Nouveauté :

NOUVEAUTÉ:

Carnet d'un marcheur prend un nouvelle direction.

samedi 12 février 2011

27 Mai 2010

PARTIE 2

La première étape sur mon itinéraire est de me rendre jusqu'au Parc National du Bic. J’ai réservé un emplacement de camping là-bas. C’est d’ailleurs le seul endroit où j’ai réservé pour une nuit d’hébergement. L’expérience acquise l’an passé m’a appris qu’il vaut mieux être souple dans l’organisation de son itinéraire lorsque l’on voyage à pied. Car, en utilisant la marche comme moyen de transport il est presque impossible de contrôler sont environnement. C'est pourquoi cette année j’ai décidé de dresser une liste de tous les établissements d’hébergements, restaurants, épicerie, pharmacie et autres commerces qui se trouveront sur mon chemin. Ce fut un travail de moine, mais cela me permettra d’adapter mon itinéraire dépendamment de ce qui m’arrive en route.

Je suis partie à pied de cette maison des centaines voir des milliers de fois dans ma vie. Cependant, c’est la première fois que je quitte la maison pour une marche de 300 kilomètres. Je réfléchis qu’au début dans les premiers moments du voyage je marcherai dans des lieux qui me sont extrêmement familiers et qu’à mesure que je vais avancer les lieux deviendront peu à peu étrangers. De plus, cette fois-ci je suis seul et je suis curieux de voir comment je réagirai après plusieurs jours de voyage.

Après avoir quitté la cour de la maison de mes parents, je n’ai aucun besoin de m’assurer que je prends la bonne route pour me rendre sur le sentier du littoral. Car, je l’ai si souvent emprunté à vélo ou à pied étant plus jeune. Je me dirige immédiatement vers le stationnement du Super marché afin de m’éviter de faire un détour par la rue. Dans le stationnement je croise deux jeunes hommes. Je remarque immédiatement que, contrairement à moi qui commence sa journée, eux la finissent. L’aube est un moment très intéressant puisque c’est le moment ou la nuit laisse la place au jour. C’est autrement dit une zone de transition dans le temps. C’est en fait le seul moment ou ceux qui se lèvent tôt et ceux qui se couchent tard ont la chance de se rencontrer. Donc, ces deux jeunes hommes et moi sommes au même endroit dans l’espace, mais pas dans le temps. Eux sont pour moi hier soir et moi je suis pour eux demain matin.

Après avoir contourné le Super marché, j’emprunte la rue Saint-Louis un moment et tourne vers l’Ouest sur la rue Saint-Laurent. Lorsque j’arrive devant l’ancienne maison de ma grand-mère je m’arrête un instant pour lui adressé une pensée. Ensuite, je descends jusqu’à la rue Sirois, tourne à droite jusqu’à la rue Saint-Jean-Baptiste et me rends sur le sentier qui longe la rivière. Bien qu’il fasse soleil, je suis forcé d’avouer que j’ai un peu froid. Le nordet souffle fort, mais heureusement pour moi je me dirige vers l’Ouest. J’aurais donc le vent dans le dos et mon sac me protègera de sa morsure. Ensuite, je longe le sentier jusqu’au fleuve à l’entrée du Sentier du Littoral. Ce sentier me permettra de sortir de la ville sans avoir à marcher sur le bord de la 132, dont le trafic s’intensifie à mesure que l’heure avance.

Depuis que je suis parti, un souvenir se rattache à chaque endroit où mon regard se pose. Le Sentier du Littoral ne fait pas exception. Je connais le sentier par cœur pour l’avoir parcouru des centaines de fois à vélo. Je suis donc très content de retourner dans cette petite réserve de nature coincée entre la ville et le fleuve. C’est le cœur léger que je parcours les quelques kilomètres de ce sentier tout en prenant le temps d’admirer le paysage qui s’offre à moi. Lorsque j’arrive à l’autre bout du sentier je m’accorde une pause de quelques minutes.

mardi 8 février 2011

Lorsqu'un peuple du Nord n'accepte plus l'hiver


Il y a quelque temps une vague de froid frappa le Québec. Les annonceurs météo exagérèrent le tout avec le facteur vent, mais il me semble que nous savons tous qu’à -28 face au vent c’est plus désagréable. Pour ma part, je ne m’inquiétais pas, étant né ici ce n’était pas la première fois que je devais m’exposer à des températures en dessous de -20 degrés. Mais attendez, il y aussi 7 millions d’autres personnes qui comme moi sont nées au Québec. Alors pourquoi tout ce remous au bulletin météo et dans les conversations de mes compatriotes?

