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Carnet d'un marcheur prend un nouvelle direction.

vendredi 24 juin 2011

28 Mai 2010

PARTIE 3 : BELLE RENCONTRE À SAINT-SIMON


M. Choinière, le propriétaire du Gîte « Chez Choinière » possède un immense terrain à environ trois kilomètres à l’ouest du village de St-Simon. Sa propriété est le site d’une ancienne ferme et va de la Route #132 au-delà de la colline jusqu’au fleuve. Sur la rive du St-Laurent, il possède un chalet qui, il y a 16 ans, au moment où il a acheté le terrain, n’était pas si près de la berge qu’il l’est aujourd’hui. Malheureusement, l’érosion des berges à fait perde plusieurs pieds de terrain à M. Choinière. La maison principale, qui sert de gîte aux voyageurs, est une maison centenaire à trois étages. La maison est bien sûr faite de bois, avec une grande cuisine centrale à l’étage. Sur les mures de la cuisine, plusieurs photos et souvenirs sont exposés. Tout près de la maison, se dresse une grange qui sert de garage, un poulailler d’où M. Choinière tire ses œufs et un immense potager où il fait pousser une grande variété de légumes.

Ma chambre, dans laquelle je suis étendu sur le lit à récupérer de cette deuxième journée de marche, se trouve au troisième étage. Après une demi-heure passée couchée sur le lit, je me dis qu’il serait temps que je me bouge un peu les fesses pour aller remercier mon hôte. Je me dresse et j’inspecte tout d’abord mes pieds. J’ai une ampoule sur chacun de mes petits orteils. Je me lève, boîtes durant les quatre premier pas et descend prendre une douche avant d’aller rencontrer mon hôte dans un meilleur état qu’a mon arrivée.

Une fois propre, je descends au rez-de-chaussée, et trouve M. Choinière assis dans ce qui, je crois, devait être la cuisine d’été. Je lui demande si je peux prendre de l’eau et il me dit « Gêne toi pas, la source passe sous la maison et ce qu’on ne boit pas s’en va dans le fleuve ». Nous entamons la conversation, je lui parle de mon projet de marche, il me parle de la région est de ses projets futurs. Il veut construire des yourtes solides inspirées de la technologie utilisée pour fabriquer des toits de silo à grain. Puis ensuite vendre la maison et une partie de son terrain et aller s’installer de façon permanente sur le bord du fleuve. J’apprends aussi qu’il est un, ancien professeur de chimie, adepte de Kayak de mer, de vélo et un amant de la nature. Je comprends vite qu’il est un homme un peu marginal qui à décidé de vivre sa vie de la façon qu’il jugeait la meilleur, et au diable si la masse ne partage pas ses opinions. Lorsqu’il apprend que je me rends à Beaumont, il me donne un message pour le pharmacien de ce village qui est un vieil ami à lui. Je mets le bout de papier dans mon portefeuille et je lui promets de m’acquitter de cette tâche.

En fin d’après-midi il me suggère d’aller visiter sa partie de terrain sur le bord du fleuve. Nous prenons sa voiture, car nous avons quelques kilomètres à parcourir. Durant le trajet il me montre l’entrée du sentier « Le littoral basque ». C’est un tronçon de la route verte et il me dit qu’il me mènera jusqu’à Trois-Pistoles et que ce sera un chemin beaucoup plus agréable que la #132. Rendu au fleuve, il me fait visiter son chalet, construit en cèdre, qui l’été, sert de demeure aux jeunes canadiens-anglais venus en immersion française à Trois-Pistoles. De plus, il me montre les ravages qu’a faits l’érosion des berges dans la région. Son chalet est situé tout juste sur le bord de la grève. Il m’explique qu’il caresse le projet de dévier la section de la route qui lui appartient de quelques pieds pour l’éloigner de la berge et peut-être aussi déplacer le chalet, car, comme il dit « dans 15 à 20 ans j’va m’artrouver dans l’eau ». Il me confie que ses voisins se mettent la tête dans le sable et ignore le danger.

Ensuite nous rentrons à la maison et il me propose de souper avec lui et sa blonde. J’accepte puisque je n’ai que des noix et des fruits déshydratés à manger. Durant la soirée M. Choinière, sa blonde et moi mangeons du spaghetti accompagné de pain que M. Choinière fait lui-même. Je passe une très belle soirée, mes hôtes sont des gens très ouvert d’esprit et intelligents, avec lesquels la discussion est stimulante et intéressante. Quelques phrases dites par M. Choinière mon marqué : « en vélo, le vent, c’est comme la marée, ça sert à rien de combattre ça », ou « durant ton voyage si tu manques d’eau frappe à une porte pour en demander et si quelqu’un refuse dénonce-le. heille! C’est pas l’eau qui manque ici », et parlant de St-Simon « C’est dur pour le tourisme ici parce que c’est un vrai no man’s land ». Ayant marché de St-Fabien jusqu’là je comprends très bien ce qu’il veut dire.

