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Carnet d'un marcheur prend un nouvelle direction.

dimanche 6 novembre 2011

Jour 4 : 30 mai 2010 : Des émotions à l'Isle-Verte

PARTIE 4


Je suis allongé sur mon matelas de sol, il est environ 15h00, le Nordet fait vibrer les parois de ma tente et je ne vais pas bien. La perte de ma caméra m’attriste beaucoup, car tous les souvenirs qu’elle contenait se sont envolés. Mon carnet contiendra dorénavant les seules traces de cette aventure. Si jamais je le perds ou qu’il est endommagé durant le voyage, seule ma mémoire pourra relater ce qui s’est passé durant cette expérience. Je n’ai pas pu rejoindre ma blonde. Je lui ai laissé un message. Mes pieds me font mal et les diachylons contre les ampoules se détruisent sous mes orteils. La mélancolie est revenue et la gorge me serre de temps à autre. Heureusement j’ai pu prendre une douche et les gens du camping sont très aimables et m’ont accueilli à bras ouverts. La dame m’a souhaité bonne route et j’ai grandement apprécié. Le souhait d’une bonne route ne veut plus dire la même chose maintenant.

            C’est là allongé dans ma tente au village de l’Isle-Verte que j’ai soudain une pensée pour ma Grand-mère décédée en 1998. Elle adorait me raconter des histoires et j’adorais tout autant les écouter. Elle puisait généralement son inspiration du temps de sa jeunesse. Ayant vécu une longue vie, ses histoires se déroulaient souvent avant la guerre. Époque où l’environnement dans lequel les gens vivaient était bien différent du nôtre. Je me rappel lorsqu’elle, assise dans sa berçante, me racontait la vie durant son enfance. Je repense à quel point son quotidien, à cette époque, était dure en comparaison au mien. Elle vivait, avec sa famille, dans une maison sans électricité ni eau courante et devaient produire eux-mêmes la majorité de leur nourriture. Son père qui partait au chantier avec quelques-uns de ses frères. Ils passaient de novembre à avril à bûcher dans le bois sans l’aide de moteur. Le travail colossal de récolter le bois devait se faire qu’avec la force humaine et animal. En me remémorant les histoires de ma Grand-mère, j’ai soudain honte de moi. Je me dis que je fais honte à cette lignée de défricheurs et de bâtisseurs. Nous ne sommes que des nains en comparaison de nos ancêtres. Je suis là, allonger dans ma tente de nylon qui pèse à peine 3 kg à me lamenter et à vouloir tout abandonner. J’ai avec moi des vêtements en tissus synthétiques, un sac ajustable, un matelas de sol gonflable et une foule d’équipement de pointe et je n’en peux plus qu’après 4 jours de marche.

            Soudain une pensée me traverse l’esprit à la vitesse le l’éclair et efface tous les doutes et me redonne courage. Ces gens qui vécurent à cette époque, qui endurèrent ce mode de vie et qui construisirent ce pays, sont mes ancêtres et leur sang coule dans mes veines. Leur force est donc en moi. Certes endormi, caché sous des couches d’oisivetés, d’abondances et d’opulences. Cependant, cette force qui leur servit à bâtir notre pays ou bien peu de gens ont faim, soif ou froid, ils me l’ont légué. Demain, je me réveillerai en oubliant ma douleur aux pieds, que j’ai froid ou faim. Demain matin, je ferai fis de tous ces petits désagréments et je continuerai ma route à pied.    

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