Un soir, durant une de ces journées de grand froid, nous fûmes invités ma blonde et moi à prendre un verre dans un bistrot du Vieux-Québec. Nous nous y rendîmes à pied bien évidemment et nous passâmes une très belle soirée. Cependant, juste avant de quitter de bistrot, j’avais mon manteau sur le dos, j’interceptai une conversation entre deux personnes avec qui nous avions passé la soirée. Ces deux personnes discutaient du sujet dont les Québécois discutent le plus souvent c'est-à-dire de la météo. L’un d’entre eux disait qu’il était épouvantable d’affronter, depuis tant de jours, ce froid polaire. Je me penchai vers cet homme et lui qu’il s’agissait de s’habiller convenablement et qu’il s’agissait seulement que de température sous les -20 degrés. Voilà ce qu’il me répondit : « Un manteau Kanuk ça coûte 1000$ ». Je faillis tomber par terre et je restai quelques secondes coi par l’absurdité de son argument. Il dit ensuite qu’il dehors il faisait très froid et me fit comprendre qu’il avait toutes les raisons du monde de se lamenter.

Le lendemain j’étais encore troublé par les propos de cet homme. Après réflexion je suis venu à la conclusion que, selon lui, ce n’est pas de notre faute si nous avons froid, car, les manteaux de qualités coûtent trop chers. Ah! Pauvre de nous me suis-je dit, qu’attendons-nous pour organiser une manifestation et militer pour que les ignobles marchands de manteaux cessent leurs incessantes quêtes de profits. Cependant, mes ardeurs se dissipèrent lorsque je me rendis compte que malgré ce froid polaire je n’avais pas beaucoup souffert du froid.

Malgré le froid, je n’ai pas cessé de me rendre au travail à pied, cela veut dire une heure de marche chaque jour comme à l’habitude. De plus, lors de cette soirée j’ai parcouru les 3 kilomètres qui séparent ma maison de la traverse et pourtant je n’avais pas eu froid. Vous vous dîtes : « tu dois avoir un manteau Kanuk ou Canada Goose ». Eh bien non, j’ai un manteau de planche à neige que j’ai acheté il y a 6 ans. Alors comment réalisai-je cet exploit? C’est bien simple, avec des caleçons longs et un chandail de laine, une tuque et un cache-cou. L’item le plus dispendieux est le chandail de laine pure à 100% que j’ai payé presque 100$. Par contre un gilet de laine bien entretenu peut durer plus de 10 ans et c’est chaud et ça respire. Combien de chandails à la mode une personne peut acheter en dix ans? Pour ce qui est de mon manteau, en effet il n’est plus tout à fait neuf. Cependant lorsqu’il s’endommage je l’apporte chez le cordonnier. Il en reste quelques un encore. Pour quelques dollars il répare une fermeture éclaire ou une déchirure et votre manteau vous revient comme neuf.

Pour ceux de mon âge, les moins de 30 ans, qui croient qu’une température en dessous de -20 est insupportable, je leur suggère de penser à leurs grands-parents. Durant les premières années de ma vie, j’eus la chance de me faire garder par ma grand-mère au lieu d’aller en CPE. Je n’ai aucun souvenir d’elle me disant que nous ne pouvions pas aller dehors parce qu’il faisait trop froid. Cependant, je me souviens du regard courroucé qu’elle me jetait lorsque j’osais sortir sans ma tuque. Il est normal que, lorsque l’on a passé la majeure partie de sa vie durant l’époque où les soins de santé étaient payants, l’on s’arrange pour éviter d’être malade. C’est d’ailleurs de ma famille que j’ai appris à m’habiller de façon à endurer des froids intenses et ce, sans avoir à débourser 1000$ pour un manteau.