Vers 20h30 je leur annonce que je vais aller dormir, car, je suis très fatigué et que j’ai encore une longue route devant moi. M. Choinière me dit que le déjeuner sera servi demain à 6h00 et il me promet qu’à 6h30 je serai prêt à partir avec les forces nécessaires pour me rendre jusqu'au camping "Les flots bleu sur mer". Je souhaite bonne nuit à mes hôtes et je monte me coucher. Rendu dans ma chambre je jette un petit coup d’œil dehors, le soleil se couche et les oiseaux finissent leurs chants. Je prépare mon sac pour demain, m’allonge sur le lit et m’endors presque aussitôt.

dimanche 12 juin 2011

28 Mai 2010 : Mon corps devra se roder.

Comme bien des commerces le long de la Route 132, je connais le restaurant Bon Voyage que de noms. J’ai passé devant à vive allure des dizaines de fois, mais je n’ai jamais eu besoin de m’y arrêter. Le rythme lent de la marche m’oblige à expérimenter les ressources disponibles sur la route.

Lorsque je rentre dans le restaurant, j’ai déjà marché presque 15 kilomètres, il est présentement 9h et je suis affamé. Une dame m’accueille et m’assigne une place. Les quelques clients ne font pas de cas de mon accoutrement, j’imagine que dans les restaurants sur le bord de la route les clients ont l’habitude de rencontrer toutes sortes de voyageurs. Je commande le déjeuner américain classique, deux œufs, bacon et rôties. En attendant mon assiette, j’en profite pour aller à la salle de bain afin de me laver un peu. Lorsque je reviens, avec une couche de sueur et de chasse moustique en moins sur le visage, mon repas m’attends accompagné d’un café encore fumant. Je m’assois, attaque le déjeuner qui se trouve devant moi. À ce moment précis, entre une bouchée d’œufs et de rôties au beurre d’arachide, j’éprouve un avantage de voyager à pied. Pour moi, ce restaurant de St-Fabien devient d’un grand luxe, la nourriture est excellente et j’éprouve un bien-être que seul le répit après un important effort physique peut apporter.

Une fois mon assiette terminés, je règle la note, empoigne mon sac et mon bâton et sors. J’éprouve une raideur dans les jambes, mais je sais qu’elles se réchaufferont et que ce malaise se dissipera bientôt. Après quelques centaines de mètres, je passe devant le Camping Bic-Saint-Fabien. Encore une fois je connais sont existence, mais le fait d’avancer à 5 Km/h m’apprends, est qu’il est jumelé avec un bureau d’information touristique. N’ayant aucune idée où camper ce soir à St-Simon, je décide de m’y arrêter pour collecter de l’information.

Je m’approche de l’édifice d’accueil, un signe improvisé m’invite à passer par la porte arrière. Je contourne donc la bâtisse et trouve l’entrée. Une fois à l’intérieur, je constate qu’on rénove la bâtisse. Un homme en habit de travail m’accueille. Lorsque je lui apprends que j’ai besoin d’information sur les endroits où camper à St-Simon, il me dit qu’il va chercher la responsable du site. Une dame dans la trentaine m’accueille, elle m’explique que le bureau d’information touristique n’est pas encore ouvert, mais qu’elle se fera un plaisir de me donner un coup de main. Selon moi, le fait d’être à pied doit m’attirer un minimum se sympathie. Elle me confirme qu’il n’y a pas de camping à St-Simon, cependant il y a un gîte, l’Auberge Saint-Simon. Par contre, je ne fais pas d’illusion, car, je sais que les propriétaires ont perdu la vie l’hiver dernier sur la banquise en face de Rimouski. Après avoir téléphoné, la dame m’annonce que l’auberge est fermée pour l’été. Elle m’invite à camper à St-Fabien. Pour moi pas question de m’arrêter ici. Je lui parle du gîte Chez Choinière. Elle ne le connaît pas, mais je sais qu’il existe puisqu’il est sur ma liste des commerces présents le long de mon itinéraire. Je lui donne le numéro de téléphone et elle appel au gîte. Après une brève conversation avec le propriétaire, elle me tend le téléphone.

