À mon réveil, le chant des oiseaux et l’éclairage bleuté qui règne dans ma tente m’indiquent que le soleil est sur le point de se lever. Je consulte mon cadran, il est 4 h 45. Je sors de mon sac de couchage avec difficulté, car, à l’extérieure la température doit être d’environ 5 à 6 degrés. Immédiatement sortie de ma tente, j’entame les quelques tâches qui consisteront ma routine matinale durant mon trajet. Mon empressement n’est pas en raison d’un manque de temps, mais j’espère qu’en me dépêchant je pourrais ainsi me réchauffer. Je commence par démonter ma tente, ce qui me prend un certain temps puisque je suis habitué à la démonter à deux. Ensuite, je déjeune avec une canne de thon, un petit pain de seigle et d’une délicieuse bouteille de lait Ensure. Une fois mes tâches matinales terminées, j’empoigne mon sac et mon bâton et je pars. Ce soir, je passerai la nuit à Saint-Simon.
Je marche quelque temps pour quitter le camping, et cette fois-ci, au lieu d’emprunter le sentier pédestre je choisis la piste cyclable. Aujourd’hui, pas question de quitter la portion ouest du parc par la voie piétonnière. Car, cela voudrait dire de monter le Pic Champlain par le versant est et de le redescendre du côté ouest juste avant de me taper une marche de plus de vingt kilomètres pour atteindre Saint-Simon. Je sais très bien que la vue, une fois en haut, y est magnifique. Cependant, j’ai déjà monté plusieurs fois le Pic Champlain. De plus, la description dans le Journal du parc de la piste cyclable la coulée, qui me mènera à la sortie du parc va comme suit. « La coulée offre un des plus beaux panoramas du parc : la majesté du Pic Champlain qui domine la portion ouest de ce parcours. » Alors côté paysage, je crois que je n’aurai pas à me plaindre.
J’atteins la piste cyclable, je suis heureux, car je dois longer le fleuve avant de m’engouffrer dans la forêt. Après quelques minutes je reçois un message de mes jambes. Une certaine raideur des mollets accompagnés d’une légère douleur aux hanches qui se traduit comme suit : « Oui Marc-André ici tes jambes, serais-tu en train de commencer une autre journée de marche avec 36 livres sur les épaules. Parce que nous n’aimons pas vraiment ça et nous tenions à te le faire savoir.» Bien j’ai des petites nouvelles pour vous les jambes, vous avez intérêt à vous y faire parce que nous avons encore au moins 10 jours de marche devant nous.
Heureusement, après une quinzaine de minutes, mes muscles de réchauffent, mes jambes se font à l’idée et ces légers désagréments disparaissent. Une fois dans la forêt, les moustiques me sautent dessus comme une bande de jeunes femmes en peine d’amour sur le comptoir à crème glacée d’un super marché. Il fallait s’y attendre, les moustiques sont particulièrement voraces tôt le matin. Je m’arrête un moment, m’asperge d’huile à mouche et continue mon chemin. Cette portion de la piste cyclable est très agréable, particulièrement à cette heure. Moustique à part bien sûr. Tout y est très calme, je ne rencontre aucun cycliste et il est vrai que le panorama y est très beau.
Je mets un peu moins de deux heures à atteindre la limite ouest du Parc du Bic pour ensuite pénétrer dans le secteur de Saint-Fabien-su-Mer. Je quitte l’ombre des arbres et un sentier de gravier pour fouler le bitume, sous un soleil radieux et sous ce vent d’est qui semble ne jamais vouloir se calmer. Je traverse une longue route sinueuse qui longe le fleuve où se trouvent de nombreux chalets. Une sorte de petit quartier de résidences secondaires. Je rencontre quelques messieurs qui me saluent au passage et je prends le temps d’admirer le paysage tout en marchant.
Après avoir parcouru la grande majorité du territoire de Saint-Fabien-sur-Mer, je dois maintenant faire face à l’inévitable. Bien que j’aie évité l’ascension du Pic Champlain, je dois maintenant rejoindre la 132 qui se situe entre deux falaises. Cela se traduit par monter la falaise qui longe le fleuve, au pied de laquelle se trouve la route que je suis. Je commence donc l’ascension de cette côte. Après quelques minutes mon cœur accélère, mon souffle s’intensifie et la sueur trempe mon chandail. Bien que je sois un bon marcheur, mon corps n’est pas encore adapté au poids supplémentaire que représente mon sac. C’est pourquoi je monte à un rythme plus lent qu’à mon habitude afin de m’éviter des problèmes. Une fois en haut je m’accorde quelques minutes de pause.
Après ces trois heures de marche, la faim commence à se faire sentir. Cela tombe très bien, car j’approche du restaurant Bon Voyage de Saint-Fabien.