Après avoir réfléchi à tout cela je me pose cette question. Comment un peuple du nord comme nous en est venu à ne plus être capable de s’habiller convenablement pour endurer des froids sous les -20 degrés? Comment se fait-il que, nous nous plaignons lorsque nous devons marcher à peine 100 mètres dans un stationnement déblayé pour ensuite s’asseoir dans une voiture avec du chauffage et de la musique? Je crois qu’il n’est pas normal qu’un peuple, dont les ancêtres passaient les hivers dans des maisons sans électricité ni eau courante et travaillaient dehors tout l’hiver à longueur de journée et qui possèdent autant de technologie, ne soit plus capable d’affronter l’hiver.

vendredi 4 février 2011

Jour 1 : 27 Mai 2010

PARTIE 1

J’ouvre les yeux, le cadran affiche 4h52. Je me suis réveillé tout juste avant qu’il ne sonne. Je suis allongé là, dans la pièce qui fut jadis ma chambre. Les vestiges de mon adolescence, des affiches de groupes rock et des représentations de créatures terrifiantes sont toujours là pour en témoigner. C’est à cet endroit précis que, durant ma jeunesse, je me réveillais chaque matin. Soit en maudissant la personne qui avait décidé de l’heure du début des cours ou bien très tôt… l’après-midi, après avoir passé une grande partie de la nuit debout. Par contre, ce matin c’est différent, je me réveille à l’heure ou par le passé j’allais me coucher. Aujourd’hui je pars pour un autre voyage à pied. Une route d’environ 300 kilomètres qui je crois, me prendra 12 jours à parcourir. Cette fois-ci cela n’a rien à voir avec mes expériences passées. Dans quelques instants je partirai à pied de Rimouski, ma ville natale, avec pour destination finale, Beaumont, le village natal de ma blonde. À mes yeux, ce voyage symbolise le passage entre deux étapes importantes de ma vie. En effet, il y a quelques jours à peine j’ai terminé mes études. Ma blonde et moi avons décidé de nous installer à Lévis. C’est donc en parcourant la distance entre le lieu où j’ai grandi et celui où j’ai décidé de vivre ma vie d’adulte, que je transite entre deux étapes de ma vie.

Après quelques minutes à me remémorer des souvenirs du passé, je me lève et enfile mes vêtements. Puisque je devrais porter les mêmes vêtements durant presque deux semaines, j’ai opté pour des vêtements de sport. Le principal avantage des tissues dans lesquelles ses vêtements sont fabriqués est qu’ils ont la propriété de sécher très rapidement. En fait, je pars avec les mêmes vêtements que je portais lors de mon voyage de l’année dernière. Mis à part le t-shirt du Pentathlon des neiges que je reçus lors de ma participation à l’édition 2010 de cette compétition.

Une fois habillé, je prends mon sac à dos, mon chapeau et mon bâton et je monte à la cuisine pour déjeuner. Cette année, par curiosité, j’ai pesé mon sac à dos et son poids s’élève à 16,3 kg (36 livres). J’aurai pu me passer de cette information, mais il y avait une balance chez mon père. Donc, une fois dans la cuisine, je me prépare un bon déjeuner américain. Car, j’aurais besoin d’énergie pour marcher 300 kilomètres, alors il vaut mieux que je mette toutes les chances de mon côté. Je consulte la météo, on annonce un maximum de 17 degrés. Les quatre derniers jours furent très chauds, avec des maximums de 30 degrés à chaque jour. Bien évidemment, au moment où je pars pour une marche de 12 jours la température descend de 15 degrés.

Mon déjeuner avalé, je m’assure de n’avoir rien oublié et j’annonce à mes parents que je suis fin prête à partir. Je fais mes salutations à mes parents et leur promets que je donnerai des nouvelles souvent. Je prends mon sac, l’ajuste, place mon chapeau sur ma tête, empoigne mon bâton et d’un pas solennel je me dirige vers la porte. Soudain, je constate qu’il y a quelque chose qui cloche. Je baisse les yeux vers mes pieds et m’aperçois que j’ai oublié d’enfiler mes souliers. Ma mère pousse un cri de découragement et j'éclate de rire. Ceux qui me connaissent savent que je suis d’un naturel lunatique et ne seront point étonnés d’apprendre cela. Alors, je prends le temps de mettre mes souliers, me relève, redit au revoir à mes parents ouvre la porte.