Nouveauté :

NOUVEAUTÉ:

Carnet d'un marcheur prend un nouvelle direction.

mardi 30 novembre 2010

Beaumont Jour 1

À 10h20, je quitte mon appartement avec mon sac à dos chargé et parfaitement réajusté, mon bâton et ma casquette. Ayant préféré cette dernière à mon chapeau de feutre puisqu’elle n’encombrera pas les mouvements de ma tête. Je mes aussi en marche mon lecteur Mp3 et la pièce « No ceiling » d’Eddie Vedder résonne à mes oreilles. , je n’ai pas encore franchi mon premier kilomètre qu’une voiture manque me renverser à l’intersection de la rue Soumande et l’avenue du Colisée. Un homme qui attend à l’intersection lui lance un juron et je suis soulagé qu’un automobiliste prenne ma défense.

Je continue donc ma route, un peu frustré, mais les mouvements apaisants de la marche me font vite oublier cet incident. Je me dirige vers le parc Cartier Brébeuf, car mon idée est d’atteindre le Vieux Port en empruntant le Parc linéaire de la Rivière Saint-Charles. Une fois le long de la rivière, je suis content que les automobiles ne puissent pas venir me harceler jusqu’ici.

Le temps est un peu moins clément que lors de ma sortie à l’île. Il fait plus frais, le vent est fort et il y a de gros nuages gris qui arrivent de l’Ouest. Mais cela ne m’inquiète peu car je possède tout l’équipement nécessaire afin d’affronter la pluie. De plus, il est quasi impossible que, lors des quatre jours de marche nécessaires pour se rendre à Trois-Rivières, je ne rencontre que du beau temps.

Une fois le terminal du traversier atteint, j’enlève mon sac car mon épaule gauche commence à me faire mal. Je paie mon billet et attends tranquillement sur un banc. Je n’attends pas longtemps et je suis sur le bateau à 11h30. Une fois à bord, j’en profite pour manger et boire. Tandis que tout le monde se poste à l’arrière du bateau afin d’admirer le vieux Québec, moi je suis à l’avant et je fixe en direction de mon objectif final. À ce moment, je suis confiant que j’y arriverais sans peine. J’arrive de l’autre côté du Fleuve à midi.

Une fois sur la rive sud, je m’engage sur la piste cyclable qui contourne la ville de Lévis en longeant le Fleuve Saint-Laurent. Je marche seulement quelques mètres et je prends la décision d’allonger ma pause au peu plus longtemps. Je m’assois sur une table à l’extérieur. Le vent est de plus en plus froid, tellement que je dois mettre ma veste imperméable en plus de mon gilet chaud que je porte depuis le début.

La première moitié de la traversée de la ville de Lévis ne fut pas des plus agréables. Malgré le fait que la piste cyclable est très belle et que je suis à l’abri des voitures, j’ai soudainement une baisse d’énergie. Mais après une heure de marche, les nuages s’en vont et les muscles de mes jambes se sont à nouveau réchauffés. Les trois derniers kilomètres sur la piste cyclable se passent mieux que les quatre premiers. Lorsque l’odeur de friture de l’usine Fritolay se fait sentir, je sais que la traversée de la ville tire à sa fin. Peu de temps après avoir humé ces vapeurs de croustilles, j’arrive au bout de la piste.

À la fin de la piste cyclable il y a une petite halte, mais étant plein d’énergie je prends la décision de continuer sans m’arrêter. Je croyais que la piste débouchait sur la route 132, mais ce n’est pas le cas. Je dois d’abord emprunter un chemin bordé par quelques champs avant d’atteindre la route principale. J’atteins la 132 en peu de temps et j’aperçois un panneau : Beaumont 15 km. Mais à peine 500 mètres plus loin un autre m’informe que Beaumont se trouve à 8 km.