- Bonjour M. Sauvé, vous voulez passer la nuit à St-Simon, pas de problème j’ai une chambre pour vous. Dans une maison centenaire, c’est calme vous pouvez empruntez des vélos, vous avez votre propre toilette. Je vous propose 58$ pour la nuit et le déjeuner.

- OK, ça me va.

- Vous serez ici dans une vingtaine de minutes alors.

- Je ne croirais pas, je suis à pied.

- Vous êtes courageux, on oublie les vélos à votre arrivée donc. Je suis à trois kilomètres à l’ouest du village et Saint-Fabien se trouve à 14 kilomètres de Saint-Simon, il vous reste donc 17 kilomètres à faire. En combien de temps pensez vous arrivé.

- Dans environ 4 heures.

- C’est bien M. Sauvé, prenez votre temps et soyez prudent. J’ai des courses à faire, s’il n’y a personne à votre arrivée installez vous sur la galerie.

- Merci et à bientôt.

Après avoir raccroché, je discute un peu avec la responsable du camping. Elle aussi a fait des études en tourisme et elle tente maintenant de revitaliser la région. Bien que la discussion soit très intéressante, ces 17 kilomètres ne se feront pas tout seul. Je la remercie de son aide et reprends la route.

À la sortie du village de St-Fabien, je vois le panneau « Saint-Simon 14 Km ». Je sais par expérience que même en voiture cette partie du trajet nous paraît longue. J’ai peu espoir que ce soit mieux à pied.

Je marche sur le bord de la 132, je m’ennuie déjà de la petite route qui longe le fleuve à Saint-Fabien-sur-mer. Le soleil de midi brille au-dessus d’un ciel bleu et le Nordet souffle son air froid du… Nord-est. Résultat, j’ai chaud au ventre et froid dans le dos. Je marche dans une vallée entre deux chaines de collines. Le fleuve à ma droite est caché, tout est vert. Soudain je passe devant cette bâtisse peinte de rayures de couleur qui est maintenant un centre de toilettage pour animaux domestiques. Après quelque temps, j’aperçois au loin une petite forme que je reconnais, un clocher. Ce ne peut qu’être celui de Saint-Simon. Je marche encore, mon corps n’est pas encore rodé et je suis épuisé. Je m’arrête sur le bord du chemin de fer, un train passe. Je marche encore, le clocher ne grandit pas. Encore une pause, je ressens une brûlure sous un pied et je sais ce que c’est. J’enlève mes souliers et une belle ampoule me regarde. Je sors ma trousse de premiers soins et applique un sparadrap. On continue, « BORDEL! Je rêve ou quoi j’ai l’impression que ce foutu clocher recule ». Soudain, le Pétro Canada, je ne m’arrête pas tant et aussi longtemps que je n’y suis pas. Enfin j’entre dans la zone de 50 km/h les voitures me harcèlent un peu moins, quelques minutes plus tard, je m’écroule près de la station-service.

Je suis assis, adossé à mon sac sous le soleil. Il y a des travaux routiers, plusieurs camions passent et me balance un nuage de poussière à la figure. Je ne peux pas rester là pour toujours. De plus, mes muscles se refroidiront et il me sera encore plus difficile de repartir. Je me lève, immédiatement mon ampoule me rappelle qu’elle est là, et je reprends ma route. Je traverse le village, arrive à l’endroit où la limite de vitesse augmente à 90 km/h. Je ne m’arrêterai plus. « Aller merde 3 km tu fais ça les deux doigts dans le nez. » Finalement, je vois la vieille maison et l’affiche « Chez Choinière »

J’approche de la demeure et je vois un homme dans la remise. Je le salue afin de l’avertir de ma présence. Il se retourne et j’aperçois un homme dans la soixantaine avec de longs cheveux blancs ramené en queue de cheval, habillé pour les travaux extérieurs. Nous échangeons des politesses. Ensuite il entame une conversation et j’essaie de répondre de façon la plus courtoise, cependant je pense qu’à une chose, me débarrasser de mon sac.

- Tu dois avoir hâte d’enlever ça, viens je vais te montrer ta chambre.

Nous rentrons dans la maison, à ce moment, je ne porte aucune attention à l’intérieur de la maison. Nous montons à l’étage et M. Choinière me montre ma chambre.

- Voilà, installe-toi, prends le temps qu’il te faut, je serais en bas. Ne te gêne pas si tu as besoin de quoi que ce soit.

J’enlève enfin mon sac et m’effondre sur le lit.