Il y a quelque temps une vague de froid frappa le Québec. Les annonceurs météo exagérèrent le tout avec le facteur vent, mais il me semble que nous savons tous qu’à -28 face au vent c’est plus désagréable. Pour ma part, je ne m’inquiétais pas, étant né ici ce n’était pas la première fois que je devais m’exposer à des températures en dessous de -20 degrés. Mais attendez, il y aussi 7 millions d’autres personnes qui comme moi sont nées au Québec. Alors pourquoi tout ce remous au bulletin météo et dans les conversations de mes compatriotes?
Un soir, durant une de ces journées de grand froid, nous fûmes invités ma blonde et moi à prendre un verre dans un bistrot du Vieux-Québec. Nous nous y rendîmes à pied bien évidemment et nous passâmes une très belle soirée. Cependant, juste avant de quitter de bistrot, j’avais mon manteau sur le dos, j’interceptai une conversation entre deux personnes avec qui nous avions passé la soirée. Ces deux personnes discutaient du sujet dont les Québécois discutent le plus souvent c'est-à-dire de la météo. L’un d’entre eux disait qu’il était épouvantable d’affronter, depuis tant de jours, ce froid polaire. Je me penchai vers cet homme et lui qu’il s’agissait de s’habiller convenablement et qu’il s’agissait seulement que de température sous les -20 degrés. Voilà ce qu’il me répondit : « Un manteau Kanuk ça coûte 1000$ ». Je faillis tomber par terre et je restai quelques secondes coi par l’absurdité de son argument. Il dit ensuite qu’il dehors il faisait très froid et me fit comprendre qu’il avait toutes les raisons du monde de se lamenter.
Le lendemain j’étais encore troublé par les propos de cet homme. Après réflexion je suis venu à la conclusion que, selon lui, ce n’est pas de notre faute si nous avons froid, car, les manteaux de qualités coûtent trop chers. Ah! Pauvre de nous me suis-je dit, qu’attendons-nous pour organiser une manifestation et militer pour que les ignobles marchands de manteaux cessent leurs incessantes quêtes de profits. Cependant, mes ardeurs se dissipèrent lorsque je me rendis compte que malgré ce froid polaire je n’avais pas beaucoup souffert du froid.
Malgré le froid, je n’ai pas cessé de me rendre au travail à pied, cela veut dire une heure de marche chaque jour comme à l’habitude. De plus, lors de cette soirée j’ai parcouru les 3 kilomètres qui séparent ma maison de la traverse et pourtant je n’avais pas eu froid. Vous vous dîtes : « tu dois avoir un manteau Kanuk ou Canada Goose ». Eh bien non, j’ai un manteau de planche à neige que j’ai acheté il y a 6 ans. Alors comment réalisai-je cet exploit? C’est bien simple, avec des caleçons longs et un chandail de laine, une tuque et un cache-cou. L’item le plus dispendieux est le chandail de laine pure à 100% que j’ai payé presque 100$. Par contre un gilet de laine bien entretenu peut durer plus de 10 ans et c’est chaud et ça respire. Combien de chandails à la mode une personne peut acheter en dix ans? Pour ce qui est de mon manteau, en effet il n’est plus tout à fait neuf. Cependant lorsqu’il s’endommage je l’apporte chez le cordonnier. Il en reste quelques un encore. Pour quelques dollars il répare une fermeture éclaire ou une déchirure et votre manteau vous revient comme neuf.
Pour ceux de mon âge, les moins de 30 ans, qui croient qu’une température en dessous de -20 est insupportable, je leur suggère de penser à leurs grands-parents. Durant les premières années de ma vie, j’eus la chance de me faire garder par ma grand-mère au lieu d’aller en CPE. Je n’ai aucun souvenir d’elle me disant que nous ne pouvions pas aller dehors parce qu’il faisait trop froid. Cependant, je me souviens du regard courroucé qu’elle me jetait lorsque j’osais sortir sans ma tuque. Il est normal que, lorsque l’on a passé la majeure partie de sa vie durant l’époque où les soins de santé étaient payants, l’on s’arrange pour éviter d’être malade. C’est d’ailleurs de ma famille que j’ai appris à m’habiller de façon à endurer des froids intenses et ce, sans avoir à débourser 1000$ pour un manteau.
Après avoir réfléchi à tout cela je me pose cette question. Comment un peuple du nord comme nous en est venu à ne plus être capable de s’habiller convenablement pour endurer des froids sous les -20 degrés? Comment se fait-il que, nous nous plaignons lorsque nous devons marcher à peine 100 mètres dans un stationnement déblayé pour ensuite s’asseoir dans une voiture avec du chauffage et de la musique? Je crois qu’il n’est pas normal qu’un peuple, dont les ancêtres passaient les hivers dans des maisons sans électricité ni eau courante et travaillaient dehors tout l’hiver à longueur de journée et qui possèdent autant de technologie, ne soit plus capable d’affronter l’hiver.
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