PARTIE 2
La première étape sur mon itinéraire est de me rendre jusqu'au Parc National du Bic. J’ai réservé un emplacement de camping là-bas. C’est d’ailleurs le seul endroit où j’ai réservé pour une nuit d’hébergement. L’expérience acquise l’an passé m’a appris qu’il vaut mieux être souple dans l’organisation de son itinéraire lorsque l’on voyage à pied. Car, en utilisant la marche comme moyen de transport il est presque impossible de contrôler sont environnement. C'est pourquoi cette année j’ai décidé de dresser une liste de tous les établissements d’hébergements, restaurants, épicerie, pharmacie et autres commerces qui se trouveront sur mon chemin. Ce fut un travail de moine, mais cela me permettra d’adapter mon itinéraire dépendamment de ce qui m’arrive en route.
Je suis partie à pied de cette maison des centaines voir des milliers de fois dans ma vie. Cependant, c’est la première fois que je quitte la maison pour une marche de 300 kilomètres. Je réfléchis qu’au début dans les premiers moments du voyage je marcherai dans des lieux qui me sont extrêmement familiers et qu’à mesure que je vais avancer les lieux deviendront peu à peu étrangers. De plus, cette fois-ci je suis seul et je suis curieux de voir comment je réagirai après plusieurs jours de voyage.
Après avoir quitté la cour de la maison de mes parents, je n’ai aucun besoin de m’assurer que je prends la bonne route pour me rendre sur le sentier du littoral. Car, je l’ai si souvent emprunté à vélo ou à pied étant plus jeune. Je me dirige immédiatement vers le stationnement du Super marché afin de m’éviter de faire un détour par la rue. Dans le stationnement je croise deux jeunes hommes. Je remarque immédiatement que, contrairement à moi qui commence sa journée, eux la finissent. L’aube est un moment très intéressant puisque c’est le moment ou la nuit laisse la place au jour. C’est autrement dit une zone de transition dans le temps. C’est en fait le seul moment ou ceux qui se lèvent tôt et ceux qui se couchent tard ont la chance de se rencontrer. Donc, ces deux jeunes hommes et moi sommes au même endroit dans l’espace, mais pas dans le temps. Eux sont pour moi hier soir et moi je suis pour eux demain matin.
Après avoir contourné le Super marché, j’emprunte la rue Saint-Louis un moment et tourne vers l’Ouest sur la rue Saint-Laurent. Lorsque j’arrive devant l’ancienne maison de ma grand-mère je m’arrête un instant pour lui adressé une pensée. Ensuite, je descends jusqu’à la rue Sirois, tourne à droite jusqu’à la rue Saint-Jean-Baptiste et me rends sur le sentier qui longe la rivière. Bien qu’il fasse soleil, je suis forcé d’avouer que j’ai un peu froid. Le nordet souffle fort, mais heureusement pour moi je me dirige vers l’Ouest. J’aurais donc le vent dans le dos et mon sac me protègera de sa morsure. Ensuite, je longe le sentier jusqu’au fleuve à l’entrée du Sentier du Littoral. Ce sentier me permettra de sortir de la ville sans avoir à marcher sur le bord de la 132, dont le trafic s’intensifie à mesure que l’heure avance.
Depuis que je suis parti, un souvenir se rattache à chaque endroit où mon regard se pose. Le Sentier du Littoral ne fait pas exception. Je connais le sentier par cœur pour l’avoir parcouru des centaines de fois à vélo. Je suis donc très content de retourner dans cette petite réserve de nature coincée entre la ville et le fleuve. C’est le cœur léger que je parcours les quelques kilomètres de ce sentier tout en prenant le temps d’admirer le paysage qui s’offre à moi. Lorsque j’arrive à l’autre bout du sentier je m’accorde une pause de quelques minutes.