En empruntant la route 132, je rentre dès lors en milieu rural. Non pas comme sur l’île d’Orléans, mais la campagne québécoise comme je suis habitué de la voir. De grands champs, de l’espace, de vastes zones boisées et ce chaos propre à la nature. Pouvant maintenant voir loin, je suis soudainement frappé par l’immensité qui m’entoure. Je prends alors le temps de regarder les Appalaches au sud, le Fleuve et les Laurentides au nord. Je constate immédiatement que je ne suis qu’un petit être au milieu de forces gargantuesques et antédiluviennes. Mais en sentant les muscles de mes cuisses se contracter à chaque pas, et en voyant le chemin parcouru depuis mon départ, je réalise que ce sont ces forces qui m’on forgé. Que chaque être humain fasse parti à part entière de cette nature à la fois bénéfique et sans pitié est à mon sens quelque chose d’innée.

L’Île d’Orléans étant maintenant parallèle à moi, j’essaie de trouver un autre point de repère pour évaluer ma position. Au loin, les pylônes électriques de couleur rouge et blanc alimentant l’île et la rive sud se dressent devant moi. Ces piliers d’aciers me sont familiers puisqu’on les aperçoit de la fenêtre de la salle à manger de la maison de mes beaux-parents. Ils sont donc un bon point de repère pour moi, parce que je devrais immanquablement passer sous les fils à haute tension peu avant d’arriver à Beaumont.

Je marche donc durant une heure dans ce décor pittoresque. Le terrain est quelque peu accidenté et je dois effectuer quelques montées mais rien de trop éprouvant. Après avoir dépassé la Manoir de Beaumont une douleur au pied gauche me convainc d’arrêter. Je choisis le haut de la côte qui mène au manoir, comme halte. J’espère de cette façon avoir une meilleure vue sur le territoire et peut-être apercevoir le clocher de l’église de Beaumont. Une fois au sommet de la colline, une vue splendide s’offre à moi. Comme je l’avais espéré, j’aperçois un village au bord d’une baie et aussi le clocher d’une église. Pas de doute, c’est le village de Beaumont. Je m’assoie tout simplement sur le bord de la route au pied d’une butte et je prends quelque temps pour admirer la vue.

Il est alors 14h45, cela fait plus de quatre heures que je suis parti et je suis face à ma destination. Je suis content de voir que je me porte bien mis à part quelques douleurs bénignes ici et là que je juge normal. Je repars vers 15h et commence ma descente dans la baie direction Beaumont. Après avoir terminé la descente de la colline je tourne sur le chemin du Domaine qui mène au cœur du village.

Le village de Beaumont est sans doute l’un des plus beaux villages du Québec. Les villageois ont su préserver l’authenticité des anciens villages québécois. Comme en témoigne son église datant du XVIIe siècle ainsi que ses croix de chemin. C’est dans ce vestige de l’époque colonial que je termine ma marche. Une fois devant la maison de mes beaux-parents, je cogne à la porte et suis accueilli chaleureusement

vendredi 26 novembre 2010

Entre deux tests

Peu après l’expérience de l’île d’Orléans, ma blonde me quitte pour sa formation à Rivière-du-Loup. Je suis aussi très assidu en ce qui concerne l’entraînement que je me suis imposé. Mes capacités physiques s’améliorent peu à peu. Par contre, la planification et la préparation du voyage à Trois-Rivières occupent la majorité de mes pensées.

Je dois trouver un nouvel itinéraire de 30 km à parcourir afin d’acquérir plus d’expérience. L’idée de faire une boucle de 30 km à l’intérieur de la ville de Québec ne m’enchante guère. Le souvenir des émotions ressentit à Beauport ne m’incite aucunement à tenter une expérience uniquement urbaine. Mais, 30 km en parcours linéaire implique le fait de passer la nuit à l’extérieur de chez moi. Je dois donc choisir une destination où je pourrais passer la nuit sans ennui. Mes beaux parents habitent le village de Beaumont. Village situé à 25 km de chez moi. Je juge que cette destination serait parfaite pour un nouveau test. J’en parle premièrement à ma blonde qui m’assure que ses parents seraient ravis de m’héberger pour une nuit. Je dois, par contre, trouver une occasion de leur parler de ce projet.

