Nouveauté :

NOUVEAUTÉ:

Carnet d'un marcheur prend un nouvelle direction.

samedi 12 novembre 2011

Jour 5 : 1 juin 2010 : Enfer de Vannes


J’ouvre les yeux et à l’éclairage qu’il fait je sais qu’il est temps de me lever. Encore une fois, j’ai l’impression d’avoir dormi dans un réfrigérateur. J’ai un mal de tête carabiné et mes voies respiratoires sont obstruées. Le mal de tête est probablement du au fait que je n’ai rien mangé depuis hier midi. Vers 18h30, hier soir j’ai eu des nausées qui m’ont empêché d’avaler ne serait-ce qu’une canneberge déshydratée. « Bon aller bottes-toi le derrière Marc-André aujourd’hui l’on se rend à Rivière-du-Loup.

            Je sors de mon sac de couchage et j’enfile mes vêtements le plus vite possible. Une coup d’œil à mon cadran m’annonce qu’il est 4h20. Je pourrais rester coucher un moment encore mais, le froid rend ma situation très inconfortable. Immédiatement hors de la tente je commence à démonter mon campement, tout en essayant d’ignorer les coups de marteau qui résonnent dans mon crâne. Une fois le campement bien rangé dans mon sac, je sors mon déjeuner.

            Au menu ce matin, canne de thon et petit pain de seigle. Pas de lait Ensure car, j’ai bu le dernier hier matin. Mon estomac à de la difficulté à accueillir cette nourriture et les nausées refont soudainement surface. Je me force à garder cette nourriture en moi car vomir équivaudrait à percer le réservoir d’essence d’une voiture. Je prends de grande respiration et les nausées disparaissent. Parfait je peux reprendre la marche.

            Deux options s’offrent à moi afin de me rendre à Rivière-du-Loup. La plus courte serait de passer par Saint-Arsène en suivant un petit chemin de campagne qui se nomme à L’Isle-Vert le chemin du Coteau du Tuf. Le désavantage de cette route est que, bien qu’elle soit plus directe, je doute que je trouve une pharmacie en l’empruntant. La deuxième option est de suivre la Route #132 et passer par Cacouna. Ce chemin est plus long mais,  je sais qu’il y a une pharmacie et une épicerie à Cacouna. Je commence à être à court de provisions et je n’ai plus de diachylons pour mes ampoules. Je décide donc d’y aller avec l’option la plus sage et de passer par Cacouna. Mon itinéraire premier était de passer par St-Arsène seulement, je ne m’étais pas méfier du fait que j’arriverai à L’Isle-Verte un dimanche et que tout serai fermé.

            Il est environ 5h45 lorsque je m’engage sur la route. Au début tout va bien, mon estomac a fini par bien accueillir mon déjeuner et les nutriments me redonnent des forces. Après environ une heure de marche je commence à trouver que le nombre de camions qui passent sur la route un peu gênant. Nous sommes lundi et je crois que le trafic routier est à son maximum. Vers 7h30 la situation est vraiment désagréable. Les camions se succèdent un après l’autre. J’ai à peine le temps d’essuyer la poussière de mes yeux qu’un autre camion passe sur la route refaisant relever la poussière. À tous les deux minutes je reçois le contre coup d’un camion ce qui me vaut une forte bourrasque de vent à chaque fois. La plupart des camionneurs sont courtois et prennent la peine, lorsqu’ils le peuvent de s’éloigner un peu afin de me laisser une petite chance. Ajouter à cela un Nordet glacial d’un côté et un soleil chaud de l’autre. Je ne sais même plus si j’ai chaud ou froid.

            Malgré les désagréments qu’occasionnent le grand nombre de camions et la température étrange je ne me décourage pas. Je sais que la jonction de l’Autoroute #20 et de la Route #132 est proche et qu’une fois avoir atteint ce point le trafic sera dévié sur l’Autoroute. Après plus ou moins deux heures de marche j’aperçois au loin les deux stations service et la crémerie Ali baba, signe que l’Autoroute se trouve tout près. À ce moment, bien que je sois très fatigué je deviens presqu’euphorique et j’oublie tout mes petits problèmes car, je sais que dans environ 20 minutes ma situation s’améliora.

dimanche 6 novembre 2011

Jour 4 : 30 mai 2010 : Des émotions à l'Isle-Verte

PARTIE 4


Je suis allongé sur mon matelas de sol, il est environ 15h00, le Nordet fait vibrer les parois de ma tente et je ne vais pas bien. La perte de ma caméra m’attriste beaucoup, car tous les souvenirs qu’elle contenait se sont envolés. Mon carnet contiendra dorénavant les seules traces de cette aventure. Si jamais je le perds ou qu’il est endommagé durant le voyage, seule ma mémoire pourra relater ce qui s’est passé durant cette expérience. Je n’ai pas pu rejoindre ma blonde. Je lui ai laissé un message. Mes pieds me font mal et les diachylons contre les ampoules se détruisent sous mes orteils. La mélancolie est revenue et la gorge me serre de temps à autre. Heureusement j’ai pu prendre une douche et les gens du camping sont très aimables et m’ont accueilli à bras ouverts. La dame m’a souhaité bonne route et j’ai grandement apprécié. Le souhait d’une bonne route ne veut plus dire la même chose maintenant.

            C’est là allongé dans ma tente au village de l’Isle-Verte que j’ai soudain une pensée pour ma Grand-mère décédée en 1998. Elle adorait me raconter des histoires et j’adorais tout autant les écouter. Elle puisait généralement son inspiration du temps de sa jeunesse. Ayant vécu une longue vie, ses histoires se déroulaient souvent avant la guerre. Époque où l’environnement dans lequel les gens vivaient était bien différent du nôtre. Je me rappel lorsqu’elle, assise dans sa berçante, me racontait la vie durant son enfance. Je repense à quel point son quotidien, à cette époque, était dure en comparaison au mien. Elle vivait, avec sa famille, dans une maison sans électricité ni eau courante et devaient produire eux-mêmes la majorité de leur nourriture. Son père qui partait au chantier avec quelques-uns de ses frères. Ils passaient de novembre à avril à bûcher dans le bois sans l’aide de moteur. Le travail colossal de récolter le bois devait se faire qu’avec la force humaine et animal. En me remémorant les histoires de ma Grand-mère, j’ai soudain honte de moi. Je me dis que je fais honte à cette lignée de défricheurs et de bâtisseurs. Nous ne sommes que des nains en comparaison de nos ancêtres. Je suis là, allonger dans ma tente de nylon qui pèse à peine 3 kg à me lamenter et à vouloir tout abandonner. J’ai avec moi des vêtements en tissus synthétiques, un sac ajustable, un matelas de sol gonflable et une foule d’équipement de pointe et je n’en peux plus qu’après 4 jours de marche.

            Soudain une pensée me traverse l’esprit à la vitesse le l’éclair et efface tous les doutes et me redonne courage. Ces gens qui vécurent à cette époque, qui endurèrent ce mode de vie et qui construisirent ce pays, sont mes ancêtres et leur sang coule dans mes veines. Leur force est donc en moi. Certes endormi, caché sous des couches d’oisivetés, d’abondances et d’opulences. Cependant, cette force qui leur servit à bâtir notre pays ou bien peu de gens ont faim, soif ou froid, ils me l’ont légué. Demain, je me réveillerai en oubliant ma douleur aux pieds, que j’ai froid ou faim. Demain matin, je ferai fis de tous ces petits désagréments et je continuerai ma route à pied.