’abord au Camping la Plage. C’est à ce camping que mon oncle, originaire de Trois-Pistoles, possédait jadis une roulotte où lui et sa famille aimaient passer l’été. J’ai maintenant quitté les collines et le fleuve est maintenant proche. Je fais une pause sur un banc dédié au promeneur et je regarde un agriculteur à bord de son tracteur labourer son champ.