Avant de repartir une nouvelle fois, je suis conscient que je dois réviser l’ajustement de mon sac à dos. Jeudi le 28 mai 2009, je refais mon paquetage. Je vais ensuite sur le site Internet de Deuter, qui est la marque de mon sac. Je m’informe de la procédure à suivre afin que le sac soit bien ajusté. Après consultation du manuel en ligne, je constate que j’avais en effet négligé certains éléments. Une fois les corrections apportées, je suis très content du résultat et confiant que cette fois, la marche ira beaucoup mieux.

Cette même journée, je demande mes congés à la gérante de la librairie, et on s’entend pour que je puisse partir en vacance du 28 juin au 3 juillet 2009. Ensuite, je révise une fois encore l’itinéraire à emprunter pour me rendre à Trois-Rivières. Il y a quelque chose qui cloche depuis le début. Entre Sainte-Anne-de-la-Pérade et le centre ville de Trois-Rivières il y a 40 km à parcourir. Me rappelant l’expérience de l’île d’Orléans, je n’ai aucune envie de parcourir une distance comparable à un aller-retour entre chez moi et Sainte-Pétronille et ce, malgré les ajustements apportés à mon sac. Je regarde s’il y a un endroit où passer la nuit se trouvant avant le centre-ville. Le Sanctuaire Notre Dame du Cap est un lieu de pèlerinage que nous avons visité lors d’un voyage pédagogique l’autonome passé. Il se trouve à environ 10 km à l’est du centre-ville de Trois-Rivières. Qui dit pèlerinage dit marcheur. Je trouve sur Internet le numéro du Sanctuaire et demande s’il y a de l’hébergement sur le site. L’Hôtel de la Madone, accueille les pèlerins se rendant au Sanctuaire et ses prix sont comparables à ceux de l’auberge de jeunesse de Trois-Rivières. Je réserve immédiatement une place pour le 1er juillet 2009.

L’occasion de rencontrer mes beaux-parents se présente Dimanche 31 mai. Après le travail, ma blonde et moi nous nous dirigeons donc vers Beaumont en voiture. Le souper ainsi que le reste de la soirée se déroule bien, mais j’hésite à demander l’hospitalité à mes beaux-parents. En fait, depuis que j’ai eu l’idée de marcher jusqu’à Trois-Rivières, je suis réticent de parler de ce projet aux gens de mon entourage. La raison est que j’ai peur du jugement. Peur que les gens en qui je fais confiance dénigre mon idée ou me trouve totalement cinglé. La peur aussi que certains d’entre eux essaient de me convaincre d’abandonner. À la fin de la soirée, je décide de parler de mon projet à mes beaux-parents. À ma grande satisfaction, ils sont très ouverts à l’idée et sont prêts à me recevoir le mardi suivant.

Le lundi soir suivant je prépare mon paquetage, en apportant certaines modifications dans le choix de l’équipement ainsi que sa disposition à l’intérieur de mon sac. Ensuite, je prépare un dossier de musique pour mon lecteur Mp3. Ce soir là, je me couche de bonne heure car je veux partir tôt le lendemain matin. Mais juste avant d’aller au lit je laisse sortir Sushi, mon chat, comme à chaque soir.

jeudi 4 novembre 2010

L'Île d'orléans: Partie 2



Je pose mon sac et je m’assoie quelques minutes. Une fois la pause terminée, je me relève et soudain une douleur se fait sentir au niveau de mes hanches. J’ignore ce détail puisque de toute façon, j’ai fait la plus grande partie du chemin et que je me sens tout de même reposé.

Après quelque pas, mes muscles se réchauffent et la douleur aux hanches disparaît. Ensuite, je m’engage directement sur le boulevard afin d’atteindre le pont, qui j’espère, aura un espace pour piétons. La traversé de l’échangeur est un peu hasardeuse mais je me rends tout de même sans problème à l’entrée du pont où j’aperçois un trottoir de chaque côté. Il est plutôt ironique que le pont possède un trottoir mais qu’il y en a aucun qui permet d’y accéder de la rive.

J’entame donc la traversé du pont. Malgré que je sois bien content d’être sur un espace réservé aux marcheurs, les voitures et surtout les camions qui passent à toute vitesse à même pas un mètre de moi commence royalement à me taper sur les nerfs. Mais ce que je réaliserais plus tard, c’est qu’il est presque 16h et que le retour à la maison des banlieusards est en cours. Le pont étant le seul accès à l’île, tout le trafic converge sur cette artère. Après un bon moment, je parviens à atteindre la rive nord de l’île

Je suis alors soulager de quitter l’étroit trottoir du pont et je prends la peine de saisir une photo de la rive que je viens de quitter. Je passe ensuite devant le panneau souhaitant la bienvenue à Saint-Pierre. Néanmoins, il me reste la côte à monter et ce n’est qu’arrivé en haut que le trafic se dilue dans différentes directions. Je me concentre sur la montés et après quelque temps, je finis par arriver, assoiffé, en haut. Je m’arrête un peu pour boire dans le stationnement du kiosque d’information touristique de l’Île d’Orléans.

Je prends seulement quelques minutes de repos avant de repartir, sachant que le pire est derrière moi. À partir de ce moment, la marche devient beaucoup plus agréable. Le décor bucolique qui m’entoure m’aide à garder le moral malgré des douleurs aux hanches qui deviennent de plus en plus intenses.

Une fois le panneau souhaitant la bienvenue à Sainte-Pétronille dépassé, je sais que j’arrive bientôt à destination. Soudain, un homme dans une camionnette bleue s’arrête et me demande si j’ai un endroit où passer la nuit. Il m’a vu à Beauport et s’inquiète un peu de mon sort. Il me dit qu’à Sainte-Famille, une dame accueille des voyageurs itinérants pour la nuit. Je le remercie et lui dis que j’ai un endroit où passer la nuit et que je suis presque rendu.

J’entends la musique qui joue et les rires des gens. J’entends une voix s’exclamer « tiens voilà le marcheur ». Je reconnais parmi elles des collègues de classe ainsi Que d’autres que je ne connais pas.

Ensuite je commence à monter ma tente, ce qui me prend peu de temps, grâce à la qualité de cette dernière. Ensuite, je m’assoie confortablement sur une chaise d’extérieur et je me repose. Une espèce de sensation de contemplation s’empare de moi, je suis soudainement extrêmement bien. J’écoute sans rien dire les conversations, n’ayant aucune opinion sur rien. Ensuite mon corps commence tranquillement à se refroidir et la fatigue musculaire se fait sentir, mais ce n’est rien de grave.

C’est moi qui suis honoré de la responsabilité du BBQ. Je passe donc quelque temps à nourrir cet assemblé. Le reste de la soirée se passe bien. Je décide par contre de me mettre un peu à part des autres car un sentiment étrange s’est emparé de moi. Je saurais qu’est exactement cet état d’âme qu’après le voyage à Trois-Rivières. Je reste donc en retrait avec ma couverture de laine sur les épaules et tolérant peu de gens près de moi. Je parle seulement à mes amis les plus proches.

Vers 23h00, Judith et moi décidons de rentrer à la maison. Puisque nous sommes déjà fatigués, il nous serait impossible de dormir à l’intérieur de ma tente au milieu de la fête. C’est en descendant la côte de l’île que je vois un trottoir du côté opposé à celui ou j’ai effectué mon ascension. Je ne l’avais tout simplement pas vu. Moi qui a monté tout ça dans la « garnotte ».

Le lendemain matin, la douleur aux hanches est toujours présente. Elles sont toutes rouges et la peau a été brûlée par la ceinture du sac. Jusqu’alors, je pensais que c’était mes muscles qui n’étaient pas assez puissants pour soutenir le poids du sac. Je parle de ceci à quelques personnes dans les jours qui suivent et ils me conseillent de réviser l’ajustement de mon sac. Selon eux, la ceinture de taille de celui-ci serait trop haute.

Les jours qui suivent le voyage à l’île d’Orléans, je suis grandement préoccupé par la fatigue éprouvée durant le trajet et l’état de mes hanches. Comment vais-je faire pour parcourir 4 fois 30 km dans ses conditions. Je doute alors de ma capacité à me rendre à Trois-Rivières. La nécessité de refaire un autre parcours de pratique, devient alors indispensable.